Prologue

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« Cours ! », me répétais-je sans cesse. « Plus vite ».

Mon manteau claquait et le vent me fouettait le visage. Malgré la douleur lancinante à ma cheville droite, j'accélérai encore. À bout de souffle, je n'aurais pu continuer si je n'avais pas été dopée par l'adrénaline. Mes pas résonnaient sur le bitume. Les siens aussi. Les rues étaient désertes et froides. La nuit était tombée depuis bien longtemps déjà. Sentant qu'elle gagnait du terrain, je savais que je ne la battrais jamais par la vitesse. Il fallait la semer, et vite. Je tournais vivement dans des ruelles, sautais des barrières, empruntais des raccourcis. Rien n'y faisait. Elle me suivait toujours. Désespérée, je me ruais dans un recoin entre deux immeubles. Je courus aussi vite que possible, faisant tout pour la distancer. Mais d'un coup, je reçus un choc violent au visage. La douleur explosa dans mon crâne, et je sentis le goût métallique du sang dans ma bouche en m'écroulant au sol. Je relevais la tête et je crus mourir de terreur. J'avais heurté un mur. J'étais dans un cul-de-sac. Terrorisée, je regardais derrière moi. Elle était là. Et elle me fixait de ses yeux rouges et brillants d'une fureur bestiale dans l'obscurité.

Je m'adossai contre le mur, complètement acculée. Elle fit quelques pas vers moi, et un rictus s'étendit sur ses lèvres. Sachant qu'il ne me servait à rien de hurler, je tentais le tout pour le tout et essayais de la raisonner :

— Cyame, je t'en supplie... Je ne... Je ne savais pas que tu étais... Que tu étais une... Quand tu m'as dit de ne surtout pas venir, j'ai cru que tu m'en voulais et je... Cyame, je suis tellement désolée, j'aurais dû t'écouter et ne pas entrer, je...

Je sentais les larmes me monter aux yeux. Malgré tout ce que je lui disait, elle continuait à s'approcher. Elle n'était plus qu'à quelques mètres, à présent.

— Cyame ! C'est moi ! C'est Sacha !

Elle sembla se raidir quand elle entendit mon nom. Mais elle secoua la tête et parcourut la maigre distance qui nous séparait encore à une vitesse fulgurante. Elle était au-dessus de moi à présent. Et je tremblais comme une feuille. Elle me souleva sans effort et me plaqua violemment contre le mur.

Puis, sans que je puisse faire le moindre geste, elle se jeta sur moi. D'une main, elle me bâillonna et de l'autre me saisit la nuque. Un sourire carnassier s'étendit lentement sur son visage.

Je réalisais que c'était tout sauf la Cyame que je connaissais.

Alors, elle se pencha sur moi et referma ses lèvres sur mon cou. Ses canines pénétrèrent dans ma chair, provoquant une douleur foudroyante dans tout mon corps. Ma vision se brouilla et la dernière chose que je vis furent ses yeux.

Ses yeux d'un rouge écarlate.

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