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Pdv Nanami :

S'il y avait bien une chose que je détestais, c'était d'avoir des responsabilités qui ne devraient même pas être les miennes.

Et Gojo Satoru commençait sérieusement à m'agacer avec les siennes.

Si j'avais quitté le domaine de l'exorcisme il y a trois ans de cela, ce n'était pas pour y revenir, et encore moins sur un coup de tête.
Donner un coup de main ne me dérangeait pas, il restait malgré moi quelqu'un sur qui je pouvais faire plus ou moins confiance - cela dépend toutefois de la situation - mais revenir presque à temps partiel dans les pas de ce métier horrible et exaspérant, ça ne me réjouissait pas le moins du monde.

Le monde du travail n'est pas plus meilleur. Il est horripilant, éreintant et long. Les journées passent tellement lentement qu'une fois chez moi, j'avais l'impression d'avoir vécu deux jours en un. Les gens autour de moi sont insupportables pour la majorité. Cela aurait peut-être été différent si j'apprenais à les connaître, mais je n'en avais pas envie.

Malgré toute ma réticence envers le métier d'exorcisme, je n'excluais pourtant pas la possibilité d'y revenir. C'était le domaine dans lequel je me débrouillais le mieux, et entre terminer des fléaux rapidement ou remplir des papiers à longueur de journée, mon choix était vite fait.
Néanmoins, je n'étais pas prêt à y retourner entièrement encore.

Être exorciste signifiait être seul.

Pour ma part, ça ne date pas d'hier. La solitude ne me paraissait plus si étrangère, je savais qu'elle me rongeait intérieurement sans même que je ne m'en rende compte, au point de m'exclure moi-même et de m'écarter des autres.

Je ne voulais pas m'attacher. À personne.

Perdre des gens que j'aime, était tellement douloureux, que je ne souhaitais plus jamais réitérer l'expérience.

Et pourtant, me voilà dehors, afin de me changer les idées.

Je ne m'attachais pas spécialement vite, mais étrangement, la présence de Hazeul n'était pas désagréable. Elle me réconfortait, même si je savais qu'elle n'est pas avec moi par hasard.

Je ne devrais pas. Je n'avais rien contre les handicapés, mais si en plus je dois la protéger, j'allais finir par me consumer à petit feu. Trop de pression allait me faire exploser.

Il était 22h environ, le vent soufflait et une légère brise se levait. Je relevais la tête vers le ciel, et observais les étoiles et les nuages tourner rapidement. Je descendait la rue et arrivais devant l'enseigne lumineuse d'une supérette dans laquelle j'allais régulièrement. Généralement, je n'avais pas le temps ni la force de cuisiner, alors tous mes repas passent du congelé au micro-onde. Ce n'est certes pas aussi agréable qu'un plat chaudement préparé, mais cela m'importait peu.

J'y entrais, passant près du chat qui y restait souvent, attendant qu'on le nourrisse, notamment les soirs comme celui-ci. Ce dernier se faufila entre mes jambes et me suivit.
Après avoir effectué mes achats, je sortais de l'établissement et m'agenouillais face au chat, avant de le caresser. Je donnais évidemment au félin de la nourriture, et m'en allais.

Habituellement, je traversais un parc, fréquenté même les soirs de semaine comme aujourd'hui. Et aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. Je mettais mes mains dans mes poches tant le froid était présent et marchait d'un pas las, n'étant pas pressé.

Personne ne m'attendait à la maison, alors rien ne m'obligeait à me dépêcher.

Mais lorsque je reconnus ma collègue de bureau, je ne pouvais m'empêcher de me dire que si j'avais accéléré finalement, je ne l'aurais sûrement pas croisée.
Je ne la déteste pas. Je sais que si je continue de la fréquenter...

Before I Die - Nanami Kento - (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant