Vampyr

Chapitre 6

Il était maintenant près de 16 h. La tempête faisait toujours rage à l'extérieur et la nuit n'allait pas tarder. Javier rageait. « Une après-midi de perdue ! » s'écriait-il toutes les deux minutes. D'après lui, encore à peine trois ou quatre heures de marche, et nous serions arrivés à Aria, la ville du CSV. La neige et le vent s'infiltraient par l'interstice de la grotte, bien que nous ayons tendu une couverture. Nous avons donc décidé de nous replier au fond de la grotte. Nous avions disposé les tentes en cercles et rallumé un feu de camp au centre. Et puis l'heure avait tourné, le soleil avait disparu derrière les montagnes et le mince filet de lumière qui nous arrivait depuis l'entrée de la grotte s'était évanoui. Seul le feu nous procurait encore une faible lueur. Je sentais les autres légèrement nerveux. Il y avait comme une sorte de... tension dans l'air. Mais pourquoi ?

Ils se jetaient sans arrêt des coups d'œil les uns les autres, comme s'ils redoutaient quelque chose.

— Qu'est-ce qui se passe ? demandais-je au bout de quelques trop longues minutes de ce manège.

— Rien. Il faut que... j'aille vérifier quelque chose... répondit nerveusement Lund.

Alors il se leva et partit en courant vers l'entrée de la grotte. Je regardai les autres d'un air interrogateur, mais tous fixaient leurs pieds. Au bout de quelques minutes, des claquements rapides résonnèrent dans la grotte. Lund revenait. En courant.

— Merde !

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce qu'il y a ? demandais-je, de plus en plus nerveuse.

— C'est... ? commença Greg.

Lund hocha la tête.

Je pressentais que quelque chose arrivait, ou allait arriver. Bizarrement, sans que je comprenne pourquoi, mon instinct de survie me hurlait de partir en courant. Refoulant cette pensée, je souris à Cyame. Mais celle-ci ne me rendit pas mon sourire.

•••

Point de vue de : Flash

Je l'avais senti. Comme tous les autres. La vérification de Lund n'était même pas nécessaire.

Cette sensation bizarre, cette boule à l'estomac, ce frisson qui nous parcourait... et puis notre gorge, brûlante, qui ne réclamait qu'une seule chose.

Une chose que la petite brune aux yeux noisette qui se trouvait à quelques mètres de moi était en mesure de me fournir.

Un fourmillement dans les jambes. Instinctivement, je me levai. Et me pliait en deux, en proie à une indescriptible douleur à l'estomac.

Non, pas une douleur. CETTE douleur.

Il voulait sortir, il réclamait sa nourriture. Je sentis mes canines s'allonger.

Je voulus crier pour les avertir, pour qu'ils s'éloignent, pour qu'ils enlèvent de ma vue cette foutue humaine à cause de laquelle je devais user de toute ma volonté pour ne pas tout simplement lui sauter dessus...

Je le sentis peu à peu s'immiscer en moi. J'essayai de lui barrer la route, autant que je pus, mais une vague de douleur explosa dans tout mon corps. C'était trop tard. La transformation avait commencé.

•••

(Sacha)

Tout s'était passé très vite. Si vite que je n'avais absolument rien compris. Flash s'était levé d'un bond, avant de se plier en deux et de gémir, j'entendis un « cours ! Sacha, barre-toi !! » mais mon cerveau ne comprenait pas, alors je restais plantée là, sans réaliser ce qui se passait.