3. adieu élèves et professeurs

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après cette crise d'anxiété, j'ai dû afficher mon plus beau masque. les larmes séchées, le maquillage retouché, j'étais prête à partir chez ma tante qui s'était offerte à me coiffer. Marie-Johanna avait déjà été coiffeuse il y a de cela une vingtaine d'années et pour être honnête, j'ai toujours été très mauvaise pour me coiffer. elle avait eu un peu de difficultés, mais le résultat n'était pas horrible. j'arrivais à l'école où qu'il nous donne une toge et l'habillement nécessaire. c'était dans une petite salle que la graduation allait se passer. nous pouvions inviter que seulement deux membres de nos familles, donc j'avais prioriser ma mère et ma soeur Patricia. mais on avait annoncé quelques jours auparavant qu'il était possible d'inviter un autre membre, donc mon choix fut mon père malgré l'incident arrivé à peine deux heures auparavant.

mon plus beau masque au visage, fournit d'un faux sourire, je marchais avec mes amis vers la salle. j'avais enfilé des talons trop petits, ce qui m'a littéralement détruit les pieds. j'essayais d'ignorer cette douleur physique, puisqu'à l'intérieur, j'avais déjà très mal. je n'avais pas reparlé à mes meilleurs amis depuis plusieurs semaines. j'avais besoin d'eux si terriblement. j'étais en train de m'éteindre, petit à petit. mais je devais rester forte jusqu'à l'obtention de ce foutu bout de papier qui me servait de diplôme. je m'étais jurée de vivre pour ma mère et ma soeur, je leur devais déjà ça.

« Érika Montgomery. » j'étais si nerveuse d'entendre mon nom, de devoir monter sur la petite scène de la salle. une chanson – dont je n'avais pas choisi – jouait dans les enceintes. je prit mon courage à deux mains, observant autour de moi mes amis qui me souriaient pour me rassurer. un de mes professeurs lisait un texte sur mon parcours scolaire, ce qui me donnait envie de pleurer. les pieds endoloris, je montais les quatre petites marches en bois et allait rejoindre mon directeur, souriant, le bout de papier en main. la photographe prit quelques photos et je descendis pour me rassoir aux côtés de mes camarades de classe. je regardais mes amis et mes anciens meilleurs amis graduer à leur tour, ainsi que les autres élèves avec qui j'ai pu grandir pendant les années passées.

après quelques mots d'adieux touchants de la part des professeurs et du personnel de l'école, nous allions quitter à l'extérieur. j'ai rarement eu un sentiment d'appartenance, sauf dans mon groupe de musique, mais cette journée spéciale m'avait rattachée à tous ces autres élèves. j'étais si fière de nous, chacun avec un parcours différent, un diplôme en main et un futur à venir.
puis nous allions prendre des photos à l'extérieur. je regardais les gens s'amuser. c'était beau de tous nous voir pour la dernière fois. j'allais prendre quelques photos souvenir avec mes amis, puis le mémorable lancé de chapeaux comme dans les séries américaines. c'était ce qui bouclait pour toujours mes années scolaires.

nous allions rentrer chez nous pour nous changer. je n'avais qu'une heure pour me préparer en robe de bal. je n'étais pas prête de le revoir à nouveau et devoir subir ses fausses excuses. mais au final, mon père ne m'avait même pas adressé la parole. ce qui faisait le plus mal, c'était l'ignorance. le fait qu'il nous ignorait et qu'il ignorait le mal qu'il nous infligeait. donc je l'ai ignoré. j'ai retouché mon maquillage et mes cheveux. j'ai changé mes talons hauts de malheur, qui au passant m'avait coupé la peau et qui m'ont fait saigné. j'ai enfilé des sandales, heureusement que ma robe de princesse était assez longue pour les cacher puisque c'était des « flip flops » quadrillées de Vans. pas du tout appropriées avec ma robe, mais cent fois plus confortables que ces talons.

j'ai rejoignit mes amis au bal. c'était dans une petite bâtisse avec des portes style garage. puisque celles-ci étaient ouvertes, et que les règlements du masque coronavirus étaient encore appliquées, nous n'étions pas obligés de les mettre. heureusement, car c'était déjà nul de s'être maquillé pour la peine de devoir tout gâcher avec ce bout de tissu bleu au visage. nous étions assis sur les tables à discuter, attendant que tout le monde arrive pour les festivités. certains en avaient profité pour faire des arrivées remarquées, ce qui était assez drôle. peu après, nous avons mangé. les groupes d'amis étaient tous ensemble et l'ambiance était magique. j'avais informé à mes amis ce qui était arrivé peu avant la graduation, mais je les avais rassurés en voyant leur airs désolés. ils m'avaient promis que malgré tout, nous allions avoir une soirée mémorable.

mes meilleurs amis apparaissaient à notre table. j'étais un peu triste de les revoir seulement à la dernière journée scolaire, mais c'était mieux que de se dire adieu comme la plupart des autres élèves. j'étais si heureuse de les voir, ne me souvenant plus de la soirée atroce qui m'était arrivée. j'allais tout oublier pour – comme promis – obtenir ce moment mémorable. nous avons mangé du dessert, ayant une photo de nous au début de l'année en effigie sur le gâteau. c'était assez touchant de tous nous voir, bébé graduants, maintenant adultes. nous avons passé le reste de la soirée de bal à danser sur le dance floor grace au dj. certains élèves faisaient des demandes spéciales, j'adorais les voir choisir des chansons qui nous rappelaient de nos dernières années passées ensemble.

vers 23 heures fut la fin de la cérémonie. les gens remballaient les objets et nous quittions pour aller à la fête d'après-bal. j'avais apporté un peu d'alcool et des vêtements pour le lendemain. j'avais caché ma robe dans le coffre de la voiture de mon meilleur ami et troqué celle-ci pour des vêtements plus chauds. au fond de moi, j'avais encore très mal. mal d'avoir lu le texto que mon père m'avait envoyé pendant le dîner, une fausse excuse écrite de mauvais goût. mais j'essayais d'oublier à nouveau, de nouveau réunie avec mes meilleurs amis et mes amis. nous avons passé la soirée à jouer à des jeux et à boire de l'alcool. c'était agréable et l'alcool me faisait flotter sur un petit nuage. tout le monde était enjoué, je parlais avec des gens à qui je ne parlais presque jamais. toute cette année de malheur était enfin oubliée dans cette fête qui m'a fait sentir vivante pour la première fois depuis plusieurs mois.

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