Stars ou Ames Soeurs

Chapitre 40

PDV d'Alycia :

« Le jet de la célèbre chanteuse Mylène Farmer vient de se crasher... »
« Il n'y aurait aucun survivant... »
« Le monde s'apprête-t-il à devoir faire son deuil d'une magnifique artiste ? »

Ces mots tournent en boucle dans ma tête, comme un écho lancinant, un bruit sourd qui écrase tout autour de moi. Mon cerveau semble s'être figé, mes muscles sont lourds, ma gorge se serre. Les phrases résonnent encore, mais je n'arrive plus à y croire. Je ne peux pas y croire. Et pourtant, je vois l'avion de Margaux en flammes. C'est le sien, il n'y a pas d'erreur. Ce n'est pas possible.

Je secoue la tête, comme pour expulser cette pensée insupportable, mais rien n'y fait. La télévision continue de cracher des images horribles, et la voix du journaliste se fait plus pressante, plus incisive. « L'avion a pris feu après un décollage en urgence... » Et alors que mes mains tremblent, je réalise l'inexorable : c'était son avion. Comment ont-ils pu la laisser monter à bord alors que tout était visiblement compromis ? Comment ?

Le rythme de mon cœur s'accélère, comme si ce simple battement était tout ce qui me retenait de sombrer. Les secondes s'étirent, se tordent, mais je n'arrive plus à respirer normalement. Je prends mon téléphone, tremblante, et compose son numéro. Ça sonne, mais elle ne décroche pas. La messagerie. Un frisson me parcourt. Je compose à nouveau, sans y croire. Même résultat. Le téléphone me glisse des mains, je le fais tomber sur le canapé comme si son contact était désormais insupportable. Je suis figée, comme dans un mauvais rêve. Le vertige m'envahit.

Je commence à faire les cent pas dans mon appartement. Chaque mouvement est une torture. Mon esprit refuse de concevoir la réalité, mais il sait que ça ne sert à rien de nier. Je sais ce qui se passe, je sais ce qu'ils viennent d'annoncer. Mais je m'y refuse. Je m'accroche à ce faible espoir, à cette petite lueur d'incertitude : peut-être qu'il y a eu une erreur... peut-être que ce n'est pas elle... Mais c'est déjà trop tard. Il y a déjà trop de monde dehors. Les journalistes, les curieux, les voisins. Et moi, là, figée dans cette pièce, prisonnière de mon propre corps.

Puis, la porte d'entrée s'ouvre brusquement, interrompant mes pensées tourmentées. Je me retourne dans l'espoir stupide de voir Margaux, mais... ce n'est pas elle. Ce sont Ilona et Lindsey. Leur présence brise tout espoir, aussi infime soit-il. Un espoir qui s'effondre en une seconde, comme un château de cartes balayé par un vent glacé.

Je tombe à genoux, le souffle coupé, incapable de retenir mes larmes. Elles viennent, dévalent mes joues, sans même que je puisse les arrêter. Les bras de mes amies m'enserrent, me serrent fort, mais je n'arrive plus à les sentir. La douleur me coupe en deux. Mon cœur semble vouloir se déchirer, et pourtant il reste là, battant, cherchant encore une raison d'y croire. Pourquoi ? Pourquoi mon esprit s'accroche-t-il à un fil aussi fragile ? Une toute petite chance. Un détail, peut-être.

Mais est-ce seulement possible ?

Ils n'ont retrouvé aucun survivant, ont-ils dit. Aucun corps n'a pu être formellement identifié. Alors pourquoi ce silence s'installe-t-il en moi ? Pourquoi cette brûlante question : Et si Margaux n'était pas là ? Et si... elle était la seule à avoir échappé à ce terrible sort ?

Le monde se brise autour de moi, mais l'espoir, aussi dérisoire soit-il, s'accroche, obstiné, comme un éclat de lumière dans cette obscurité oppressante. Et si... et si le pire était encore à venir ? Si, peut-être, cette vérité était plus cruelle encore ? Mais je ne peux m'empêcher de me demander : et si, quelque part, dans cette immense tragédie, il restait une chance ?

Après des heures où les larmes ont coulées, des heures d'acharnement à essayer de joindre Margaux et des heures où Ilona et Lindsey ont essayé de me calmer. Nous voilà assise à 3 sur le canapé, les chiens à nos pieds, qui comme moi, attendent un signe. La télé est toujours allumée mais les filles ont décrété que c'était mieux si l'on changeait de chaine au lieu de regarder en boucle les mêmes informations. Le télévision passe un film mais je n'arrive pas à me concentrer, c'est au-dessus de mes forces, mon cerveau est trop embrumé par toutes les questions qu'ils se posent.