Chapitre 3

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       Les paupières alourdies de Coralie se déployaient enfin, laissant lamentablement ses yeux affrontés l'obscurité dans laquelle était plongée la pièce. D'abord apeurée par sa densité, Coralie retrouva son calme dès que ses yeux trouvèrent le coin faiblement éclairé par la lueur orangée de la lune. La nuit avait fini par tombée, songea Coralie en se redressant sur le lit.

Songeuse et les yeux dans le vide, Coralie fixait avec intensité la lune qui illuminait le ciel. Cette fois-ci, la fenêtre n'était pas barricadée, et semblait plus grande que celle de ce matin. Certainement qu'on lui avait changé de chambre. Baissant la tête rapidement, la jeune femme se souvient qu'elle s'était allongée à même le sol un peu plus tôt ce matin et non dans un lit. A cette pensée, des rougeurs lui montèrent aux visages.

Un parfum exotique pris d'assaut la pièce, avec une telle puissance, que Caroline entendue son estomac gargouillé. Tournant la tête d'abord du côté de la fenêtre, là où se trouvait le coin éclairé par la lune, elle ne trouva rien dans le décor susceptible de contenir de la nourriture, alors elle tourna à nouveau la tête de l'autre côté. La pénombre y était dense et bien concentré. Aucun faisceau de lumière ne s'y était infiltré.

Coralie claqua la langue face à son comportement. Ayant vécu et grandit ici, Coralie savait que cette odeur exotique émanait d'un mélange d'épices utiliser pour la cuisine. Et maintenant qu'elle avait senti et reconnu l'odeur, Coralie avait envie de se sustenter. Ce n'est pas croyable songea-t-elle en retirant la couette qui la protégeait du froid ; Ahmed allait faire d'un moment à l'autre son apparition dans cette chambre et elle, à l'orée de la mort, elle ne pensait qu'à se nourrir.

Coralie descendue du lit, et ne pu s'empêcher de grimacer dès que ses pieds frôlaient le sol froid. 

Balayant la pièce du regard, Coralie compris que si elle voulait se repérer dans cette pénombre, il va falloir aller à quatre pattes. Tout suite, Coralie rampa dans la direction de la pénombre. Le sol était froid et mordant. Sur son chemin, Coralie rencontrait des coussins et quelques meubles placés de travers. Une fois plus près de cette odeur, Coralie s'agrippa à l'accoudoir d'un meuble pour se relever. La texture était telle des muscles enrobés dans un tissu glissant, toutefois, elle n'y tient pas en compte et s'en sert pour se redresser.

- J'avoue que vos doigts sont d'une extrême douceur mademoiselle Rayahd, dit la voix glaciale avec une pointe d'humour.

Coralie sentie son coeur raté un battement, puis elle tenta de se relever pour s'éloigner. Mais ça, c'était sans compter sur la rapidité du cheikh qui la rattrapa vivement par le bras pour l'immobiliser. Au même moment, la pièce fut illuminée d'une lueur vive, qui dévoila au passage le visage du cheikh. Apeurée, Coralie tenta à nouveau de se dégager de son emprise, mais peine perdue.

- Quelle tempérament, fit-il remarquer.

Coralie observait son inconnu froncé des sourcils tout en la dévisageant sans vergogne. Pourquoi était-il là ? Que cherchait-il?

- Laissez-moi je vous en prie, implora Coralie en comprenant qu'elle ne peut rien contre lui. Dites-lui que je ne veux pas de sa couronne, je suis même prête à disparaitre, je..

- Croyez-moi, vous et moi allons lui prendre cette couronne, et ce peu m'importe si vous le voulez ou non. Mais ça, on en reparlera demain, répondit Djamel d'une voix dure. Pour le moment, je ne vais pas vous laisser renverser cette nourriture comme vous l'aviez fait ce matin. Zahra s'est donnée beaucoup de mal pour réparer vos bêtises.

Ébahie, Coralie observait l'inconnu lui parler sans savoir quoi répondre. Sa bouche s'ouvrit mais aucun son ne pu en traverser.

- Je suis... Je veux...

Djamel observait la jeune femme se perdre entre ses mots. En entrant dans la pièce un peu plus tôt, prêt à la trainer jusqu'à son bureau, il fût surprise de la voir allongée au sol sur le tapis, plongée dans un sommeil profond. Cette image l'avait toute suite calmer. De toute façon, elle n'avait rien demandé de tout cela. Elle n'était qu'une victime, tout comme Gabrielle.

- Je voulais juste manger, réussit-elle à dire d'une voix apeurée.

Ainsi donc elle ne voulait que manger ! 

Djamel se laissait prendre  par la beauté de la jeune Rayahd. Ses lèvres vermeilles et pulpeuses, sa longue chevelure à présent rousse.. Djamel revint à la raison en voyant les yeux de la jeune femme se couvrirent de larme.

- Pas de pleurs mademoiselle Rayahd, ça peut me mettre en colère, menaça Djamel en la pointant du doigt.

Coralie hoqueta en acquisant vigoureusement de la tête. Cet inconnu était dangereux, elle le savait. Il l'a dépassait d'une bonne longueur en taille, et son language était fort troublant. Debout, sur le qui vive et aussi droit que possible, Coralie n'arrivait pas à se soustraire à son regard.

- Assoyez-vous, ordonna Djamel en traînant la jeune femme jusqu'à un fauteuil en face des assiettes. Je suis le cheikh Djamel Chaccour, je dirige ce royaume.

Son regard était dure et insistant. Tête levée, Coralie observait l'homme sans vraiment l'écouter. Une sueur froide quitta sa tempe pour sonner sa fin. Morte de peur, Coralie recula contre le dossier du fauteuil et s'entoura de ses bras. Que faisait-elle dans le royaume voisin et que lui voulait-il...

- Peu importe, répondit Coralie le visage abattu. Que je sois votre prisonnière ou la tienne, c'est pareil, je suis dans le désert de Mélith.

La récréation était terminée songea Djamel. Il avait une guerre à gagner et n'allait certainement pas se laisser distraire par les humeurs d'une petite fille pourrie et gâtée. Sans rien ajouter, Djamel lui lança un dernier regard avant de s'en aller en direction de la porte, la laissant seule.

- Vous faites bien de me craindre, lança Djamel sur le pas de la porte. Désobéissez moi une seule fois, et la pendaison serait probablement votre dernier souci.

Coralie observa l'inconnu disparaitre derrière la porte, tandis que ses derniers mots lui glaçaient encore le sang. Les mains moites, Coralie resta dans le fauteuil toute tremblante, laissant les larmes dévalées en cascade sur son visage. Ses sanglots entrecoupées se rependaient en écho dans la pièce, étouffant même le son de crépitement du bois qui provenait du bas. Quel malheur, songea-t-elle en se levant sur ses pieds.

Coralie resta là, debout au milieu de la pièce jusqu'à ce que les bruits de pas de cet homme, ne disparaissent complétement du couloir. Un millier de frison là parcourait. Elle n'était plus en Grèce; elle se trouvait à présent dans le désert de Mélith, prisonnière d'un cheikh... Très insolent.

Tandis que la tristesse, l'angoisse poursuivaient leur monter en croissance, la faim qui l'a tiraillait s'evapora et Coralie se dirigea vers le lit qui trônait au centre de la pièce, et s'allongea en position fœtale. Le matelas était confortable, et elle senti son corps tout entier se détendre. Le vent frais poursuivait son ascension à travers la fenêtre et maintenant que la lumière était revenue, elle pouvait bien rabattre les stores, mais Coralie était épuisée. Mentalement et physiquement, elle n'avait plus assez de force pour quoi que ce soit, ni même de tirer sur la couette pour se mettre au chaud. Tandis que ses pensées erraient dans le film de sa triste vie, Lentement elle s'endorma, les paupières alourdis par si tant de nouveautés.

Derrière les dunes de MélithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant