(SAISON 2) My Hero Academia : Shirudo

14. L'ultime assaut

Oh là là ça c'est de l'explosion ! Mais est-ce qu'on est certain que c'est dans le règlement. Vu l'état de la petite Shigeki, je ne suis pas sûr que l'intensité de cette explosion soit nécessaire.

-Si tu doutes de ça, c'est que t'as vraiment besoin de lunettes.

-Enfin Eraser, tu as bien vu qu'elle ne pouvait plus se défendre.

-Si MidNight l'a laissée se relever, ce n'est pas pour rien.

Entendre mes deux professeurs se chamailler me ferait presque rire, mais je suis un peu occupée pour ça. La fumée se dissipe. Dire que l'explosion a été intense est un doux euphémisme. Je ne sais pas comment j'arrive encore à penser avec la migraine intense qu'il vient de déclencher dans mon esprit.

Wow ! Est-ce que je vois bien ce que je vois ?! C'est impressionnant !

Je crois que j'aurai donné très très cher pour comprendre ce qui se passe dans la tête de mon adversaire. Ses yeux sont tellement ouverts en grand que je me demande s'il va de nouveau cligner des yeux. Le bras droit tendu devant moi, une sphère bleu foncé m'englobe complètement. Je suis intacte. Par contre, je suis à bout de souffle. Bakugo semble s'étrangler avec sa propre surprise, tellement qu'il en oublie de me renvoyer sûrement une autre attaque dans les dents. Mon bras droit est raide. Je n'ai pas l'habitude d'employer cette partie de mon alter et encore moins à une puissance pareille. Pour arriver à encaisser l'attaque de Bakugo il m'a fallu puiser dans mes plus profondes réserves. D'autant que je sens déjà que je commence à fatiguer. Pourtant, j'ai envie de lui renvoyer dans les dents tout ce qu'il a pu me dire depuis qu'on est dans la même classe :

"Toi, t'as besoin qu'on te remette à ta place."

Je respire doucement, jusqu'à ce que je sois obligée de désagréger mon bouclier. Je ne dois pas le montrer mais à ce stade, je ne sais même pas si je serai en mesure, ne serait-ce que de résister à un coup de pied. Bakugo est lui aussi haletant, et je crois bien que je l'ai surpris encore plus que ce que je ne pensais. A mon avis, il devait penser avoir complètement réglé le combat. Au moins, je pense que je l'ai épuisé assez pour qu'il ne puisse pas m'attaquer tout de suite. Ses poings se serrent et mon rythme cardiaque vient de faire un bond.

"Parfait ! Maintenant on arrête de jouer."

En deux pas, Bakugo est face à moi. Je ne pensais pas qu'il pourrait encore bondir et se mouvoir avec autant de facilité. Son poing se balance vers mon visage et heureusement pour moi, j'ai eu la présence d'esprit de me baisser. Enfin non, c'est davantage survenu du réflexe et de l'instinct pur plutôt que d'un quelconque choix réfléchi et calculé. Même si je ne peux plus utiliser mes bras, au moins il me reste mes jambes. Bakugo frappe majoritairement avec ses poings et il joue beaucoup sur les divers appuis qu'il peut avoir. Je ne sais pas encore comment mais je vais tenter de résister encore un peu. Mes esquives semblent plus que l'agacer :

"Ca t'amuse c'est ça ?!

-Plus ou moins..."

Une légère explosion me fait perdre l'équilibre mais j'arrive à faire de petits pas pour rester droite. Je sais qu'avec mes bras en moins, je ne pourrai pas me relever si jamais je finis par flancher. Pour le moment je me contente d'esquiver, mais j'aimerais qu'il se rapproche encore un peu pour arriver à lever ma jambe assez haut pour l'envoyer un peu loin et avec de la chance en dehors du terrain. Il finit par de nouveau sauter dans ma direction, et je prends appui sur ma jambe droite pour me propulser sur la gauche. Mais au moment où je saute et quitte le sol, j'ai compris mon erreur.

Le sourire de Bakugo s'est renforcé, comme s'il venait enfin de trouver la clé qui lui permettait d'ouvrir une serrure qui lui résistait. Le temps de cligner des yeux et je vois à son regard qu'il avait bien vu depuis le départ ma jambe d'appui. En l'air, je n'ai plus aucun moyen de me protéger. Sa paume est à un mètre de moi, et il fait un mouvement de balancier pour lancer une attaque qui sera amplifiée par la vitesse de son mouvement. L'explosion est puissante et me frappe de plein fouet, je suis violemment propulsée en arrière. J'ai l'impression d'avoir fait un passage express dans un four et je retombe lourdement sur le dos, me coupant soudainement la respiration. Je ferme les yeux en sentant que mon corps tourne sur lui-même. Vu l'état du sol sur lequel je suis en train de finir mes roulades, je sais très bien que je ne suis plus sur le terrain. Ma chute est brutalement interrompue quand mon dos percute avec force l'estrade où se trouve MidNight. J'ai perdu.

"Shigeki Matsushime est hors-ring ! Katsuki Bakugo se qualifie pour la finale !"

Des cris et des exclamations fusent de toute part. Je sens mon bandeau de fortune me tomber sur les yeux et j'arrive à peine à secouer la tête pour qu'il puisse glisser le long de mon visage. Les mains dans les poches, Bakugo se rapproche de moi. L'espace d'une seconde, je pense qu'il va m'aider à me relever, mais il garde son air hautain, regarde en direction des robots civière et déclare en marmonnant :

"T'étais moins naze que prévu."

Aussitôt, il tourne les talons et retourne à l'intérieur du stade comme s'il contenait toute la colère du monde en lui. Je sais bien que c'était maladroit et que faire des compliments n'est pas dans sa nature mais je le prends comme tel. S'il avait vraiment considéré que je n'avais pas été à la hauteur, il m'aurait encore davantage ignorée. Le fait qu'il me porte une phrase d'attention prouve qu'il a reconnu au moins une partie de ma valeur. A côté de moi, MidNight descend de son estrade et place une main sous mes genoux et mon dos pour me poser sur la civière. Pendant que je la remercie elle me pose la question :

"Tu te pensais vraiment en mesure de le battre ?

-Non, pas une seule seconde je savais que j'aurais une chance. Mais un ami m'a dit d'agir comme si j'étais un véritable super-héros, et dans ce cas, il fallait que j'arrive à l'épuiser et le contenir suffisamment longtemps pour que des renforts ou les secours puissent arriver.

-Malin je dois le reconnaître. Mais je ne crois pas qu'il soit du genre à se laisser épuiser pour te permettre de prendre l'avantage.

-Me faites pas rire, j'ai déjà assez mal comme ça."

MidNight retire le bout de bandeau qui était resté en travers de mon visage et me laisse repartir. Je ne sais pas par quel miracle mais de toute évidence je suis acclamée par toute la foule. Certains me remercient d'avoir livré un combat d'une grande qualité, d'autres d'avoir tenu tête à mon adversaire, et encore d'autres se laissent aller à dire que je serai une grande héroïne. Quoi qu'il en soit, je sais une chose, c'est que Mirio pourra être fier de moi, je sais que j'ai tout donné et je ne peux rien regretter.

Je viens aussi de comprendre une chose, enfin plusieurs. Je sais pourquoi j'ai réussi à survivre à l'explosion du restaurant de mes parents... et je comprends aussi pourquoi depuis autant de temps je n'osais pas utiliser cet alter. Les larmes montent dès que je suis à l'abri du regard, et en rentrant dans l'infirmerie j'éclate en sanglots. Assise sur le matelas, je n'ose pas m'allonger pour le moment, j'ai besoin d'évacuer toute la pression. On toque à la porte mais je n'y prête pas attention jusqu'à ce que la voix de Recovery Girl s'élève :

"Ce n'est pas le bon moment les filles, je dois m'occuper de votre camarade.

-Shigeki !"

Les yeux baignés de larmes, je ne comprends pas encore tout ce qui se passe jusqu'à ce que mon matelas s'affaisse des deux côtés. Je vois un uniforme de Yuei encore un peu flou, mais je sais que les deux présences sont plus que familières. Je laisse ma tête tomber sur le côté et mon corps aussi pour que je repose contre Yaoyorozu qui passe une main dans mon dos. Puis, une fois calmée, c'est Kendo qui m'aide à m'allonger, je ne sais pas comment j'aurai pu le faire seule. La rousse pose une main sur mon épaule, se souvenant que je ne sens presque plus mon bras. Finalement, les deux filles finissent par sortir sur demande de l'infirmière et je peux enfin fermer les yeux après une profonde inspiration. J'ai beau avoir perdu, cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien.