les clous

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// TRIGGER WARNING // : déréalisation

 Il était à peu près 17 heure. Le reste du groupe vaquait à ses occupations, n'attendant pas le retour de Lilie, Gecko,  Khôda, Maxwell et Lucas avant le lendemain matin. Vi et Enzo se trouvaient dans la cabane de jardin, le bouclé glandait dans un coin, trainant sur les réseaux à l'aide du wifi gratuit de l'armée et d'un VPN. Tandis que l'autre écoutait la radio avec attention.

Lilian : Tu penses qu'ils nous ont oublié ? 

Enzo : Hein ? 

Lilian : Le gouvernement, les gens. Ils sont dans le déni, c'est comme si tout le monde avait oublié les 9 millions de disparus.

Enzo : Si j'étais toi, j'écouterai ça...

Le binoclard augmenta le son de l'appareil doucement, d'un geste si contrôlé alors que sa main tremblait a force de concentration. 

                   "DEUX CAS DE G.E.P. SERAIENT DECLARES DANS UN HÔPITAL A NANTES

                  VILLE AUX PORTES DU NO-MANS-LAND DELIMITANT LA ZONE D'EPIDEMIE

                      UNE ELIMINATION RADICALE DES CONTAMINES SERAIT UNE OPTION ?

               UNE DESINFECTION TOTALE DE LA ZONE RAVAGEE ? QU'EN DIT LA POPULATION ?"

Les deux amis se regardèrent. 

Ils y avaient déjà tous pensé. Mais aucun n'osait dire que l'extermination des survivants deviendrait une option. Ils n'avaient pas de plan pour ça. Lillian jeta son téléphone sur le canapé pourri et s'élança en dehors de la cabane. Il courrait. Il n'avait pas paniqué comme ça depuis plusieurs semaines. Un pas après l'autre, plus lourds a chaque souffle, la vue troublée par une larme salée. Sueurs froides, il se tenait devant la porte de la cuisine. Leauterre expliquait ce qu'il comptait cuisiner avec les légumes qu'Eli et Nathan rangeaient dans le placard sous l'évier. Leurs regards se tournèrent vers le brun, essoufflé. L'androgyne senti un frisson lui parcourir l'échine. Il vit Emo-boy et la rouquine partir à la suite de Vi tout en étant incapable de faire le moindre mouvement pour les suivre. En un regard, sans explication, il avait compris la raison de la venue soudaine de son ami. Comme dans un livre bidon où l'auteur aurait eu la flemme de développer.

 rien n'est réel ?

POV : Lothaire

    J'approche ma main de mon visage avec précaution. Je n'ai pas coupé mes ongles depuis cette histoire de zombies.... Pourquoi sont-ils aussi courts ? Quelques pas vers l'entrée du sous-sol, j'en soulève la trappe d'une main. Elle est légère comme du polystyrène. Je descend à l'aide de l'échelle prévue à cet effet. Devant une étagère je tends la main. Derrière une boîte de conserve, je lis .... rien. Rien n'est écrit. Pas de détails sur la provenance du produit, pas de date de péremption. Il y a juste une étiquette disant "champignons". 

POV : Extérieur 

    Loris et Lucka étaient allongés à terre. Dans la grange, les murs recouverts de néons et d'instruments de musiques. A l'étage, le QG, //de rêve?//  , des étagères remplies de mangas en tout genres, une série de disques musicaux, des murs recouverts de dessins à la craie colorée, une collection d'affiches publicitaires. Cette collection, aucun d'eux ne se rappelait le pourquoi du comment de son commencement. C'était assez particulier. QG de rêve? une prison pour leurs espoirs était un terme plus juste, une machine a barbe-a-papa ? Soi-disant parce que c'est stylé. Ils savaient tous que si Gecko l'avait amenée c'était pou se souvenir des fêtes foraines dont ils ne profiteraient plus jamais. Sous le velux, sur un vieux matelas décoré de coussins en formes d'étoiles et de plaids tachés de café, la perche et le nain contemplait le plafond, comptant les clous mal plantés, ils ne servaient a rien, ils dépassaient juste d'une poutre. Comme eux dépassaient de l'alignement parfait d'individus qui composaient la société qu'ils fuyaient. 

Loris : Tu sais de base je t'aime pas.

Lulu : J'avais bien remarqué, mais je suppose que comme pour Enzo, y'a pas de raison particulière ?

Loris : Ouais, je vous aimais pas, c'est tout.

Lulu : Ah. Parce que ça a changé ?

Loris : ... J'ai plus la force de détester qui que ce soit. 

Le plus petit se redressa avec difficulté. Il prit une profonde inspiration. L'odeur de l'automne. Le bois humide, la pluie chaude de la fin d'après-midi, la craie, les livres. L'odeur du système scolaire, l'odeur à laquelle s'ajoutait celle de la colle UHU en primaire. 

Loris : J'arrive même plus à détester le fait d'être en vie.

Il se laissa retomber sur le matelas. 

Loris : AAAAAAAH J'AI FAIM ! 

Hurla-t-il en couvrant ses yeux avec ses avants bras. Le plus grand fronça les sourcils. Un silence suivit, il fut brisé par le parquet grinçant quelques secondes plus tard. Les pas réguliers d'Elina. Elle leur faisait désormais face. Ils levèrent les yeux en sa direction. Interrogatifs. Le poing serré, elle soupira. Une goutte de sang s'écoula de a paume de sa main. Ses ongles lisses et longs plantés dans l'épiderme, comme des clous dans un os, plus douloureux à chaque coup.

Eli : On doit fuir.



FE's  apocalypseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant