19. Première mission

82 7 3
                                    

"Je vous résume la situation : on a une attaque en cours dans un grand centre commercial dans le centre-ville. Les forces de l'ordre ont déjà encerclé toute la zone, mais on parle de super-vilains donc ils préfèrent nous attendre pour intervenir. C'est votre première mission en tant que super-héros. Ici vous n'êtes pas des apprentis, sur le terrain vous et moi avons le même statut. Cependant, nous intervenons ensemble et je vous demande de faire attention à vous. Ne prenez pas de risques inutiles."


Tous les quatre, nous hochons la tête. Nous sommes assis à l'arrière d'un fourgon blindé. Uraraka est sur ma droite et Genshiro, le garçon à la ceinture avec les réacteurs dont je ne connais que le nom de code, est face à moi. Nous portons tous notre costume de super-héros et j'ai eu une grande surprise de la part du lycée en venant ce matin. Nous avons été réquisitionnés un peu plus tôt par Gun Head qui avait justement été prévenue de l'affaire. Nous nous sommes positionnés les plus proches des lieux et il est venu nous chercher au fur et à mesure.


Une mallette m'attendait et à l'intérieur une grande combinaison bicolore. En réalité, il s'agit d'un dégradé d'un bleu très clair, presque blanc, partant du bout de ma main droite jusqu'à se foncer, passant par un liseret noir au centre de ma combinaison et reprenant une teinte rouge jusqu'à la faire blanchir à l'extrémité de ma main gauche. De cette façon, si je joins les mains, on a presque l'impression que la couleur de ma combinaison fait un tour complet de toutes les nuances de bleu et rouge. La matière est bien plus solide que mon t-shirt habituel. On m'a également fourni une nouvelle paire de baskets, et pour le contraste, la basket gauche est bleue et la droite est rouge. La dualité de mes alters se ressent dans toute ma combinaison.

Je ne fais que plier et déplier les doigts, dans un geste de nervosité mais également pour m'habituer à la nouvelle forme et à la sensation de mes gants. Je ne sais pas exactement comment je dois me sentir. Une part de moi est excitée par la poussée d'adrénaline qui se diffuse dans tout mon corps, mais de l'autre côté j'ai un peu peur de savoir comment tout va se dérouler et si nous serons exposés à un grand danger ou à une situation de routine. Même si je pense déjà détenir une part de réponse puisqu'il nous a pris tous les quatre, d'un côté c'est un stage mais mon instinct me souffle que ce n'est pas forcément une bonne chose.


"Quand vous allez descendre, il va y avoir du bruit, des regards, des caméras, des policiers. Ils sont tous là pour l'affaire, je sais que c'est impressionnant mais vous devez arriver à en faire abstraction. Vous êtes entraînés, vous avez la maturité et l'entraînement nécessaires pour que tout se passe bien."


Une nouvelle fois, nous opinons du chef. Le véhicule s'arrête enfin et les portes arrière du fourgon s'ouvrent. C'est une explosion sonore qui résonne dans mes oreilles et dans celles de mes camarades. J'aurai presque déjà l'impression de me faire agresser. Certains des curieux, barricadés derrière les forces de l'ordre, nous acclament, interpellent, scandent nos noms. Enfin, plutôt ils nous appellent "les élèves de Yuei", même si la majorité des interjections concernent notre tuteur de stage. D'ailleurs ce dernier avance rapidement mais sereinement vers le centre-commercial.

Il ressemble plus ou moins à celui que j'avais pu avoir lors de mon premier affrontement avec Bakugo au début de l'année. Je ne sais pas si cela me servira mais je l'espère. Gun Head a beau avancer avec panache, sa démarche reste quand même nonchalante. On sent tout son professionnalisme dans sa manière de se comporter. Il a une carrure et une aura imposante, contrastant quand même avec la sérénité qu'il dégage, ce qui lui donne cet aspect dur et rassurant en même temps. Sa voix également est restée très calme, comme s'il s'agissait d'une simple patrouille.


"Vous allez être munis d'oreillettes pour pouvoir communiquer en permanence. Restez solidaires, aidez-vous et n'hésitez pas à demander de l'aide. Indiquez votre position, indiquez les dangers potentiels, vous êtes une équipe. C'est votre premier plongeon dans le grand bain, ne faites pas un plat."


Même sa blague a réussi à me décrocher un sourire mais je vois que ce n'est pas forcément le cas de tout le monde. Je suis tellement nerveuse que je crois que n'importe quoi pourrait me faire rire. Je prends une grande inspiration et nous passons les portes automatiques du bâtiment tandis que Gun Head fait le tour. Je m'aperçois vite que cela ne va pas être une partie de plaisir. Le bâtiment est vide, et le moindre bruit est décuplé par l'absence totale de bruit. Personne n'ose bouger dans un premier instant, et finalement c'est la voix de Genshiro qui s'élève :


"Bougez !"


Une détonation résonne. Instinctivement je bondis sur le côté, tirant la manche d'Uraraka avec moi. Je cours me mettre à l'abri dans la première boutique que nous trouvons. Les garçons sont partis du côté opposé. Je vois un impact sur le sol, et mon coeur bat à cent à l'heure quand une voix grave résonne encore plus en écho :


"Et ils m'ont envoyé des gamins. Sérieusement ? Je vais leur montrer qu'on ne joue pas avec moi."


La voix d'une femme, et de pleins d'autres hurlant me glace le sang et ma main reste crispée sur la porte de la boutique. Il y a eu une nouvelle détonation et le bruit d'un corps dévalant l'escalier pour finir sur le sol devant la porte d'entrée. C'est une femme d'une trentaine d'année dont le visage est partiellement recouvert de sang, et un mare de sang semble s'étendre sur son pantalon. Je reste à couvert derrière le mur et je chuchote à ma camarade :


"Il faut qu'on la sauve, Gun Head se chargera du super-vilain.

-Tu as une idée ?"


A vrai dire, pas vraiment, mais je hoche quand même la tête pour tenter de me rassurer ou de la rassurer je ne sais pas encore. Je prends de profondes inspirations et je porte une main à mon oreille. Je tremble, je le sens et je sais qu'Uraraka le voit aussi. Toujours le plus discrètement possible je demande :


"Les garçons ? Vous allez bien ?

-Je suis tout seul, l'autre est tombé dans les pommes.

-Est-ce que tu vois le vilain ?

-Ouais, il est en haut des escaliers, il pointe, tu sais comme les enfants, il fait un pistolet avec ses doigts. Si je sors, ou si vous sortez, on se fait tirer dessus.

-On ne peut pas laisser cette femme se vider de son sang..."


Une nouvelle fois, une nouvelle détonation, mais cette fois, à côté de la tête de la victime. Cette dernière sursaute sur le sol et elle se met à gémir. La nouvelle fois forte et masculine reprend de plus belle :


"Je vous préviens, si vous sortez pas dans les dix secondes, la prochaine fois je la rate pas. J'ai des dizaines d'otages, si vous"


La voix de l'homme commence un compte à rebours. Je regarde Uraraka et j'entends la voix de Genshiro.


"Gun Head ? Le vilain est en haut des escaliers centraux du premier étage, des dizaines d'otages et on a dix secondes pour se montrer sinon il la tue. Qu'est-ce qu'on fait ?

-Gagnez du temps, je suis là dans une minute."


Je commence à perdre patience quand le compte à rebours atteint cinq. Je ne peux pas faire autrement et je sors de la boutique les mains en l'air, gardant une seule phrase sous le regard horrifié d'Uraraka.


"Genshiro, tu es le plus rapide d'entre nous, il va falloir que tu fasses sortir la victime."

(SAISON 2) My Hero Academia : ShirudoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant