Chapitre 3 : Des Fantômes dans l'École

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- 15 septembre 2025 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Ayden avait senti le souffle contre sa nuque, entendu son nom. Il savait ce qui se trouvait derrière lui. Il était seul, abandonné à l'obscurité silencieuse de l'immense bibliothèque. Il se leva d'un bond et se retourna d'un même mouvement. Dans le recoin le plus sombre de la petite pièce, une errante blanche et translucide flottait. C'était une femme aux yeux exorbités, le visage à demi caché derrière de longs cheveux raides. Elle le fixait, la tête inclinée. Un chuchotement cave passa la barrière de ses lèvres :

Ayden...

— Laissez-moi tranquille, gronda-t-il sans assurance.

Ayden... continua-t-elle en flottant doucement vers lui.

— Qu'est-ce que vous voulez ? Je... je vous ai chassée ! Définitivement !

Il reculait et elle se rapprochait, tendant ses mains tordues vers lui.

Ayden...

Son avancée devint plus rapide, ses appels plus pressants et le jeune homme persistait à reculer, terrifié.

Ayden, Ayden, Ayden !

Les doigts osseux effleurèrent son visage en trainant derrière eux un air glacé. Les lampes astrales vacillèrent et s'éteignirent. Une noirceur totale s'abattit alors et le pauvre mage, horrifié, ne voyait plus. Était-elle loin ? Était-elle proche ? Devant ou derrière ? Sur le côté ? Il faisait noir. Si noir ! Comme dans une tombe.

AYDEN !

La voix pleine se dédoubla et tomba dans des graves inhumains. Les mains froides se refermèrent sur sa gorge et il poussa un cri de terreur.

Ils viennent Ayden ! Ils viennent pour toi !

— Laissez-moi ! Revert-tere ! Ad velum...

Méfie-toi d'eux Ayden ! Méfie-toi de ceux qui louent le mauvais...

Velum mundi ac deorum revertere !

AH ! Le mauvais mage !

Ad alium mundum !

Une rafale puissante entraina loin de lui la poigne glacée et le souffle mort, un bruissement étouffé acheva le silence et fit tomber l'inertie. Les lampes astrales se rallumèrent d'un coup. Le jeune mage réalisa qu'il était assis à même les dalles, loin de la table où il avait étudié. Son pouls battait la chamade, une goutte de sueur roula le long de son dos et il s'aperçut qu'il avait cessé de respirer. Il prit une grande gorgée d'air et sa poitrine se décrispa difficilement pour l'accueillir. Tout juste remis du choc, il se leva, attrapa ses affaires et les fourra précipitamment dans son sac, qu'il emporta à toute volée en quittant la pièce endormie.

Cette nuit-là, il traversa l'école au pas de course, jetant régulièrement des œillades inquiètes par-dessus son épaule. Il s'était couché mais n'avait presque pas dormi, se contentant de fixer l'obscurité d'un œil large. Rien n'avait pu le rassurer, ni la clarté de la lune factice éclairant l'illusion de jardin qu'il avait créé sur son paravent, ni la respiration régulière de son abruti de colocataire. Il l'avait chassé, mais elle pouvait revenir. Les errants revenaient toujours. Ils étaient derrière lui, constamment, comme une ombre.

Je suis maudit, pensa-t-il. Maudis pour toujours.

— Monsieur Somedarme, serait-il possible que vous restiez concentré pendant mes cours ? La salle de classe n'est pas un dortoir.

Alliance et MortalisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant