Chapitre 15 Partie 1 PDV de Punk

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Quand son cœur est reparti, j'ai enfin repris mon souffle, que je n'étais même pas conscient d'avoir retenu. Tout s'est enchaîné sans que je puisse intervenir, j'ai entendu "pronostic vital engagé, perte de sang trop abondante, transfusion d'urgence ". Je sais ce que cela signifie sans être médecin : je risque de perdre ma femme. A l'hôpital, je l'ai suivie le plus loin possible, mais il était évident que je serai obligé de la laisser, ils m'ont largué au milieu du couloir, la porte s'est refermé sur l'amour de ma vie, l'engloutissant sans aucunes certitudes que je puisse la revoir vivant. 

Une infirmière passant dans le couloir m'a conduit à la salle d'attente où je me suis laissé glisser contre le mur, vidé de toute énergie. Le temps passant la salle s'est emplie des membres de ma famille. Même avec un genou à terre, on se soutient. D'abord, c'est mon père qui s'est assis par terre, appuyant son épaule contre la mienne ; il m'a annoncé la mort du prospect qui gardait l'entrée, le pauvre gamin n'a eu aucune chance, puis il m'a dit que Vincent était mort, fauché par la balle qu'il a prise pour sauver Céleste, et que Viscious s'était barré. Clara est en salle de suture, elle a reçu une balle perdue dans le bras, et un des nomades est en pleine opération ; il a pris une balle dans le ventre et se trouve dans un état critique.

Du côté de nos ennemis, il y a cinq mort sur la dizaine qu'ils étaient. Je ne m'étonne pas d'apprendre qu'Angel est parti seul à la poursuite de Viscious, mais j'ai la trouille de ne pas pouvoir assurer ses arrières, comme on le fait habituellement.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là comme un con, le cul par terre, mais maintenant la salle d'attente est remplie par notre grande famille anarchique qui aujourd'hui a subi une des pires attaques depuis les vingt dernières années. Je regarde autour de moi et je vois le désespoir de ma Fiona en train de consoler Céleste, elles pleurent, blotties l'une contre l'autre, la perte de Vincent. Mon père m'a dit que Doc avait dû endormir Thomas, car il refusait de lâcher le corp de son mari. Fight est resté auprès de lui pour le surveiller. Maya tient Clara dans ses bras, elle est pâle et porte un bandage au bras, mais c'est la colère qui domine dans son regard. 

Puis toute cette tristesse, cette douleur devient étouffante, j'ai l'impression de mourir, il faut que je sorte. Je cours jusqu'aux chiottes, j'ai juste le temps d'arriver que je gerbe mes tripes et boyaux. Les spasmes me transpercent le corps, mon estomac est vide, mais il continue de me torturer. Je me traîne jusqu'au lavabo, le sang de ma femme est partout, sur mes mains, mes bras et brûle ma peau comme de l'acide. Je me frotte sous l'eau et je vois son sang disparaître dans le siphon, mais ce n'est pas assez, je gratte ma peau de mes ongles, traçant des sillons ensanglantés. Mes larmes coulent, je suffoque, je ne peux pas vivre sans elle, j'ai l'impression que mon univers explose. Deux bras me saisissent et me plaquent contre un corps massif. Je ne me débats pas, je n'en ai plus la force, mais je reconnais rapidement l'odeur familière de mon père qui m'apaise comme quand j'étais gosse et que je faisais des crises. Il me réconforte et j'entend dans sa voix les sanglots qu'il a jusque là contenus, mais aussi le regret, nous allons de nouveau lui et moi avoir une grosse discussion douloureuse, mais pas maintenant. 

Quand j'arrive à nouveau à respirer normalement et que mes larmes se sont taries, nous rejoignons les autres ; nous sommes à peine installés qu'un docteur et son infirmière font leur entrée. Je me lève, tel un robot, j'ai tellement peur de ce qu'il va m'annoncer que mon cerveau se met sur of ; je vois ses lèvres articuler des sons, mais je ne comprends pas le sens des mots qui sortent de sa bouche .

Angéline : " Punk, tu as entendu ce qu'a dit le docteur ? "

Je la regarde un instant sans comprendre, elle me secoue légèrement et me sort du brouillard où je m'étais réfugié. Elle prend mon visage entre ses mains, son regard plonge dans le mien, son toucher m'apaise, comme quand Sanaé me consolait quand j'étais petit.

THE ROAD DEVILS Tome 2 PUNKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant