𝑆𝑜𝑚𝑒 𝑠𝑖𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒 ℎ𝑢𝑟𝑡 𝑚𝑜𝑟𝑒 𝑡ℎ𝑎𝑛 𝑡𝑟𝑢𝑡ℎ.
Assis en tailleur sur le canapé, un bol de céréales entre les jambes, Yeonjun pioche aléatoirement dedans pour grignoter, le regard fixé sur la télévision qui passe son dessin animé préféré. Dehors la nuit est tombée, pas depuis longtemps, mais c'est l'été, alors le soleil il est comme Yeonjun : il traîne un peu avant d'enfin se coucher. Du coup, l'heure, elle, ne l'attend pas, et le contraste est flagrant. Alors l'heure à laquelle Yeonjun devait se coucher, elle est déjà passée. Mais ce n'est pas grave, sa mère n'est pas encore rentrée. Et lorsqu'elle franchira le seuil de l'appartement, elle prendra la défense de son fils face à son mari mécontent. Yeonjun connait ça. Le spectacle se répète souvent, ses parents sont les acteurs de nombreuses pièces qu'il ne comprend pas toujours.Yeonjun, il a à peine dix ans, c'est pour ça qu'il ne comprend pas. C'est aussi parce-que sa mère refuse de le laisser y assister, à ces pièces qu'il ne saisit pas. Mais un soir sa mère n'est pas rentrée, même après que le soleil ait décidé d'aller se coucher. Alors Yeonjun, il a cessé de l'attendre. Depuis dix ans maintenant. Pourtant cette routine qu'il avait installée enfant ne l'a pas quittée même après son entrée au lycée. Alors le jeune homme est lassement allongé sur le canapé, un paquet de gâteau - celui-là même qu'il trimballe depuis qu'il est rentré des cours - à proximité pour grignoter, le regard fixé sur la télévision qui diffuse un dessin animé qu'il a oublié. Cette fois aussi il fait nuit, comme il y a dix ans le soleil s'est couché avant lui. Le soleil, il est constant. Il se couche et se lève à des heures qui ne changent jamais. Quand il était petit, Yeonjun se disait qu'il ne pourrait jamais être un soleil si cela signifiait être constant. Et sa mère s'esclaffait, soufflant qu'un tel petit garçon ne pouvait être un bon soleil.
— Yeonjun ?
Discrètement, la porte d'entrée se referme, sortant le brun de sa rêverie. Las, il lève les yeux sur la silhouette qui rentre enfin et un haut-le-cœur le prend lorsque l'odeur d'alcool lui parvient. Yeonjun plisse le nez, les sourcils froncés et l'air agacé alors que la nouvelle arrivante titube jusqu'à lui.
— Mon Yeonjun ne dort pas encore ?
Madame Choi a toujours été une mère prévenante. Le genre à prendre soin de son enfant, à ne jamais le laisser assister à une dispute. Elle a toujours été une mère prévenante, jusqu'au jour où Yeonjun à cessé de l'attendre. Jusqu'au soir où elle n'est pas rentrée. Peut-être à-t-elle jugé son fils assez grand pour comprendre ces spectacles qu'elle essayait de lui cacher. Peut-être à-t-elle compris que les cacher ne servait plus à rien, que Yeonjun savait. Peut-être à-t-elle simplement craqué. Lâché l'affaire. Yeonjun, sa mère n'est plus la même depuis qu'il a cessé de l'attendre.
— T'étais où ? soupire le jeune homme en se redressant, fatigué.
— J'avais à faire, des histoires de grandes personnes chéri !
Madame Choi sourit, comme on sourirait à un bambin à peine en âge de marcher. Un sourire que Yeonjun affectionne, mais qui ne peut s'empêcher de l'attrister. Sa mère est ivre, elle divague. Prends Yeonjun pour cet enfant qu'il n'est plus tant. Le jeune homme pourrait trouver cela attendrissant, mais pas ce soir. Pas maintenant, pas dans un tel moment.
— T'as mangé ? Yeonjun se lève du canapé, délaissant son paquet de gâteau et ses dessins animés qu'il a oubliés.
— T'occupes pas de ça, rétorque madame Choi. Va te coucher, il est tard chéri ! Y'a école demain tu sais.
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Aɴᴛɪ﹣Rᴏᴍᴀɴᴛɪᴄ | ᵞᵉᵒᶰᵇᶤᶰ [Hiatus]
Fiksi PenggemarÊtre libre. Rien qu'une journée. C'était tout ce qu'ils voulaient, rien de plus, rien de moins. Juste partir et s'oublier une journée, pour revenir à la nuit tombée comme si de rien n'était. C'était le plan. Mais sur un coup de tête, ils en ont dé...