Je me réveillai au son du zip d'une fermeture éclair. J'ouvris des yeux papillonnants et regardai autour de moi. J'étais dans la tente et seule la lumière vacillante d'un feu de camp à l'extérieur l'éclairait faiblement. À côté de moi, une forme sombre. Cyame qui dormait. Sa respiration était régulière. Je me redressai et me frottai les yeux. Pourquoi m'étais-je réveillée ?
La réponse ne se fit pas attendre, un autre zip, suivit d'un froissement. Du bruit ? Si tôt ?
Je repoussai ma couette et me levai sans faire de bruit pour ne pas réveiller Cyame.
Autant aller voir ce qui se passait. J'enfilai une veste (ma cinquième épaisseur de vêtements) et m'extirpai doucement de la tente. Je croisai mes bras sur ma poitrine. Il faisait beaucoup plus froid qu'à l'intérieur. Frissonnant, je regardai autour de moi, dans l'espoir de localiser le bruit. Si c'était un renard, il faudrait changer de lieu de camp.
Soudain, je vis une silhouette sombre se déplacer rapidement à plusieurs mètres.
Je plissai les yeux, mais elle avait disparu.
Je sentis quelque chose passer près de moi. Je fis volte-face. Rien.
Je commençai à être nerveuse. La silhouette repassa derrière les tentes.
Trop rapide pour un renard. Trop chétive pour un ours.
Je frissonnai.
J'allais me retourner pour regagner la tente, quand une bourrasque me glaça jusqu'aux os. Mais surtout, elle éteignit le feu de camp. Je me retrouvai donc seule dans l'obscurité de la nuit, déboussolée. Ce n'est qu'en revoyant la silhouette plus proche que jamais, que je compris.
Pas un renard. Pas un ours. Pas un animal.
Je me mis à courir dans la direction que je pensais être celle de la tente.
Mais je courus en vain.
Pas de tente.
Juste la nuit, froide, infinie.
Je courrai encore et encore dans le noir, sans jamais rencontrer aucun obstacle, toujours dans la même direction.
Puis, brutalement, je heurtai quelque chose de dur : un arbre.
J'étais dans la forêt. La nuit.
Un flashback me revint.
La forêt, de nuit. La main de mon père.
Un souffle chaud sur ma nuque me tira de mes pensées.
Je voulus crier, mais une main me bâillonna. J'étais complètement paniquée. Je me débattais, mais il me tenait fermement. Comme mon père.
« Ne t'inquiète pas Sacha ».
Son corps était un rempart contre l'obscurité.
« Il ne nous arrivera rien. »
Je l'avais cru. La personne qui me tenait resserra son étreinte sur ma bouche. Alors, sans réfléchir, je mordis de toutes mes forces. Une voix masculine poussa un juron. Puis, il me gifla. Le coup fût tel que je fus projetée en arrière. Je me cognai violemment contre un arbre, et m'écroulai à ses pieds. Ma joue me cuisait, et j'avais le souffle court. Tétanisée. Morte de peur. Comme ce soir-là. Le dernier soir avec mon père. Sa main dans la mienne. Son sourire rassurant. Une ombre s'approcha et se pencha au-dessus de moi. Je ne distinguais pas son visage. Le visage de mon père dans la nuit. Les éclairs.
« N'aie pas peur. Ils ne te feront rien.
Mensonge. L'ombre se pencha encore. Les paroles de mon père dans la nuit. Les dernières.

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Vampyr
VampirPlongez dans une aventure saisissante mêlant mystère, rébellion et psychologie en suivant les aventures de Sacha et de la part vampirique cachée en chacun de nous... Amies depuis l'enfance, Sacha ne s'attendait guère à être poursuivie par sa meilleu...