Cartes postales

Chapitre 13

Une semaine après la mort de Mei et de quinze policiers, médecins et civils, Lincoln, Danny et Steve quittaient l'Italie pour retourner à Hawaï. Les deux ex-coéquipiers étaient suffisamment stables pour faire le voyage et avaient tous deux émis le souhait de terminer leurs convalescences sur leur île. Si le commandant était toujours très faible et qu'il lui faudrait au moins un mois pour être capable de vivre seul, il avait au moins récupéré toute sa lucidité. Danny lui s'en sortait bien, il devait juste immobiliser son épaule trois semaines et pourrait reprendre le travail de bureau au bout de deux de chez lui. Ils étaient passé voir Mattéo, toujours hospitalisé, mais vivant avant leur départ, le remerciant chaleureusement d'avoir sauvé Steve.

D'un commun accord, les deux anciens équipiers avaient décidé de tous deux aller s'installer chez Steve où Danny vivait à sa demande depuis son départ deux ans plus tôt. Par contre, aucun d'eux n'avait abordé la dernière carte postale de Steve. Celui-ci craignait un rejet et ne se sentait pas la force de l'affronter, alors que le blond se disait que ce n'était pas le bon moment, qu'il préférait garder le brun comme ami plutôt que de risquer de le voir repartir dès qu'il en serait capable...

Sauf que ne pas savoir le tuait de l'intérieur. Il n'avait envie de rien à part dormir dans les bras de celui qui peuplait ses rêves et faisait battre son cœur, l'embrasser, lui faire l'amour, enfin ça ce serait quand Steve serait remis. Cependant voilà, il n'osait pas aborder le sujet.

De son côté Steve se disait que le mieux était d'attendre qu'il soit prêt à quitter le pays pour le lui dire, histoire de pouvoir se consoler loin du blond si jamais celui-ci le rejetait.

Leurs amis vinrent les voir et même si les deux hommes affichaient leur complicité et leurs chamailleries d'avant, il était évident pour tout le monde que quelque chose leur pesait sur le cœur. Bien évidemment tous deux l'avaient nié. Finalement, fatigués de les voir se comporter ainsi, Tani et Junior mirent un plan en place. Le jeune hawaïen emmena les deux convalescents à une soirée football chez Lou pendant que la jeune femme s'introduisit dans la maison avec l'aide de Quinn. A elles deux, elles fouillèrent tout jusqu'à trouver la fameuse carte postale qu'elles posèrent en évidence sur la table basse du salon, entourée de dizaines de photos des deux hommes ensemble. Finalement, elles s'éclipsèrent, signalant par message à Junior que leur mission était accomplie.

Lorsque les deux hommes revinrent chez eux, ils ne purent ignorer la mise en scène, ni le mot "parlez-vous" sous la carte postale. Steve se laissa tomber dans le canapé, fatigué à cause de l'infection qu'il avait eu à combattre, fatigué de la journée, de la soirée et de la conversation à venir.

Danny se ferma en découvrant la réaction du brun. Il se dit immédiatement qu'il avait dû se tromper sur les sentiments du militaire.

"Si tu ne veux pas parler, je comprendrai, déclara-t-il alors.

Steve leva alors les yeux vers lui, constatant la peine sur le visage du blond.

-Danny... Je... Il se poussa sur le côté du canapé. Assieds-toi s'il te plaît. Je...

-Steve, on n'est pas obligés d'en parler si tu ne veux pas...

-J'ai juste peur de ta réaction, admit le militaire dans un chuchotement.

C'est là que Danny comprit, il comprit qu'il ne s'était pas trompé, que ce qu'il espérait était réel. Il avait toujours un petit doute, bien sûr, mais si infime qu'il n'avait plus peur de se lancer.

-Steve, quand j'ai lu ta carte, au moins vingt fois, mais sûrement plus...

Le brun le regarda avec surprise et peut-être de l'espoir.

-...quand je l'ai lu, je me suis demandé si... si c'était possible que tu sois amoureux de moi."

Danny tourna son regard vers celui de Steve qui s'était détourné. Le blond eut un sourire séduit, il glissa ses doigts sous son menton et le força à le regarder. Les yeux bleus, remplis de doutes, s'ancrèrent aux siens. Steve ne répondit pas, il ne pouvait pas. Il redoutait ce que Danny avait à lui dire, tout comme il l'espérait.