10 décembre 1999, Mary.

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Chèr.e.s ami.e.s,
J'ai toujours su qu'un jour, je reprendrai ma plume pour vous écrire, comme j'aimais le faire dans le temps. Mais ce n'était jamais le bon moment, la bonne chose à faire, jusqu'à aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, on est le 10 Décembre 1999, et j'ai 40 ans. Pourtant, pour moi, ça n'a plus aucun sens et depuis longtemps déjà. Après tout, qu'est-ce qu'un anniversaire sans vous ? A quoi sert un anniversaire si vous n'êtes pas là pour me le crier toute la journée dans les oreilles ? Alors, tout ce qu'il me reste à faire, encore une année, c'est imaginer. T'imaginer toi, Marlène et ton sourire, t'imaginer toi, Lily et ton regard vert pétillant, t'imaginer toi, Dorcas et ton joli rire contagieux et vous imaginez vous, James qui me prendrait par les mains pour me faire danser, Remus qui ferait encore une fois de son mieux pour me voir heureuse et Sirius qui demanderait toute la journée s'il y aura une fête. Fêter. Je ne peux fêter sans vous, car la seule personne que je n'ai pas mentionné s'est débrouillée pour tous vous destiner à la mort. Bien sûr, j'entends déjà Remus me dire que l'on est tous, d'une façon ou d'une autre, destiné à la mort, mais pas aussi prématurément. C'était trop tôt, à part Sirius et Remus qui avait 36 et 38 ans, ce qui est encore jeune, vous aviez tous 21 ans. Vous n'y étiez pas destinés, c'était bien trop tôt, vous aviez de belles vies qui s'offraient à vous, des enfants à aimer, des histoires d'amour à continuer, des blessures à panser, des rires à ajouter, des fêtes à fêter. Vous aviez encore la vie à vivre, et moi aussi. Pourtant, sans vous je ne peux la vivre, je vous vois partout dans toutes les choses que je fais, dans toutes les phrases que je prononce, dans chaque secondes qui passent. Je suis juste fatiguée, mais je continue d'avancer, pour vous, c'est ce que vous auriez voulu. Je n'ai pourtant que 40 ans, j'ai l'impression d'en avoir 80. C'est bizarre, mais en même temps pas tant que cela. Dit-on que les cœurs brisés ont tendance à vieillir plus vite, je suppose que c'est la vérité. Saviez-vous que je l'aimais, lui, je lui aurais donné ma vie s'il la demandait, heureusement que je ne la lui ai jamais donnée. Parce que je vous aimais vous aussi et il a brisé ce million de phrases que j'avais encore à vous dire. Et comme les moldus le disent souvent, 'aussi grand a été l'amour, plus grande encore sera la haine.' Est-ce étonnant que je le haïsse ? Je ne suis pas sûre. Quoi qu'il en soit, je suis allée sur sa tombe à la fin de la guerre, car oui, bien que vous devez déjà le savoir, l'ordre du phénix à gagner la guerre, du moins, avec beaucoup de perte. J'y suis allée et j'ai pleuré, j'ai pleuré pour la première fois depuis longtemps. Je n'ai pas pleuré sa perte croyez-moi, j'ai pleuré la perte de la personne que j'ai cru qu'il eût été et j'ai pleuré les pertes qu'il a causé. A cause de lui, je suis seule, à cette table, écrivant une lettre qui restera ici dans l'espoir que vous puissiez la lire dans l'au-delà. C'est peut-être égoïste de ma part de penser à moi, pourtant vous n'êtes plus là, il n'y a qu'à moi à qui je peux penser, physiquement parlant. Pourtant, croyez-moi, je donnerai ma vie s'il le fallait pour que vous puissiez vivre. Parce qu'au fond c'est ça, sans vous, je ne vis plus, je ne suis même pas la moitié de moi-même car vous étiez plus que cette moitié. Enfin bref...
Si vous saviez à quel point j'aimerais vous raconter les choses que je vois, les rencontres que je fais, mais il n'y a rien a dire. Quoi que, je peux vous dire au moins que j'ai finalement rencontré Harry, du moins depuis le jour où il est né, il a tellement grandi. Il était étonné de me voir, après tout, c'était aux funérailles de Remus, il ne comprenait pas qui j'étais et comment je te connaissais, pourquoi j'osais verser des larmes. Il n'a pas eu les réponses qu'il voulait, il m'a juste reconnu, il m'avait déjà vu à tes funérailles Sirius. Il ne me connaîtra sans doute jamais en dehors de ces circonstances. Quoi qu'il en soit, je n'en peux plus, même revoir tes yeux Lily, ou revoir presque ton portrait craché James, ne m'a pas rendu plus heureuse. Il n'est pas vous, et il n'est pas les maraudeurs. Les maraudeurs se sont physiquement dissous il y a de cela quelques années, quand mon pire cauchemar s'est réalisé.
A l'heure actuelle, tout ce dont j'ai besoin c'est de vous voir vous, au moins une dernière fois, je veux vous dire à quel point vous m'avez fait vivre, à quel point vous m'avez rendue heureuse, à quel point je vous aime. C'est le minimum que je souhaite, juste vous rappeler à quel point vous me manquez, juste vous dire que j'ai besoin de vous. Pourtant, même les sorciers n'ont pas ces pouvoirs. Alors je vais juste arrêter, je vous ai aimé chèr.e.s ami.e.s, je vous aime encore, et au delà de cela, j'espère que vous êtes maintenant heureux, c'est ce que vous méritez tous.
A vous, à votre amour, à notre amitié, à moi, bon anniversaire.
        Mary

𝐖𝐞 𝐜𝐚𝐧 𝐛𝐞 𝐡𝐞𝐫𝐨𝐬, 𝐣𝐮𝐬𝐭 𝐟𝐨𝐫 𝐨𝐧𝐞 𝐝𝐚𝐲.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant