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Méduse n'était plus. Sa tête était retombée au pied de Persée qui s'empressa de fermer les yeux de la gorgone pour s'éviter le même sort que Eleon. Il était juste en face, épée au-dessus de lui, faisant diversion pendant que Persée s'occupait de porter le coup final, par terre, gisait le corps inerte de la gorgone. Quelques larmes glissèrent sur son visage qu'elle ne chercha même pas à faire disparaître. Perdu dans ses pensées, un hennissement la ramena à la réalité. Un majestueux cheval ailé se dessinait devant elle, issu du sang qu'avait perdu Méduse.

— Tu dois être la progéniture de Poséidon et Méduse et ce qui coûta à ta mère sa malédiction..., chuchota-t-elle.

Persée s'approcha doucement, évitant tout geste brusque afin de ne pas effrayer l'animal devant elle. Il était magnifique, aussi noir que la nuit et n'avait pas l'air sauvage. Quand elle tendit une main vers lui, ce dernier s'avança, la laissant le caresser.

— Pégase, t'en penses quoi comme nom ? lui demanda-t-elle.

Pour réponse, elle eut un hennissement qui semblait s'approcher d'une affirmation. Dans le sac qu'ils avaient emporté, elle plaça correctement la tête de Méduse sans oublier de reprendre le bouclier. Elle lança un dernier regard en la direction de Eleon avant de quitter la grotte et reprendre le chemin inverse.

Elle devait faire vite, le délai que les Grées lui avaient annoncé avant la destruction du palais et des alentours arrivait bientôt à échéance. Heureusement, Pégase lui sauva la mise, lui permettant de s'installer sur lui pour faire le chemin retour.

— Dommage qu'on ne t'ai pas eu plutôt, ça nous aurait évité ces longues journées de marches..., supposa-t-elle tandis que l'animal fendait les airs avec vitesse et grâce.

Aussi haut dans le ciel, elle dominait tout. Elle n'était plus cette jeune fille recueillie gamine par la famille royale pour devenir leur domestique. C'était comme si elle était la reine. Elle profitait de cette liberté que lui procurait Pégase, évitant de repenser à Eleon qu'elle ne reverra plus jamais. Elle devait se l'avouer, elle s'était attachée à lui durant cette quête et elle aurait préféré qu'il ne se sacrifie pas afin qu'elle puisse repartir saine et sauve secourir la princesse et le peuple. Elle s'était même demandé si un moyen n'existait pas pour délivrer tous ces êtres transformés en statue par un simple regard. Au loin, elle pouvait reconnaître Atlas qui ne semblait toujours pas la porter dans son cœur et qui lui faisait de la peine.

Son voyage retour se fit si rapidement qu'elle n'en revenait pas. Elle était partie il y a de cela presque deux semaines à pied, et en seulement un battement d'aile, elle se retrouvait là, chez elle, devant le palais. La foule s'affolait pendant que les eaux se déchaînaient encore plus. Les cieux bien que toujours sombres, semblaient laisser entrevoir une mince éclaircie. Comme si Zeus faisait un signe à sa fille qui s'empressa de remercier Pégase et de rejoindre le palais afin de trouver le roi sans oublier le sac où se trouvait la raison de son départ.

C'était actuellement une panique sans nom. Entre ceux qui ne souhaitaient qu'une chose : le sacrifice de la princesse et les autres qui la défendaient, le chaos régnait, faisant très certainement plaisir à Hadès qui devait se délecter de ce magnifique spectacle dans son royaume que sont les Enfers. Persée se faufila du mieux qu'elle le pouvait à travers la population qui ne semblait pas lui porter plus d'attention que cela. Instinctivement, elle se rendit dans la grande salle, lieu où elle servait avant tout les jours les repas, mais surtout lieu qui lui permit de prouver qu'une femme était aussi bien capable de résoudre une quête.

— Quand est-ce que vous accepterez que la gamine soit morte et que la seule et unique solution est le sacrifice de votre fille ? s'énerva le chef des armées.
— Désolé de vous décevoir, mais je suis bien en vie.

Persée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant