Chapitre 6

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Debout devant sa fenêtre, son corps frêle souffrait du vent impétueux qui soufflait sur la cour à grand coup, faisant danser les pans de sa nuisette blanche ainsi que les mèches rousses de sa rude chevelure. Coralie frissonna, puis s'entoura aussitôt de ses bras pour protéger ses épaules dénudées des flots agités que lançèrent ces bourrasques. En effet, la jeune femme avait quitté son lit dès lors qu'elle avait aperçu à travers les volets de sa fenêtre, les premières couleurs de l'aurore teintées le ciel.

Son regard parcouru de long en large la cour calme sur laquelle brûlait les derniers brasiers avant d'être harper involontairement, discrètement, par le balcon qui bordait le bureau du cheikh. Il était vide, remarqua la jeune femme avec une pointe de déception dans l'âme. Aurait-elle aimé l'y trouver ? Après la soirée hautement désobligeante qu'elle avait passé en sa compagnie hier, Coralie ne savait ni à quoi s'attendre de sa part, ni sur quel pied il fallait danser avec cet homme. La vérité était que contrairement à Ahmed, le cheikh Djamel avait mille facettes et il n'en dévoilait que ce qu'il désirait bien laisser voir, songea Coralie en détournant le regard de ce balcon au mille tentations.

Ahmed lui, n'était qu'un idiot. Un homme vil et vantard avec un esprit faible et une âme peu profonde. Il ne fallait que quelques secondes en sa compagnie pour déterminer sa nature malsaine et sournoise. Il était un homme prévisible et dont la folie ne lui offrait nulle alternative pour dissimuler ses réelles pensées. Coralie était habituée à ce genre d'homme. Le genre d'homme en qui on pouvait lire les motivations comme un livre ouvert. Et c'était d'ailleurs ce qui l'empêchait de faire confiance en ce cheikh, diaboliquement terrifiant, songea Coralie en se mordant l'intérieur de la joue.

Il la voulait présente à ses côtés afin de vaincre Ahmed et après cela elle sera libre. Il l'avait dit, mais était-ce vrais ? Ahmed lui-même ne l'avait pas fait miroiter à tord cette liberté or il l'a conduisait sur son lieu de pendaison ? A cette pensée, Coralie plissa involontairement le front tandis qu'un frisson lui électrifia la peau. Peut-être qu'elle devrait profiter de la sortie d'aujourd'hui pour s'enfuir loin de toutes cette agitation, songea Coralie en jettant à nouveau un regard au balcon du cheikh. Mais toute suite, cette idée fut avortée. Cet homme la retrouverait très vide. Une chose était certaine, il n'était pas un homme aimable. Non, s'écria Coralie intérieurement.

Sur la liste de ses défauts, on pouvait citer entre autres, son regard noir abyssal et totalement impassible ; sa posture trop stricte ainsi que sa voix glaciale qui lui donnait des frissons sur tout le corps. Coralie qui, jusque là comptait tout celà sur le bout de ses doigts, s'arrêta net lorsque le rire guttural qu'avait laisser entendre le cheikh hier lui revient en mémoire.

- Je devrais mettre aussi cela sur la liste, se murmura Coralie pour elle même.

Ce cheikh n'était pas gentil, il aimait la confondre et était d'une extrême arrogance nota Coralie comme un repère, un point sur lequel s'en tenir. Toute la nuit d'hier, après son dîner, elle y avait pensé. Le visage impassible du cheikh tandis qu'il parlait sans vergogne de sa lingerie la rendait encore toute fébrile jusqu'à cet instant. Ô Dieu, et quel dessous d'ailleurs ! Songea Coralie en se redressant de toute sa taille. Après un moment tranquille à tenter tant bien que mal de faire le vide dans sa tête, Coralie ne réussit qu'à s'embrouiller plus encore.

Lasse de cet état pensif, la jeune femme inclina silencieusement son regard vers l'étendue de sable fin, aride et mobile qui formait le désert. Sous son regard conquis, elle observa le vent impétueux soulevé de petites couches de sable dans les airs avant de les soufflés contre les dunes. Le paysage maritime de l'île lui avait fait presque oublié de quelle beauté pouvait se montrer cette terre aride à la couleur sableuse sous un ciel tantôt azure et tantôt flamboyant.  Coralie laissa échapper malgré elle un sourire, honteuse de trouver encore un certain charme à ce paysage. L'odeur des fleurs rafraîchis par la rosée, s'infiltra dans sa chambre par l'arrière, et elle l'inspira avec une langueur dérisoire.

Derrière les dunes de MélithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant