Il était midi. Le temps avait passé depuis nos dernières recherches. Les quelques gâteaux trouvés dans les poches étaient digérés depuis longtemps, la faim tenaillait notre groupe. Dans l'attente d'une solution, certaines avaient décidé de dormir. De mon côté, je réfléchissais, le poids du rôle de chef sur mes épaules. De nombreuses solutions me venaient à l'esprit, mais étaient hélas irréalisables. Pour notre survie, la nourriture était prioritaire. Tout le monde se rassuraient, disant le réfectoire proche et que, en cas de faim dévorante, une descente là-bas était possible, notre position se situant à l'étage supérieur, juste au-dessus de celui-ci. Malheureusement, la situation était plus complexe : les mystérieux zombies rôdaient partout, particulièrement attirés par la nourriture, et donc proche du réfectoire. Après quelques secondes de réflexion, la solution s'imposa d'elle-même : il fallait, même au péril de nos vies, y aller, car personne ne tiendrait longtemps sans réserves et surtout, sans eau.
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J'avais une armée de zombies à ma poursuite. Les éliminant rapidement, je réfléchissais : mais pourquoi mon plan avait-t-il mal tourné ?
Si tôt ma décision prise, avec l'aide de Romane et Maud, nous étions descendus et, évitant de nombreux gêneurs, avions finalement atteint notre destination. Les provisions prises suffisaient largement pour au moins une semaine. Seulement, un plan ne se déroulant jamais sans accrocs, alors que nous entamions avec enthousiasme le chemin du retour, des zombies s'étaient mis à nous poursuivre, et c'est avec peine que nous nous en débarrassions. Courir pour nos vies, voilà le pire et, aussitôt en sécurité dans la salle, Maud déclara la course éliminée de ses sports favoris.
Nous étions de retour. Toutes étaient heureuses en nous voyant, le soulagement de nous voir saufs peignant les visages fatigués d'une courte nuit de sommeil. Les voir en sécurité me procurait une joie intense, sans que je ne puisse savoir pourquoi. J'en conclus donc me sentir responsable d'elles, et me promettait de ne jamais, à l'avenir, en laisser ne serait-ce qu'une seule mourir.
En cet instant, je ne savais pas combien j'allais regretter cette promesse intenable.
Le temps passait, mais la situation ne bougeait pas d'un pouce. Nous étions tous cloîtrés dans cette salle, sans appareils téléphoniques nous permettant de faire savoir aux policiers notre situation. Plusieurs questions s'imposaient alors dans mon esprit, je n'y avais jamais vraiment réfléchi jusqu'à maintenant, la peur de la mort empêchant mes pensées de cheminer comme d'habitude. Les zombies existaient ? Comment les faire disparaître ? Était-ce juste un cauchemar ? Vais-je me réveiller dans mon lit, en sécurité ? Seulement, personne n'avait de réponse à ces questions énigmatiques. Sur cette note désastreuse, je décidais de prendre les choses en main, et réunis les filles afin de clarifier la situation et de mettre au point un nouveau plan :
« Nous avons des vivres pour au moins une semaine, commençais-je, mais il nous manque encore beaucoup de choses : j'ai donc décidé de faire des duos, afin d'élargir la zone de recherche et de travailler efficacement. Vous devrez cependant faire attention, vous pourrez facilement vous retrouver en infériorité numérique. C'est pour cela que j'impose une règle : si vous croisez des zombies, courez, partez aussi loin que possible. Si vous avez compris, je commence : Louane et Célia iront à l'infirmerie afin de récupérer du matériel, des pansements, des bandages en cas de blessures. Gabrielle et Hanihei, cherchez des armes, n'importe quoi du moment que ça peut nous assurer une sécurité permanente. Maud et Romane continueront la recherche de téléphones, c'est une des missions les plus importantes. Shayna, Inès, Ioanna et Maylis, protégez notre base, la salle de conférences. Ne laissez personne y entrer, et ne vous laissez pas tromper par les zombies. Nous toquerons 3 fois à la porte pour vous signifier que c'est nous. N'ouvrez pas avant d'avoir entendu le signal. Enfin, Noémie et moi-même irons récupérer des clefs, afin de sécuriser d'autres salles et de pouvoir établir plusieurs bases. Si chacune a compris sa mission, vous pouvez y allez, mais faites très attention, je vous en supplie»
Ceci étant dit, tout le monde se dispersait et partait, sauf une, Hanihei. Elle me fixait avec une haine non feinte, et hurla :
« C'est quoi ce délire ! Quel plan pourri ! Tu veux toutes nous tuer c'est ça ? Et vous, à lui obéir comme des marionnettes, arrêtez de faire les moutons et restez ici, en sécurité. Vous voulez faire comme dans Zombie Tsunami ou quoi ? J'ai un bien meilleur plan ! »
Interloqués, personne ne pipait mot. Je repris cependant la parole :
« Ecoute, je fais du mieux que je peux, mais pour mettre fin à tout ça, nous sommes obligés de passer par cela. Ne veux-tu pas revoir ta famille toi aussi ? »
Cette allusion acheva le moral d'Hanihei, déjà bien bas, et des larmes apparurent aux coins de ses yeux. Je la laissais à ces pensées sombres et partit.
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Presque tout le monde avait réussi sa mission, ne manquait plus que le duo de Louane et celui de Gabrielle, qui avait, non sans difficulté, convaincue Hanihei de se plier à mes ordres. Plusieurs minutes s'écoulèrent. Louane et Célia apparurent. Mais pas Hanihei et Gabrielle. Inquiet, je guettais le moindre bruit, m'attendant d'un instant à l'autre à entendre le signal à la porte, signe de leur retour. Seulement, ce signal ne vint jamais.
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Je courais sans aucune notion du temps. J'étais dans les couloirs et je cherchais le duo restant, à l'aide de Noémie. Et si ce que j'avais dit à Hanihei l'avait fait perdre son sang-froid et qu'elles étaient tombées sur des zombies ? Et si, Et si ? Un bruit me tira de mes réflexions. C'était Gabrielle. Elle arriva vers nous et s'effondra, respirant avec difficulté.
« Hanihei est... Hanihei... HANIHEI ! cria-t-elle.
-Calme toi et raconte nous précisément ce qu'il s'est passé, je lui disais.
-Elle est morte ! »
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L'apocalypse
ActionSouvent, les erreurs se paient. Nous n'aurions pas dû taguer et entrer par effraction dans un collège. Le sang. La mort. Le désespoir. Voilà le prix de notre erreur.