Le Loup Noir

Chapitre 3 : Retour à la Réserve.

Paul eut un sourire figé, affreusement gêné, il ne décrocha pas un mot. Pistys le regardait avec une fausse suspicion. Elle le fixa quelque temps. Un temps qui lui permit d'échafauder un plan pour calmer ses inquiétudes quand Lyssa sera loin d'elle. Alors elle tendit sa main vers une des chaises de la cuisine.

– Venez vous asseoir quelques instants, je vous prie.

Le jeune homme obtempéra et prit place autour de la table en bois clair.

– Dites-moi précisément ce que vous avez entendu.

Encore une fois, il ne moucheta pas et lui raconta avec exactitude le bout de conversation qui avait laissé certaines marques de son passage dans la pièce. La vieille femme hocha la tête lentement à la fin de son récit.

– Très bien alors je vais être direct. Je vous implore de la protéger et de la surveiller le plus possible. Il faut lui éviter de faire des bêtises... Je sais que vous ne vous connaissez pas mais j'ose espérer que l'imprégnation est une raison suffisante.

– Amplement suffisante, rassura Paul, qu'attendez-vous de moi précisément ?

– Veillez sur elle de n'importe quelle manière, à n'importe quel instant, c'est tout ce que je vous demande. C'est tout ce qui nous est possible de faire et je vous préviens que parfois elle ne nous rend pas la tâche aisée, souffla-t-elle, le reste appartient au destin je crois bien.

– Puis-je vous demander concrètement ce qu'il se passe ? C'est très flou...

– Elle saura vous le dire, dit-elle en se levant, je sais combien cette mission est ingrate car les secrets qu'elle renferme sont brumeux, même pour moi. Je comprendrai si vous laissiez tomber, dit-elle finalement.

Elle s'en alla d'un pas souple finir la vaisselle commencée des minutes plutôt par les mains de Lyssa. Paul se releva lui aussi.

– L'imprégnation c'est la passion décuplée. Je ne la laisserai jamais tomber, soyez en certaine.

Sur ces paroles qui retentirent comme une promesse solennelle, Paul quitta la cuisine le pas léger mais le cœur lourd.

Le lendemain, à l'aube comme prévu, les meutes étaient réunies devant le chalet enneigé. Azriel aidait Lyssa à charger le 4x4 en discutant tranquillement. Paul en sortant lui jeta un coup d'œil qu'elle lui rendit discrètement. Il sentit son regard timide dans son dos et il ne put s'empêcher de sourire.

Lyssa vérifiait le capot de la voiture en soufflant sur une mèche rebelle. Éris fit irruption à ses côtés se posant sur la Jeep noire de tel sorte qu'elle pouvait observer les Quileutes un peu plus loin.

– Tu veux quelque chose ? demanda Lyssa d'une voix indifférente.

– Simplement prendre de tes nouvelles. On doit se serrer les coudes entre filles maintenant qu'on est plus que deux.

Lyssa sourit de ce semblant de sympathie. Loin d'être dupe, elle continua la mécanique de la voiture tout en lui répondant doucement qu'elle allait bien.

– Tant mieux ! dit-elle joyeusement, moi aussi je vais bien, plus que bien même, finit-elle par dire en fixant plus intensément les Quileutes.

La fille aux cheveux aussi intenses que l'onyx attendit patiemment la suite. Éris ne lui parlait jamais pour passer le temps, il y a toujours un but ou un intérêt. Qu'avait-elle trouvé cette fois-ci ?

– T'en penses quoi des Quileutes ?

– Rien de spécial, je n'ai pas eu le temps de leur parler.

– Ah oui ! s'exclama-t-elle en feignant d'être surprise, moi je leur ai parlé, à chacun d'eux ! Oh tu verrais, ils sont vraiment adorables !