La balade

Les ombres

Sombre ruelle puante, lampadaires éteints, nuit sans étoiles, signes de mauvais augure.

Des pas résonnent dans l'obscurité. Ils sont plusieurs. Ils s'avancent en rythme vers une destination qu'eux seuls connaissent. Les dernières lumières vacillantes s'éteignent à leur entente, leur passage laissant planer un silence de mort dans le noir. Les habitants se sont reclus dans leur chaumières, cachés derrière leurs rideaux.

Les pas s'éloignent peu à peu de la ruelle et finissent par quitter le village. La chapelle sonne minuit tel un glas funèbre sur le village. Les pas s'immobilisent et les soupirs de soulagements restent bloqué dans les poitrines. Un gémissement de douleur avait retenti dans la ruelle puante au même moment.

Les pas firent volte-face et la marche de la mort s'entama. On entendit distinctement les épées se faire tirer de leur fourreaux et un frisson d'effroi traversa le village. Un nuage avait découvert la lune jusqu'à présent caché et éclaira la scène morbide qui se profilait. Un nouveau né encore ensanglanté reposait nu dans le centre de la ruelle, vide il y avait encore quelques secondes.

Les silhouettes encapuchonnées approchèrent l'épée à la main. Sans une parole ni hésitation, une épée s'abattit sur le nourrisson et la silhouette essuya le sang de sa victime sur sa cape.

Les habitants étaient figés dans l'attente du départ des ombres de la nuit. C'était la première fois qu'ils espéraient entendre à nouveau les pas de ces silhouettes. Elles étaient figées devant le cadavre dans l'attente de quelque chose d'inconnu aux villageois.

La lune disparut à nouveau derrière un nuage en même temps que les épées furent enfournées. Et le son incessant des pas retentit à nouveau.

Les ombres traversèrent la rue puis le village entier et disparurent finalement derrière la colline à laquelle était collé le patelin. Timidement quelques bougies se rallumèrent et la vie reprit son cour dans la nuit noire.