Échec et mat ✍️

Chapitre 9

Le sommeil ne veut pas être mon ami cette nuit. Il n'y a que l'insomnie qui me tient compagnie. Dès que je ferme les yeux, je ne vois que la petite Madi et des souvenirs rattachés à celle-ci... Mon tête à tête avec le plafond m'aide à me contrôler pour ne pas me mettre à pleurer ou bien crier. Je me souviens que lorsque je vivais des moments difficiles ou de tristesse, mon père me disait toujours de fermer les yeux et me visualiser dans un endroit où j'aimerais me retrouver. M'inventer un havre de paix quoi! Sa technique est loin d'être mauvaise... Cependant, ça n'a plus aucun effet sur moi désormais.

Alors que je m'apprête à tenter de me rendormir pour la millième fois, bercée par le bruit du vent automnal, un grincement venant du couloir me fait réouvrir les yeux aussitôt. Au moment où je me redresse dans mon lit, j'aperçois l'ombre de Bellamy déambuler le plus discrètement possible. C'est en enfilant ma robe de chambre que je décide de le suivre jusqu'à la cuisine. Les bras croisés, je ne manifeste pas tout de suite ma présence et observe Bellamy saisir des biscuits aux pépites de chocolat qu'il s'amuse à écraser avec son poing. J'avoue que j'en profite pour me rincer l'œil devant son torse nu. Hum... En plus d'être très attrayant, il est bien roulé le joueur d'échecs!

-Tu comptes ouvrir une usine à chocolat Willy Wonka? Prononçais-je pour attirer son attention.

-Tout ce que je mange doit être séparé. Explique-t-il en triant les biscuits en mille morceaux d'un côté et de l'autre le chocolat .

-Tu gâches carrément le plaisir des cookies mon gars. Indiquais-je en m'avançant près de lui. As-tu pensé deux secondes à ta blessure avant de t'amuser à faire de la boxe avec des aliments?

-Pour une personne qui se fiche du monde entier, je trouve que tu te fais beaucoup de soucis pour moi princesse. Réplique-t-il avec un petit sourire.

-Laisse-moi y jeter un œil. L'ignorais-je en tendant la main.

À contrecœur, Bellamy retire son gant et me donne sa main. Tout en évitant de trop le toucher, je retire le bandage et constate que sa coupure avait encore saigné.

-Tu as été très chanceux, t'aurais pu avoir besoin de points de suture. L'informais-je en saisissant un linge à vaisselle pour nettoyer le saignement.

-Je m'en fiche! Des points de suture, j'en ai eu autant que Frankenstein. Marmonne-t-il en haussant les épaules.

-Un habitué des hôpitaux! Du coup, si je comprends bien, ça t'amuse de te faire du mal?

-Disons que ma tête de cinglé me pousse à m'infliger des choses absurdes.

Je lève les yeux vers mon compagnon en attendant qu'il m'en dise davantage mais à la place, il détourne le regard en gardant le silence. Bon tant pis. Je me surprends à être déçue. Comme si j'étais sa psy et lui mon client qui refuse de coopérer. Très bizarre. J'admets que je le trouve intriguant comme mec sinon je serais encore dans mon lit à me faire chier au lieu d'être ici en sa compagnie. Par contre, ce n'est pas une raison de jouer à l'amie avec lui.

Après avoir refait son bandage, je saisis son gant et lui remets sans demander sa permission, ce qui étonnamment ne semble pas trop le déranger.

-Cela doit être dur de vivre sans contact physique non?

Soupir. Tu recommences avec tes questions Clarke! Tu peux vraiment pas t'en empêcher hum??

-Pas vraiment non. À vrai dire, je ne vois pas l'interêt à cette merde. Énonce Bellamy en dégustant sa collation nocturne.

-Ça c'est parce que tu ne sais pas ce que c'est. Les contacts physiques apportent du réconfort et c'est également un moyen pour nous faire sentir aimé. Expliquais-je.