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<  DUNE VILLENEUVENOVEMBRE 2020

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<  DUNE VILLENEUVE
NOVEMBRE 2020

Il m'avait attendu, jusqu'à la fin de mon service. Puis ramenée chez lui, d'un commun accord que nous avions scellé d'un regard. Sans plus jamais parler de la nuit.
Au petit matin, il avait disparu. Je ne lui avais toujours pas répondu.
Je ne savais même pas quoi lui répondre.

Il croyait qu'il m'aimait, Mathieu. Et moi je n'en avais aucune idée. Le silence qui avait accueilli ses quelques mots si envoûtants n'avait été que le fruit de la surprise, se contentant simplement de se prolonger, s'éterniser.
Il croyait qu'il m'aimait, Mathieu, mais il n'avait pas renchéri. Jamais. Pas même quand sa main s'était glissée au creux de ma hanche, et que je m'étais un peu plus enfoncée dans son lit, vers lui, trop troublée par la timidité de son toucher après ce moment si charnel qu'on venait de partager.

Tous les deux, on avait dormi.
Mais plus jamais parlé.

Au petit matin, donc, il avait disparu.


note vocale — imessage
"je suis parti en rdv, dune, fais comme chez toi t'façon tu connais bien les lieux. j'passe sûrement au studio après, donc je risque pas d'être là avant longtemps. mais reste moja wydma, reste, s'teu plait."


Une note vocale.
C'était tout ce qu'il avait laissé derrière lui.

Alors je l'avais attendu, mon blond. Je l'avais attendu à n'en plus pouvoir. Son absence avait aliéné le peu de liberté qu'il avait amené dans ma vie, me tirant au fur et à mesure du chaos qui m'entourait.
Puisque prisonnière, c'est ce que j'avais tant été, avant qu'il ne se préoccupe de moi. Prisonnière d'une cage de noirceur.
Quand il était là, ça allait mieux. Ça allait divinement mieux.

Mais il n'était pas là. J'étais seule, affreusement seule, son absence n'étant même plus le seul fléau de ma journée.
Mes mains tremblaient, mon cœur s'affolait. Mes pensées suffoquaient, étouffées par leur surcharge. Et très vite, je comprenais ce qu'il me fallait, ou ce qu'il me manquait, plutôt.
À la hâte, je me précipitais sur mon sac à main, mes poches de manteau, de jean, de n'importe quel vêtement, sans néanmoins parvenir à trouver le fruit de mon besoin.

Rien. Je n'avais plus rien.

Dans mon obstination, je n'avais pas entendu la porte claquer, ni même les pas du polonais s'approcher de moi. Seule sa main sur mon épaule me sortait de ma transe, d'un sursaut digne d'un film d'horreur.
Je devais avoir l'air d'en sortir, d'un film d'horreur, vu le regard que je posais sur lui. Vide, tout autant qu'habité d'émoi.
Un triste, bien triste contraste.

Il s'agitait, Mathieu, en me voyant dans cet état. Plus que je n'aurais pu l'imaginer. Ses yeux presque paniqués me sondaient. Descendaient bas, de plus en plus, jusqu'à se poser sur ma main gauche et le briquet serré très fort qui en dépassait quelques peu, puis ma droite qui elle n'avait rien pour absorber ses tremblements.

promiscuous - 𝘱𝘭𝘬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant