Fugue (1)

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Un vendredi, j'ai demandé la permission pour pouvoir récupérer les affaires que j'avais laissé dans mon ancien appartement. Ça fait plus de deux mois maintenant je crois qu'on les a déjà fait dégagé de la maison mais bon, je perds rien en allant vérifier. Elle me fut accordée, à condition bien sûr que je sois accompagnée par mon cher et tendre Matsuda. Il me suivait partout comme une ombre au sens propre du terme. J'aimais les kimono mais des fois je regrettais mes bons vieux jeans. Pas le choix, j'en ai enfilé un, beige avec les sandales noires qui vont avec sans mettre de sous-vêtements en dessous, j'en avais pas envie, déjà que je préfère rester nue. Quant à la coiffure, je n'avais pas l'énergie pour dresser la forêt afro aujourd'hui. Je les ai juste peigné style crinière de lion.

En sortant du manoir j'aperçus Toji debout à une terrasse m'observer avec un regard inquisiteur. Peut-être savait-il ce que j'avais en tête. La ballade en voiture était belle comme toujours, j'ai l'impression de découvrir ce beau pays tous les jours, je m'en lasse pas.

Arrivée devant l'immeuble de mon ancien chez moi, j'ai essayé de convaincre Matsuda de m'attendre dans la voiture. Ce qu'il refusa bien évidemment. Et puis zut! Je trouverai bien un moyen...

J'ai retrouvé la mamie qui gérait l'immeuble, Kiyomi... J'étais trop contente de la revoir... On s'est embrassé puis elle m'a raconté qu'elle m'a cherché partout en vain. Ça m'a vraiment touché qu'une dame avec qui j'avais pas de lien de sang s'inquiète pour moi de la sorte. Je lui caressai la joue tendrement. Après ma disparition, le propriétaire de l'immeuble a voulu revendre mes affaires mais ma tendre Kiyomi a plaidé ma cause et s'est proposé de les garder à condition de payer les frais de gardiennage elle-même. J'étais au bord des larmes. Dans ce monde pourrissant, il existe encore des gens comme elle. Je la remerciai et me dirigeai vers le magasin où était stocké mes affaires.

Elles étaient toutes là mais pleines de poussière. Je fus submergé par un flot d'émotions... Mais bon restons concentrés. J'ai prétexté cette sortie pour pouvoir sortir hors de cette cage dorée qu'est le manoir Fushiguro. J'avais besoin de changer d'air. Par chance, l'entrepôt avait une fenêtre qui donnait dans la ruelle derrière l'immeuble et Matsuda était resté à l'entrée. Profitons en pour foutre le camp. Escalader avec ce vêtement c'est pas pratique mais alors pas du tout. L'essentiel c'est que j'ai réussi à sortir.

Après quelques tendres sourires aux papis à qui je demandais mon chemin, j'ai pu me retrouver. Je sonnai à la porte et l'on m'ouvrit.

_ Salut toi. Dis-je.

_ Aya?! Mais qu'est-ce que tu fous ici ?!

Le père et le filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant