Chapitre 9

209 34 0
                                    

           
    
- Ayez une bonne nuit madame ! Lança la servante avant de rabattre la porte.

Coralie émit un soupir lasse et se releva légèrement de son lit pour s'adosser à la rambarde. Pensant que passer des heures entières dans le jardin, aussi magnifique que apaisant allait suffit pour la soulager, c'était avec une grande déception qu'elle avait regagné sa chambre après le coucher du soleil, le coeur aussi lourd qu'à leur retour de Kerath. Dès qu'elle avait ouvert la porte d'entrée, elle y avait vu une servante qui s'acquittait minutieusement de ses tâches, mais elle fût très vite déçu en remarquant que cette dernière n'était pas Zahra.

Assise toute seule dans cette pièce et plongée dans le noir, Coralie peinait à s'endormir. Solange lui manquait, sa voix enjouée et sa désinvolture face à n'importe quelle situation, lui manquait atrocement. Certainement si elle était ici, elle aurait déjà trouvé une solution miracle. Pire encore, elle l'aurait même supplier de livrer Ahmed Rayahd à ce cheikh et par suite, de se livrer à toutes sortes de bêtises avec ce dernier. Mais ce n'était pas tout. Les révélations du cheikh sur la mort de certains des brûlés vifs, revenaient en boucle dans son esprit, la laissant toute frissonnante d'effroi, dans cette pièce timidement éclairé par la lueur orangée de la lune. La nuit tombée avait rendu la fenêtre opaque, et des ombres formidables s'entassaient dans les coins de la chambre, où avec l'oeil de la peur, Coralie eût vu aisément s'agiter et grouiller des formes monstrueuses. La jeune femme ramena instinctivement la couette sur ses épaules avant de se passer une main dans ses cheveux détachés. Nul repos pour elle cette nuit si elle ne trouvait pas toute suite une solution, songea-t-elle tristement.

Dans le noir, Coralie en arrivait presque à se sentir coupable. Coupable de trop grand crime et coupable des prochains coups malsains qu'allait encore mettre en oeuvre Ahmed si jamais on ne l'arrêtait pas dès à présent. Car oui, Coralie connaissait assez son frère pour deviner aisément qu'il en fera d'autre. Les yeux hagards, et ne trouvant rien pour se défendre contre les voix imaginaires et accablantes des fantômes de ces brûlés vifs, Coralie se dit qu'avec la réflexion et en se remettant de cette tristesse, il lui viendrait sans doute une solution. Mais à peine avait-elle songé cela, que déjà, une idée lui passa soudain par l'esprit et une lueur d'espoir s'alluma dans ses yeux. Le seul moyen de se sentir mieux, était d'aller à la source de tout ses problèmes, le cheikh. Coralie devait absolument s'entretenir avec le cheikh, afin de rassembler les pièces manquantes de cette histoire, car elle en était certaine, il manquait des informations qu'elle n'avait pas. De plus, une question lui brûlait atrocement les lèvres.

C'est alors qu'elle quitta le lit précipitamment sans manquer de tomber et déboula devant la fenêtre en trombe. Le bureau du cheikh était encore bien éclairé, signe qu'il y était encore. Mais que pouvait il bien y faire à cette heure de la nuit en délaissant son épouse en cette nuit si froide ? Songea Coralie le regard fixé sur le balcon du cheikh. Très vite, elle fit dos à sa fenêtre et quitta sa chambre à grands pas. Étant encore très motivée une dizaine de minutes plutôt, Coralie sentie tout son courage la quitter lorsqu'elle s'engagea dans le couloir qui bordait le bureau du cheikh. Le couloir était vide, laissant le bruit de ses pas se répandre en écho. Elle grimaça une fois devant le bureau grand ouvert, craintive d'y pénétrer.

- Entrez mademoiselle Rayahd, Lança la voix glaciale du cheikh depuis l'intérieur du bureau.

Comme happée par le son de cette voix, Coralie entra dans le bureau et le vit confortable adossé au rebord de son balcon.

- Pourquoi ne dormez-vous pas encore ?

Caroline fut déstabilisée par l'intérêt étrange qu'il lui portait aussitôt, vu que, elle aurait juré qu'il lui en voulait terriblement cette matinée.

Derrière les dunes de MélithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant