I. Ses ongles rouge sang

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Elsa avait mis du vernis rouge

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Elsa avait mis du vernis rouge. On lui disait souvent que le bleu lui irait mieux, avec ses cheveux argentés. Mais elle préférait le rouge.

Couleur provocatrice. Agressive. Synonyme de danger. Le rouge lui allait bien.

Le bleu était trop doux. Ne lui correspondait pas.

À la couleur écarlate de ses ongles, elle associait chaînes argentés autour de son cou et Dr. Martens noires à ses pieds. Pour écraser les orteils de ceux qui s'approchaient trop près d'elle. C'est qu'elle savait se défendre, la petite Elsa. Et il le fallait bien. Avec sa bouille angélique, elle se faisait souvent embêter au travail. Comme au lycée, d'ailleurs. C'était en partie pour cela qu'elle avait adopté un style pareil, vernis inclus. Cela faisait partie de sa carapace, épaisse et robuste, assez résistante pour la préserver des atrocités de l'être humain. Elle en supportait très peu, d'ailleurs, de ses semblables.

Solène était une des rares exceptions. Elle était trop plongée dans ses romans pour être mauvaise. Elsa était bien heureuse de l'avoir rencontrée. Elle lui permettait de souffler un peu quand la pression était trop forte. Quand le mal était trop présent.

Mais ce soir, Solène n'était pas présente. La nuit était bien trop avancée pour que ses paupières soient encore ouvertes. Alors Elsa s'était tournée vers son autre échappatoire.

Elle observa un instant la lune par le vasistas. Elle éclairait sa chambre d'une lueur blanchâtre, presque morbide. Elsa adorait cette atmosphère. La nuit était son empire. Elle attrapa la dague que lui avait offerte son oncle et la fit tourner entre ses doigts, en silence. C'était le meilleur cadeau qu'elle avait reçu. Lui, au moins, il la comprenait. Pas comme sa mère, qui répétait à tort et à travers qu'elle ne reconnaissait plus sa fille. Heureusement que son oncle lui avait donné l'objet tranchant derrière son dos. Elle aurait été capable de lui arracher des mains.

La lumière lunaire se refléta sur la lame. Le métal clair paraissait bien propre. C'était parce qu'Elsa prenait soin de bien l'entretenir. Elle ne voulait pas y laisser une tâche. Elle approcha la lame de l'intérieur de sa cuisse et appuya doucement, créant une courte entaille. Un filet rouge s'échappa de sa chair et tomba sur la serviette, qu'elle avait prévue pour protéger le sol.

Sans une expression, elle regarda le sang s'écouler. C'était plutôt captivant. Elle finit par fermer les yeux et laissa sa tête s'appuyer contre le mur. Les lentes inspirations qu'elle prenait brisaient le silence. Comme à chaque heure de la journée, cette maison était trop calme. C'en était oppressant.

Elsa attrapa la compresse posée près d'elle et l'appliqua sur la plaie. Elle apposa un pansement et se releva, avant d'entrer dans la salle d'eau reliée à sa chambre. Lorsqu'elle ouvrit le robinet, l'eau tomba sur la lame et se mêla au liquide rouge, avant de se perdre dans la vasque.

En relevant les yeux, l'adolescente croisa son reflet. Une mèche rebelle tombait devant ses yeux cernés. Elle la glissa derrière son oreille, révélant les trois boucles qui traversait sa chair, encore rougie. Elle revenait chez Steve, le seul salon du coin ouvert la nuit. Et le seul qui acceptait les payements en nature. C'était pour cela qu'Elsa avait des grains blancs sous les ongles ; les pâtisseries qu'il préférait étaient les plus chargées en sucre. Il est totalement accro à ses beignets maisons.

Un sourire se forma sur ses lèvres. Elle se demandait comment Solène allait réagir en voyant ses nouveaux piercings. Elle les avait faits sur un coup de tête, même si l'idée lui trottait dans la tête depuis un moment.

Une fois la dague propre, Elsa la rangea dans son fourreau, qu'elle glissa ensuite dans le dos de Choco. Sa mère n'irait jamais fouiller dans la peluche de son enfance. Tout en attachant ses cheveux dans un chignon brouillon, elle se faufila sous sa couette. Il était temps d'essayer de s'endormir. Combien d'heures de sommeil allaient avoir cette nuit, avant de se réveiller en sursaut ? Trois, quatre ? L'idée l'épuisait déjà. Dans un soupir, elle ferma les paupières et rabattit la couette sur sa tête, tentant inconsciemment de former un cocon pour se protéger du monde.

 Dans un soupir, elle ferma les paupières et rabattit la couette sur sa tête, tentant inconsciemment de former un cocon pour se protéger du monde

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