Chapitre 1

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6 ans auparavant

Je ressors du bureau et aussitôt, mes épaules s'affaissent. Je retiens même un sanglot qui termine au fond de ma gorge. Il est hors de question que je me laisse submerger par mes émotions.

Encore une défaite.

Je viens de me faire refuser à ce job que je convoitise, ce n'est pas la première fois et loin de là...

Je chiffonne les documents récupérés et les jette à la poubelle, prévue à cet effet.

Mon regard se lève en direction de ce bâtiment qui impose par sa grandeur et son intitulé.

« FBI »

Je grince des dents en essayant de rester calme, voulant à tout prix quitter les lieux.

J'en ai ma claque.

Je tente d'entrer dans un FBI depuis pas loin de 2 ans, mais on me refuse ma place. Pourtant je suis motivée, j'ai réussi à faire des stages. Mais je pense qu'une nana frêle ne leur convient pas, ils préfèrent des hommes.

Bandes de machos.

J'ai probablement le même poids qu'un mec même si je n'en ai pas l'air.

Depuis enfant je pratique des sports de combat, la boxe, le judo, le karaté et j'en passe. J'aime cette adrénaline. Ce sentiment d'excitation quand je croise le regard de mon adversaire. Je n'ai toujours qu'une envie ; celle de remporter la victoire.

Je me débrouille plutôt bien, au moins on ne me cherche pas des poux dans la tête.

Voilà pourquoi je me bats sans relâche pour entrer au FBI, je n'ai peut-être pas fait les études ou les formations pour. Mais je le veux. Défendre la population est devenue une obsession, j'ai l'impression d'être toujours aux aguets. Comme ma mère le disait, je suis une mini justicière depuis que je suis haute comme trois pommes. J'ai ça dans le sang...

Je sais qu'un jour on m'acceptera et que, enfin, je pourrais faire le métier de mes rêves. En attendant, je travaille dans un bar/restaurant pour me faire un peu de sous et payer mon loyer. J'ai quitté le cocon familial depuis bien longtemps, emménageant en Amérique du Nord. Mes parents habitent loin, mais on s'appelle régulièrement. J'ai toujours été solitaire alors, je ne ressens pas ce besoin de contact.

Ils s'inquiètent trop pour moi.

Je ne suis pourtant plus une frêle adolescente, mais une jeune adulte de 22 ans.

Je soupire en observant une dernière fois la porte, je peux toujours y entrer et insister. Seulement, ce refus est catégorique. Même en forçant je n'obtiendrai pas ce que je désire. Du moins pas aujourd'hui ; je suis du genre à être têtue et ne rien lâcher.

Un coup d'œil à mon téléphone me confirme que mon heure d'embauche approche. Je soupire une nouvelle fois et me dirige vers le parking.

Je grimpe sur ma moto, et enclenche le contact. Je sens la puissance entre mes cuisses et j'aime ça, ce besoin d'avoir le contrôle. Dès que j'ai pu passer mon permis, je me suis jetée sur les cours d'apprentissage pour aujourd'hui, conduire une magnifique bécane aussi sombre que la nuit. Elle est splendide.

Sauvage et forte.

J'enfile mon casque et me voilà en train de rouler vers le bar où je travaille, je n'aime pas être en retard alors j'accélère.

Lorsque j'arrive, je me gare sur le parking des employés et descends de ma moto, j'ai les cheveux tout aplatis. Je tente de mettre de l'ordre dans ma chevelure rousse rebelle et me dirige vers l'entrée.

Dans le vestiaire, je croise ma collègue avec qui je m'entends le mieux ; Delphine. C'est une brune aux yeux bleus, un sacré bout de femme avec une bonne humeur constante. Elle m'accueille avec un large sourire, mais il s'efface bien vite en remarquant ma peine.

— Salut Erza. Tu as reçu une réponse négative ?

Elle sait pour mes demandes d'entrer dans un FBI, je lui ai relaté les faits. Elle me soutient, me poussant à ne rien lâcher et qu'un jour, mes espoirs finiront par se réaliser. Seulement la déception est présente à chaque entretien.

— Oui, ils ne veulent pas de moi. C'est très prisé comme domaine, je lui rappelle en claquant ma langue d'un air désapprobateur. Je sais que j'ai les compétences.

— Je le sais aussi. Tu vas y arriver, les efforts payent tôt ou tard.

Tout en parlant, elle dépose sa main sur mon épaule en me fixant droit dans les yeux pour m'apporter son soutien. J'apprécie sa détermination et me dis qu'elle a raison et que jamais je ne laisserais tomber.

— Le boss est en pétard ce soir, lâche Delphine en enfilant son tablier. Pour ne pas changer...

On rigole toutes les deux alors que je mets un jean, un pull et mon tablier de serveuse. Je dépose ma tenue en cuir sur un cintre et ferme mon casier, pensive.

Je travaille dans un bar, situé dans une petite ville paumée d'Amérique. Néanmoins, il a une bonne fréquentation et l'ambiance est joyeuse. Bien que le responsable soit lunatique et souvent colérique, nous formons une équipe du tonnerre.

Si je n'avais pas ce désir d'aller dans un FBI, je serais probablement restée sur ce lieu de travail pendant quelques années. Je m'entends avec tout le monde, bien que je sois la dernière arrivée d'il y a quelques mois.

On attache nos cheveux et on entre dans la salle, le bar fait également restaurant le soir et il affiche complet aujourd'hui. En grande majorité la clientèle est aimable, mais parfois lorsque les hommes ont bu sont lourds et insistants. C'est là que j'entre en jeu et protège mes collègues. Nous sommes 10 au total et elles sont pratiquement toutes plus jeunes que moi, Claire est la benjamine et à 16 ans. Elle est en apprentissage pour travailler dans la restauration donc, c'est naturellement que je la protège comme une petite sœur.

Il n'y a personne dans la pièce et on se dirige vers les cuisines où des éclats de voix se font entendre. En effet, tout le monde est autour de mon responsable Berny.

Curieuse, je m'y approche. 

Erza EveelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant