— Ah ! Erza, Delphine, vous êtes là. Je souhaite que vous entendiez ce que j'ai à dire...
Berny est mon responsable, il est petit et trapu et le peu de cheveux qui lui reste se réunit au centre de son crâne. Il a des yeux bleu vif et impose avec sa voix de baryton.
— Les filles, j'ai quelque chose à vous dire. J'ai reçu un appel des forces policières de la ville voisine, il s'avère qu'un fou furieux court dans les rues et agresse les jeunes filles à la fermeture.
J'écarquille les yeux, surprise par cette annonce. Mes collègues commencent à s'agiter et paniquer, créant un bazar monstre dans la pièce. Les trois cuisiniers sont là aussi et écoutent la conversation avec un très grand intérêt, la mine sombre.
— Un peu de silence s'il vous plaît, reprit Berny en essayant de calmer sa troupe. Je comprends votre soudaine peur mais nous sommes présents, l'homme sera probablement arrêté rapidement. En attendant, j'ai aménagé les horaires de tout le monde. Le restaurant et bar fermera ses portes à 22 heures au lieu de 1h comme prévu jusqu'à tant, qu'on soit tous en sécurité. Nous sortirons tous ensemble et chacune rentrera chez elle sans crainte.
Delphine me jette un regard alors qu'elle demande des précisions à notre responsable. Je suis très surprise d'apprendre une telle nouvelle, généralement il ne se passe rien d'exceptionnel dans notre petite ville.
C'est très étrange...
Cet homme. Qui est-il et que fait-il aux jeunes filles ? Une agression sexuelle ? Verbale ?
Mes poings se serrent et un goût amer inonde ma bouche, je suis dégoutée de voir que des crapules de ce genre existent encore. La femme est l'égale de l'homme et non à sa soumission. Et profiter d'une demoiselle en détresse est dégueulasse. C'est pour ça que je rêve d'intégrer le FBI, d'enfin faire prôner la justice sur des faits d'hivers et de tout genre. D'arrêter les criminels et de protéger mes prochains.
Les filles sont effrayées par cette telle annonce et nous prenons chacune notre poste, stressée. Je reste silencieuse et me dirige vers le comptoir du bar, ce soir c'est là que je vais travailler. Personnellement, je ne suis pas inquiète pour moi, je sais me défendre et la peur ne fait pas partie de mon vocabulaire. Néanmoins, je suis nerveuse pour les filles et à la fermeture, je serai à côté d'elles.
Delphine est avec moi ce soir, elle va faire la serveuse pour le côté-bar. Des hommes commencent à entrer et me prennent des bières, je prépare les commandes avec rapidité, ayant toujours un œil sur ceux qui rentrent. Pour l'instant, ce ne sont que des habitués. Mais, comme on dit, « il faut se méfier de l'eau qui dort ». Alors j'observe et je surveille, de là où je suis j'ai une vue d'ensemble sur la salle.
Entre deux commandes, Delphine vient à côté de moi et me souffle :
— Les filles sont très effrayées, que penses-tu de cette histoire ?
Elle m'interroge du regard et je laisse échapper la première idée qui traverse mon esprit :
— Ce mec va passer un sale quart d'heure s'il s'approche de nous.
Je pose mes mains à plat sur le comptoir et, tendue, je fixe les gens qui boivent avec entrain.
— Erza, ce n'est pas à prendre à la légère. S'il vient vraiment nous agresser, ou imagine Claire ? C'est la plus jeune, elle est incapable de se défendre.
— Je ne prends rien à la légère, je rajoute en secouant la tête, incrédule. Tu sais très bien que si cela doit arriver, je serais là pour l'arrêter.
— Fais attention, à chaque fois que tu parles comme ça, j'ai peur pour toi et...
Elle ne termine pas sa phrase, car elle est interpellée par un homme pour une commande et revient juste après pour me la souffler. Je me sers d'un verre à bière et y verse le liquide, illico presto. Aussi vite demandé, aussi si vite reçue. C'est pour ça que Berny me laisse prendre les commandes du bar, je suis plutôt rapide. En parlant de lui, il vient de passer dans la salle et observe avec silence.
Mon regard croise le sien et je hoche la tête pour lui assurer que tout va bien et il disparaît.
Vivre dans l'insécurité et la peur n'est pas une vie et j'espère que cette histoire va se terminer avant que l'on ferme. Berny n'en a pas parlé, mais j'en suis persuadée que cela va arriver. Certaines de mes collègues ont des problèmes financiers et je n'ai pas envie qu'elles se retrouvent à la rue.
***
Le service se déroule sans encombre que ce soit du côté-bar ou du côté restaurant, à 22 heures pile nous fermons les portes à clé. On s'entasse tous dans le vestiaire et un grand silence s'installe, on ressent la peur de tout le monde. L'adrénaline commence à parcourir mes veines et je me change en première, menant la marche. Je retrouve Berny et les trois cuisiniers à l'avant et on sort en premier.
La lune est haute dans le ciel, nous permettant de voir parfaitement la rue et le parking. Tout semble normal et je laisse les filles passer. Elles me souhaitent une bonne soirée et Claire s'arrête au bord de la porte, pâle. C'est une jeune adolescente, petite avec des cheveux blonds et des pupilles azur. Elle est jolie et ressemble à une poupée.
— Un problème ?
— Je rentre à pied car j'ai que 5 minutes de marche, mais là, j'avoue que je n'ai pas forcément envie, lance-t-elle en serrant son sac à bandoulière. J'ai peur Erza. Imagine si ce mec vient nous attaquer.
— Je ta raccompagnerais tous les soirs, tu sais que ce n'est pas prudent d'être seule ?
Elle approuve d'un hochement de tête et devient cramoisie.
— Je n'ai pas les moyens de passer le permis ni de m'offrir un taxi. L'apprentissage ne paie pas assez...
Je hoche la tête, compréhensive. Je n'ai jamais eu de soucis d'argent puisque mes parents m'ont toujours aidé financièrement. Je décide de prendre Claire sous mon aile.
Je la raccompagne chez elle, marchant à côté de ma moto et rentre chez moi à la suite.
Tout s'est bien passé ce soir, il n'y a eu aucun encombre.
Sauf que, je ne remarque pas ces yeux luisants qui m'observent...
VOUS LISEZ
Erza Eveel
ParanormalPREQUEL BLACK MOON Erza est une jeune femme de 22 ans comme toutes les autres, à une exception près. Elle aspire à un seul but ; aider les plus faibles et faire régner la loi. C'est dans cette idée qu'elle tente de s'engager dans le FBI mais on lui...