1 - Crépuscule

Chapitre 12 - La magie violette

Elaïs attendait patiemment Aurora dans le grand hall, en remontant machinalement ses lunettes sur son nez chaque minute. La concernée arriva avec très peu de retard - elle était en net amélioration depuis son arrivée. Les deux adolescentes s'étreignirent rapidement puis partirent en direction de la bibliothèque du palais. La lecture était très importante dans la fratrie, néanmoins Zylian et Elaïs n'appréciaient pas les mêmes genres littéraires. Zylian aimait les grands classiques, la fantaisie, et surtout les récits historiques. Or sa sœur aimait tout ce qui était un peu sombre ; les romans post-apocalyptiques, les dystopies, la dark fantasy et tout ce qui pouvait s'avérer dramatique. Elaïs n'en restait pas moins une personne gaie et très optimiste.

— Bien, si tu veux survivre aux cours d'Eriocres il va falloir que tu fasses des efforts en dehors de ses cours, que tu t'instruises plus. D'autant que tu n'as pas évolué dans un milieu avantageant.

Aurora s'apprêtait à répliquer mais Elaïs la coupa d'un regard et poursuivi :

— Mon frère est plus calé en matière d'histoire, et il pourra t'aider si tu souhaites lire des récits entièrement vrais, annonça Elaïs avec un petit sourire. Mais pour que ça soit plus amusant, je vais essayer de t'apprendre l'histoire de notre belle terre à travers la fiction réaliste. Jusque là ça va ?

— Parfaitement, répondit Aurora en hochant lentement la tête, le regard rivé sur la pile de livres qu'avait pré-sélectionnée Elaïs.

— Bien. Parmi les sept livres que je t'ai pris, je voudrais que tu lises les trois premiers (elle désigna les trois du haut) dans les deux semaines qui suivent.

— Facile !

Elles échangèrent un regard entendu avec un brin d'amusement.

— Tant mieux, tu devrais transmettre cet enthousiasme de la lectures à certains... mais passons. Le plus important est que tu fasses attention à retenir tous les détails concernant les trois types de magie et leurs différences, c'est là-dessus qu'Eriocres t'interrogeras le plus.

— C'est compris.

— Parfait ! Eh bien maintenant allons manger quelque chose, mon ventre grogne.

Les deux amies descendirent au sous-sol, dans les cuisines, par les escaliers de service pour ne pas se faire prendre. Aurora suivait Elaïs qui connaissait les lieux sur le bout des doigts — ça en disait long sur sa tendance à manger entre les repas. Elles se faufilèrent par une porte entrouverte et empruntèrent discrètement de la nourriture qu'elles mangèrent en riant.

Tout à coup un gros rouleau à pâtisserie s'écrasa sur la table devant elles, un nuage de farine se forma autour. Les adolescentes sursautèrent et firent volte-face. Une cuisinière se tenait devant elles, les bras croisés sur son tablier, la mine sévère.

— Pouvez-vous m'indiquer la raison de votre présence ici, jeunes filles ?

Aurora lança un regard paniqué à sa complice, qui hocha la tête d'un air de dire : "T'inquiète, je gère, j'ai l'habitude".

— Hum, eh bien nous sommes ici pour... prendre un en-cas au professeur de combat, vous connaissez son habituelle fringale de onze heures, lança-t-elle en se raclant la gorge.

La cuisinière la fixait avec des yeux on ne peut plus suspicieux mais finit par hocher la tête.

— D'accord, dépêchez-vous alors.

Les filles commencèrent à s'en aller d'un pas tranquille lorsque la cuisinière s'approcha d'elles en brandissant son rouleau à pâtisserie et en criant :

— J'ai dit "dépêchez-vous", et je ne veux plus vous voir ici !

Elaïs et Aurora détalèrent comme des lapins sans faire attention si la cuisinière les poursuivait ou pas. Leur seul objectif était la chambre d'Elaïs.