Un signe d'espoir

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Quand Bruce leva les yeux pour regarder dans le rétroviseur, il portait son masque. Il était Batman, enfermé dans une voiture infernale. Autour de lui, le paysage était à peine visible tellement la vitesse était grande. Il fixa le vide devant lui. Le ravin, déjà ? Il entendit comme un rire résonner autour de lui. 

- Qui est là ? Hurla-t-il alors que la panique s'emparait de lui. 

Il tenta de défaire la ceinture. S'il sautait par la portière, il pourrait s'en sortir. Seulement, la boucle ne cédait pas, et il portait des gants si épais qu'il peine à manipuler la sangle. Il leva les yeux et vit l'arbre approcher. Son coeur se mit à battre tellement fort qu'il eu l'impression que sa cage thoracique allait exploser. Là, devant l'arbre, se tenait une personne, un faux à la main. C'est d'elle que venait le rire. Alors que la voiture allait s'écraser, Bruce ferma les yeux pour se préparer à l'impacte. Il la sentit, aussi fort que toutes les autres fois et son corps fut bloqué dans un piège de métal oppressant. 

- Alors Bruce, qu'est-ce que cela fait de ne plus se sentir surpuissant ? Tu n'es qu'humain après tout, n'est-ce pas ? Batman est mortel. Quel effet cela fait-il ? 

Alors qu'une angoisse insupportable s'emparait de lui, le jeune homme se mit à hurler de désespoir. Il se débattit, espérant sortir de cette voiture qui avait ruiné sa vie. Alors que la Mort, car c'était bien elle, là, devant lui, s'approchait de lui, il hurla encore plus fort, fermant les yeux aussi fort qu'il le pouvait. 

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! NE ME TOUCHEZ PAS ! fit Bruce en se redressant d'un coup, la terreur tambourinant dans sa poitrine. Quand il ouvrit les yeux, il se rendit compte qu'il était dans son lit, dans sa chambre. Il posa ses mains sur son torse. Il était couvert de sueur, mais bien vivant. 
Il se leva et s'approcha de la fenêtre et regarda dans le parc. Sur l'étang, la lune brillait et une chauve-souris passa dans les rayons lunaires, comme pour le narguer. Il soupira et se détourna de la vitre, allant s'asseoir dans son fauteuil pour attendre le petit matin dans le silence.

Depuis qu'il s'était coupé du monde, Bruce s'était également enfermé dans un mutisme qui inquiétait Alfred. Ce dernier entendait les hurlements la nuit, mais la seule nuit où il avait tenté d'intervenir, il avait manqué de se prendre un coup de poing et s'était vu chassé à coup d'insultes plus violentes les unes que les autres.
Nombre de fois il avait fait venir des professionnels qui étaient tous ressortis de la chambre du jeune homme en secouant la tête, puis en haussant les épaules dépités. Même les plus reconnus n'avaient eu raison de l'héritier Wayne.

En réalité, Bruce était rongé par la tristesse, la déception et une énorme angoisse. Celle de la mort. Ce jour-là, il l'avait vue de près, de si près qu'il avait cru mourir, seul dans le silence tempétueux de l'ouragan, dans la voiture qui avait eu raison de lui. Non seulement, il avait fait face à son humanité, mais également à sa mortalité. Il avait beau être le Batman, le sauveur de l'ombre, la vengeance, la justice : il était mortel. Sa jambe en était la preuve. Son incapacité en était encore une autre. Il se sentait moins que rien, un faiblard qui n'osait même pas faire face à sa propre douleur.
Il avait en plus abandonné sa ville, celle qu'il avait promis de protéger, Gotham.

Chaque soir, il regardait le signal illuminer le ciel. Gordon, l'inspecteur, n'avait pas perdu la foi. Il espérait toujours le retour du héros. Mais il n'était qu'un zéro, un raté. Comment cet homme pouvait encore compter sur lui ? Il n'était qu'une merde, voilà. Un tas de merde qu'on ramasse à la pelle pour la jeter dans un trou et l'oublier.

Même ses rêves avaient décidé de le lui rappeler. Rongé par les terreurs nocturnes, il revivait l'accident nuit après nuit, rêve après rêve. Il voyait la mort l'attendre à côté de cet arbre et lui sourire, pour lui rappeler encore combien il n'était qu'un humain.
Ces nuits-là, il se rendormait rarement, restant parfois éveillé des heures, le visage rongé par les cernes et l'inquiétude.
Alfred entra un jour dans sa chambre alors qu'il intimait à tous de rester en dehors, de poser les repas sur le pas de la porte et de le laisser en paix.

Where is the dark Knight ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant