Je marche tête baissée, longeant les murs des bâtiments de ma ville. La nuit noire s'installe petit à petit, l'air frais se rafraîchit toujours plus, au fur et à mesure de mes pas je le sens s'incruster en moi, la brise me piquant le visage, s'infiltrant dans mon sweat pour venir caresser sans mal mon cou jusqu'à mon torse.Ma capuche sur la tête, je lève furtivement les yeux par moment, suivant l'individu à la trace, sans le perdre une seule seconde. Il marche à une allure soutenue, sans pour autant dire rapide. Son long manteau et ses cheveux ondulent au rythme de sa marche.
Les mains dans les poches, la tête baissée, il ne regarde ni devant, ni autour de lui. On pourrai facilement en déduire qu'il marche automatiquement, qu'il ne se soucie pas d'où le mènent ses jambes, qu'il leur fait confiance, leur laissant ainsi la liberté de se perdre dans les fins fonds de ses pensées.
Il longe les rues habillées de commerces, de restaurants et de bars qui illuminent de par leurs devantures les passants de toutes leurs couleurs attrayantes et étincelantes. Il traverse 2 ou 3 petites routes à sens unique, ces dernières traversées sans relâche par tout les passants qui alternent leurs soirées de bars en boites de nuit. Il évite un groupe de quarantenaires bourrés, tourne à quelques intersections, suivant un itinéraire bien précis, sans jamais apporter la moindre attention à tout ces gens qui l'entourent.
Mon rythme cardiaque s'accélère légèrement, une agréable adrénaline s'installe en moi ; le suivre de la sorte réveille en moi un instinct révolu, refoulé par l'homme, que je m'efforce de refouler également, en vain. Je me sens comme un chasseur traquant sa proie, je me sens fort, comme si tout était à ma portée, comme si tout était prévisible. En ces lieux, innocent, tu ne te doutes de rien, mais je suis là, bien présent.
Ce soir là tu étais ma proie.
Je ne me rend pas compte que le rythme de mes pas s'est accéléré, désireux de me rapprocher de lui malgré moi, de le toucher, de le saisir.
Je suis bien trop loin, il est bien trop loin de mon être, de mon corps bouillant.
Je plonge mes mains dans la poche avant de mon pull et commence à me frotter les poignets, jusqu'à en ressentir la brulure. Encore et encore, dans l'espoir de calmer mes sensations envahissantes, mes pulsions dévorantes. Je m'efforce de ralentir mon rythme.
Je le suit du regard à travers mes cheveux bruns qui me tombent sur les yeux, me créant un voile, masquant mon regard. Incapable de le perdre de vue. Soudain, il s'arrête. Je m'arrête à mon tour et me décale instinctivement vers le bar devant lequel je me situe, faisant mine d'être un client devant le bâtiment. J'attend quelques secondes, surveillant ses faits et gestes du coin de l'oeil. Il ne se retourne pas, il ignore ma présence, la raison de son arrêt est autre.
Au milieu du trottoir, il sors son téléphone de la poche de son pantalon, je remarque son soupir prononcé lorsqu'il le consulte rapidement avant de le coller à son oreille.
Je fais de mon mieux pour capter ses mots.
- Allô... oui ... oui je t'ai dis que... j'arrive...
Ces mots sont hachés, agacés, tout ses mots ne parviennent pas à mon ouïe que ce soit à cause de la distance, des passant qui parlent à voix haute ou de ce putain de clébard insupportable tapant une crise de nerf à un inconnu. Je remarque malgré tout qu'il répond sèchement à son interlocuteur puis commence à reprendre sa marche, le visage toujours rivé vers le sol. Il accélère le pas, je me met à sa suite, maintenant une distance correcte pour entendre sa discussion.
Sa voix provoque en moi une satisfaction inexplicable, le son de ses mots me pénètrent, ils me donnent d'autant plus l'envie de me rapprocher. Une énorme frustration me submerge, je veux qu'il me parle, à moi.
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Seul [Taekook]
FanfictionS'il est encore en vie, c'est parce qu'il laisse ses pulsions le dévorer. Il est le meneur de jeu, il est le prédateur, et lui, il est sa nouvelle proie. Est-il simplement capable d'aimer ? ⚠️/univers très sombre/⚠️ ⚠️/public averti/⚠️