Vampyr

Chapitre 4

J'ouvris les yeux. Attachée à un siège à l'arrière d'une voiture, j'entendais de l'eau couler. Les airbags avant étaient déployés et ma ceinture m'étouffait. Je regardai par la fenêtre à côté de moi. Et je fus saisie par l'horreur de la situation.

La voiture était presque entièrement immergée dans l'eau d'une rivière aux bords gelés. Mais qu'est-ce que je foutais là moi ?

Je repérai deux silhouettes debout dans l'eau, à quelques mètres. Elles extrayaient des sacs du coffre de la voiture. Je regardai derrière moi.

Des jeunes qui devaient avoir mon âge étaient, eux aussi, assis dans la voiture, et ils avaient tous l'air un peu sonnés.

J'en comptai cinq, un roux aux yeux bizarres, un petit brun, un grand colosse avec une cicatrice et deux qui se ressemblaient quasiment comme deux gouttes d'eau.

Bizarre.

Décidant que je n'avais plus rien à faire ici, j'ouvris la portière de mon côté pour sortir. De l'eau glacée s'infiltra dans le véhicule. Je poussai un petit cri et la refermai.

— Sacha, qu'est-ce que tu fais ?

La voix me fit sursauter. Je me retournai et vis que la fille qui était assise à côté de moi, la jumelle, m'observait. Son visage me paraissait étrangement familier, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur son nom. C'était frustrant.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandais-je, ignorant sa question.

J'aurais bien voulu lui demander qui elle était, mais la question me parut secondaire, dans cette situation. Elle me regarda. Ses yeux étaient gris.

Elle parut réfléchir, puis répondit :

— Je crois qu'on a heurté un truc, et qu'on est tombés dans ce ruisseau. C'est Javier qui conduisait, non ?

J'allais lui demander qui était Javier, quand la porte avant du van s'ouvrit. Un homme assez âgé et barbu nous observa.

— Ça va ? Personne n'est blessé ?

Comme personne ne réagit, il tendit la main en avant et saisit le poignet du petit à la peau mate pour l'aider à sortir. Celui-ci n'opposa aucune résistance. L'expérience se renouvela avec les autres occupants du van, et je fus la dernière à l'intérieur. La fille qui m'avait précédée, celle avec les yeux gris, me tendit la main. Je l'observais en silence. Pour qui elle se prenait ? On ne se connaissait même pas ! Et puis, elle ne m'inspirait pas confiance. Je détournai la tête et sortis sans son aide.

Sa main retomba mollement et elle me regarda, dépourvue de la moindre expression.

Après avoir traversé les trois mètres d'eau glacée qui me séparait de la rive et m'arrivait à la taille, j'observais longuement les autres. Le plus vieux répétait qu'il était désolé. Le petit brun râlait, le grand costaud et les deux jumeaux restaient silencieux. Le roux regardait d'un air suspicieux un autre garçon, un grand blond avec des yeux bleus et des cernes. Je ne comprenais pas du tout quelle était ma place ici.

J'interrompis brutalement celui qui s'excusait en demandant :

— Qu'est-ce qu'on fait là ? Et vous êtes qui ?

Tous les regards convergèrent vers moi. Il y eut un silence, comme si les autres ne savaient pas comment réagir.

— Ben... on vient voir le CSV ! tenta le roux.

— Le quoi ? demandais-je, de plus en plus suspicieuse.

Tous se regardèrent entre eux. Je me sentais extrêmement mal à l'aise.