(SAISON 2) My Hero Academia : Shirudo

15. Médaillée

Je n'ai pas pu voir la fin du championnat de mes propres yeux, j'ai été obligée de rester à l'infirmerie pendant le reste du temps pour récupérer. Recovery Girl a eu l'air désolée de l'état dans lequel j'étais. De toute façon avec mes bras incapable de bouger, je me serais retrouvée impuissante juste face à une porte fermée. Mais enfin, MidNight a fini par toquer à l'infirmerie en passant simplement sa tête à travers la porte.

"Je voulais juste signaler que nous allons remettre les médailles du championnat. Shigeki si tu ne peux pas bouger seule alors je demanderai à un de tes camarades de l'escorter jusqu'au podium.

-C'est bon, j'arrive."

J'affiche un sourire presque victorieux et je balance mes jambes en dehors du lit. Mon pantalon de jogging a été presque réduit à néant. De plus, je sais bien que mon t-shirt est aussi en lambeau. Le professeur lance une nouvelle tenue à ma taille à travers toute la chambre que j'attrape de justesse malgré un peu de difficulté. J'incline la tête en guise de remerciement et prends tout de même mon temps pour m'habiller.

Le stade tout entier est en pleine ébullition, je crois que je ne l'ai jamais entendu aussi bruyant. Pourtant ce n'est qu'un bruit extérieur puisque je sais que je suis encore sous le stade. Nous ne nous avons pas donné rendez-vous sur le terrain lui-même mais encore dans les coulisses. J'arrive comme dans un hangar dans lequel trois plateformes sont ancrées dans le sol. Je devine qu'elles doivent correspondre à nos classements respectifs.

Je vois que personne n'est situé sur la troisième marche. Je me demande à ce moment-là si je suis la seule catégorisée comme troisième ou si nous devions être deux. Puisqu'il n'y a pas eu de combats entre les deux perdants des demies-finales, je suppose que nous devions être deux. Todoroki est déjà situé sur la deuxième marche du podium. Je soupire légèrement, finalement ma tactique d'épuiser Bakugo n'aura pas fonctionnée aussi bien que je le pensais.

En parlant du loup, ce dernier est enchaîné et bâillonné contre une grande planche de bois. Il a l'air de s'époumoner et est dans un telle colère que je n'ose même pas m'approcher de ma place qui sera sur sa gauche. Puis, je viens finalement me placer sur l'extrémité le plus loin de Bakugo. Il a les yeux rouges, injectés de sang tellement il est en colère, et semble essayer de vociférer contre le fils d'Endeavor. Pourtant, lui, baisse la tête, je ne sais pas s'il éprouve de la honte ou s'il réfléchit. A vrai dire, il est toujours compliqué de deviner ses pensées.

Soudain, le sol se met à trembler et les plateformes commencent à s'élever vers le centre du stade. Je fais attention à bien rester stable et je tente de contrôler et calmer ma respiration. J'ancre fermement les talons dans le sol et regarde droit devant moi. Le bruit, qui était alors de fond, nous explose aux oreilles comme si la bulle qui nous protégeait de tout l'environnement. L'ébullition que je pensais entendre alors est encore très loin de ce que j'imaginais. Mon coeur s'est emballé à une vitesse folle, et je ne sais pas si je dois rester crispée, sourire ou rester détendue. Donc j'opte pour juste me concentrer sur ma respiration et regarder l'ensemble des élèves de secondes qui sont réunis derrière MidNight. Cette dernière tient toujours son micro entre les mains.

Pendant quelques minutes, je vois bien que la présentation de Bakugo dans une telle fureur et attaché tel un animal sauvage a créé une stupeur générale. Certains de mes camarades de classe, surtout Yaoyorozu qui soupire d'agacement en voyant le comportement du premier du championnat. Finalement, c'est ce genre de réaction qui me fait sourire malgré moi, et je croise à ce moment là, les cheveux roux de Kendo qui attirent mon attention. Cette dernière lève un pouce à la verticale comme un signe d'approbation et cette fois mon sourire est bien réel.

MidNight présente l'ensemble du trio de tête et nous informe qu'Iida qui avait fini aussi troisième a dû partir pour des raisons personnelles. J'espère qu'il va bien... Puis, alors que je regarde l'ensemble de tous les spectateurs qui nous acclament. J'entends parfois mon nom appelé des tribunes, je suis tentée de me retourner, mais avec Todoroki qui incarne le calme, je n'ose pas le faire. Puis, un rire bien spécifique résonne dans l'enceinte du stade. Et je comprends qui est celui qui va nous remettre les médailles. La terre tremble et cette fois, le seul et unique symbole de la paix est à quelques mètres de nous.

Nous avons beau l'avoir en professeur de classe, le voir dans un costume fringuant, j'ai l'impression qu'il est encore plus impressionnant. Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que physiquement il est encore plus massif que lors de nos cours. Les hurlements dans le stade ont redoublé d'intensité. Quelque part, cela m'arrange, je ne suis pas certaine d'apprécier être au centre de l'attention. MidNight demande au Symbole de la Paix de nous remettre les médailles, en commençant par moi puisque je suis troisième. Son impressionnant gabarit s'approche de moi, et je suis obligée de lever les yeux pour pouvoir le regarder :

"Felicitations !

-Merci monsieur."

Mon remerciement est si faible que je ne suis même pas certaine qu'il m'ait entendue. En tout cas, je me penche légèrement en avant, ce qui est sans doute inutile, pour qu'il puisse me passer la médaille autour du cou. Alors que je m'étonne du poids qu'elle fait, il se penche comme pour m'étreindre en posant les mains dans mon dos et je l'entends me dire d'une voix un peu plus faible, comme s'il voulait que je sois la seule à l'entendre :

"Tu dois apprendre à davantage te faire confiance. Ne te laisse pas impressionner, tu as de grandes capacités et un avenir très prometteur. Fais-moi confiance, si tu arrives à maîtriser tes alters, alors rien ne pourra t'arrêter.

-M... merci."

Je me sens piquer un fard, je ne sais plus où regarder et je sais que je suis rouge. All Might passe vers Todoroki, mais à ce moment-là, pour être honnête, plus rien ne se passe dans ma tête. Comme si tout autour de moi venait de disparaître de nouveau dans une bulle dans laquelle je suis seule. J'ai réuni mes mains dans un creux dans lequel se trouve ma médaille de bronze. Elle est lourde, mais elle est pleine de sens et les paroles d'All Might restent en écho dans ma tête. Elles ont une valeur inestimable. Je ne pensais pas qu'elles me toucheraient autant. Il n'y avait pas l'air d'avoir de l'hypocrisie, comme si elles étaient sincères. Et dans ce cas, cela veut dire que le symbole de la Paix croit en moi. Je me dois de suivre ses conseils. J'ai l'impression de trembler, et je sens une boule d'émotion se créer dans mon estomac. Cette médaille est lourde, au sens propre, et dans tous les sens du terme. Elle est le point de départ de mon ascension. Je peux devenir une super-héroïne. Je vais y arriver.

***

On nous a laissé deux jours de repos, pendant lesquels ma tante Mia m'a reparlé en boucle du championnat. Elle n'arrête pas de me féliciter, mais en même temps elle me fait part de ses inquiétudes en ce qui concerne mes blessures. Heureusement pour moi, tout n'est que superficiel. Mon combat face à Bakugo l'a beaucoup impressionnée mais c'est également celui où elle a eu le plus peur. Je la comprends, moi aussi.

Il pleut des cordes sur le chemin du lycée. J'ai une capuche rabaissée sur la tête et je marche lentement en faisant mon possible pour esquiver les énormes flaques d'eau qui se forment au fur et à mesure. Je me demande bien quel sera le programme de nos prochains cours.Il n'y a pas de répit à Yuei, mais j'espère qu'avec le championnat sportif, nous aurons encore un peu de temps. J'ai aussi besoin d'étudier, tout n'est pas que question d'alter à Yuei :

"Excuse-moi, tu es Shigeki Matsushime ? La troisième au championnat sportif ?"

Cette question a été posée avec une telle douceur que je n'aurais pas été certaine qu'elle me soit adressée, s'il n'y avait pas eu mon nom dedans. Je me retourne vers un homme qui reste à un mètre de moi, bien à l'abri sous son parapluie. Il se met à rire et montre de sa main de libre une petite fille derrière lui. Cette dernière est cachée derrière les jambes de celui que j'imagine être son père. Instinctivement, je m'accroupis, et mon genou touche le sol, tant pis je ne resterai pas sèche. Je retire ma capuche et la petite fille se montre un peu. Elle doit avoir dans les cinq ans et je me mets à sourire, prenant l'air le plus décontracté que je peux avoir :

"Bonjour toi, comment tu vas ?"

Dans un premier temps, je n'ai pas de réponse mais lorsqu'elle ouvre ses yeux je vois des centaines d'étoiles briller dedans. Puis, elle les ferme très fort, en s'agrippant au pantalon de son père avant de dire dans un souffle :

"Tu seras la meilleure des héroines.

-Ah oui ?

-Oui. J'ai dis à mon papa que s'il y avait un super-vilain, c'est toi qui protégerait tout le monde."