SOLO | Lewis Hamilton

En attendant de plus beaux jours

– Lewis semble incapable de comprendre son véhicule. Aujourd'hui encore, il se fait battre par son coéquipier.

– Je pense qu'il n'en a plus envie, qu'il n'est plus dedans. Il aurait dû quitter la Formule 1 l'année dernière...

Je prends la télécommande et fais pression sur le bouton rouge avec force. L'écran de télévision devient instantanément noir. Je balance alors la télécommande à côté de moi sur le canapé.

Ma tête aurait pu exploser à ce moment. Je sens le sang pomper dans mes veines à toute vitesse. Enfin, j'expulse l'air qui comprimait mes poumons.

Je n'aurais pas pu supporter une seconde de plus les horribles commentaires sur la performance de Lewis. Un réel acharnement qui me tord l'intestin. Je me lève du canapé et attrape mon portable. Je cherche son nom dans la messagerie et en un coup d'œil, je tombe dessus.

Mes yeux s'attardent sur ses derniers mots envoyés, il y a déjà près de deux heures.

Lewis

Merci mon trésor, tout ira bien pour moi. Je t'aime.

Le dernier message qu'il m'a envoyé juste avant le début de la course. Comme à chaque course, je lui envoie toujours un mot d'encouragement, peu importe la forme : une photo, un extrait de poème, un émoticone...

Mais maintenant que je suis devant le curseur qui clignote, je ne sais pas quoi lui écrire.

Comment soutenir quelqu'un quand on a l'impression d'être impuissante face à ses problèmes ?

Que dire à l'homme qui partage sa vie depuis 2 ans et qui encore une fois arrive hors du top 10 alors qu'il a tout donné en piste ?

Que dire alors qu'il y a 4 mois encore, il était à deux doigts de remporter son 8ème titre mondial ?

Que dire quand il apparaît à l'écran, la tête baissée, les épaules affaissées ? Une mine qui crie l'immense incompréhension qui l'habite. Une expression qui traduit la douleur d'obtenir encore un si mauvais résultat, alors qu'il donne tout en piste et à l'usine.

Mes doigts s'agitent sur l'écran du portable et je saisis les quelques mots qui me passent en tête.

Lewis

Appelle-moi quand tu es au calme.

J'ai besoin d'entendre sa voix. De l'entendre me dire son ressenti, de savoir ce qui lui passe par la tête. Parce qu'actuellement, je n'en ai aucune idée.

Mais je ne peux pas lui parler tout de suite. Pas quand je ne suis certainement pas assez calme pour l'écouter. Car je sais pertinemment que je me ferais un plaisir de déverser mon venin sur tous ces commentaires abjects faits à son égard.

Je finis par déposer le portable sur la table basse et me lève d'un bond du canapé. Tout ce que je veux à ce moment, c'est un peu de calme et de sérénité. Et je sais exactement comment y parvenir.

Je traverse l'immense appartement monégasque que je partage avec mon petit ami et me dirige dans la pièce qui m'est entièrement réservée. Mon cocon. Mon havre de paix. Mon atelier de peinture.

Et pendant plusieurs heures, je me plonge dans mon art. Chaque coup de pinceau apaise mes nerfs à vif. Quand les couleurs sur ma palette commencent à se confondre à cause de la pénombre, je pose enfin mon pinceau et me lève pour éclairer la pièce.

J'en profite pour illuminer l'ensemble de l'appartement presque plongé dans le noir.

Mon portable clignote sur la table basse. De nombreuses notifications apparaissent, mais une seule attire vraiment mon attention.