Tu n'as pas le droit

7 2 0
                                    

Ça va faire maintenant des années que je t'ai laissé faire, que je t'ai laissé décider à ma place. Ça va faire trop longtemps que tu as modifié ma route, que tu as bloqué mon vrai chemin.

Tu sais au moins ce que tu as fait ?

Tu as tout modelé à ta façon. Que cela soit mes émotions, mes histoires, mon vécu. Tu as tout changé sans que je ne m'en rende vraiment compte.
Mais depuis tout ce temps, tu as fait en sorte que je vive de la manière dont tu le concevais.

Tu as effacé les douleurs là où elles étaient légitimes d'apparaîtres, tu as mit ma vie sous silence pour tout rapporter à la tienne.

Voilà ce qu'il s'est passé. Tu n'as pas essayé de me faire vivre à travers toi, tu as tout simplement essayer de ne pas me faire vivre du tout.

Mais le temps passe, et je le vois enfin. Je me rappelle et c'est maintenant que les choses se dessinent et deviennent nettes.
Oui, enfin, j'ai réalisé quel était mon problème. Tu m'as empêcher de vivre, interdit d'éprouver quoi que ce soit.

Tout devait passer par ton ressenti, tes choix, ton avis, ton humeur de l'instant.

Et moi, dans tout ça ?
Ne suis-je qu'une excroissance de ton propre corps ?
As-tu oublié, ou alors, n'as-tu jamais remarqué que j'étais un être vivant, tout comme toi; qui avait le don de la parole et le fardeau des sentiments ?

Il faut croire que non, ou bien.. c'est parce que cela ne t'arrangeait pas.

Je t'ai laissé modifier mon histoire, mais c'est désormais fini. Je t'ai laissé prendre nos peines pour en faire les tiennes, mais c'est désormais fini.

J'ai le droit de pleurer, de crier, de me sentir en colère. Oh oui, que j'ai le droit de me rappeler des choses qui me tourmente et tu as si longtemps mit sous silence.
J'ai le droit d'en avoir marre, d'être fatigué. Oui, fatigué de taire mes émotions et de devoir porter les tiennes dès que cela te chante.
J'ai le droit de ne pas dire des choses qui t'arrange, qui vont constamment dans ton sens.

J'ai le droit de vivre.

Mais tu n'as plus le droit, au grand, plus jamais le droit de me retirer le droit de ressentir ou de m'exprimer.
Tu n'as plus le droit de modifier mes épreuves ou amoindrir mes traumatismes.
Tu n'as plus le droit d'empirer mon état et d'en rejeter la responsabilité sur moi.
Tu n'as plus le droit de me repprocher les choses que tu as encouragé. Non, plus jamais le droit de faire de mon existence ce que tu veux.

Je suis en colère, contre toi. Et c'est légitime, c'est pour de vrai. Pour tout ce que tu m'as arraché, pour les larmes qui n'arrivent plus à couler maintenant, car le temps les a fait sécher dans ma poitrine.
Pour avoir laissé mon sang bouillonner dans ma chair, sans me laisser l'espoir d'évacuer cette rage.
Je suis brûlé à vie.

Je suis triste, à cause de toi. Car j'avais besoin d'autre chose, j'avais besoin d'évoluer et non pas de me sentir tomber, encore et encore.
Trouver la cave du désespoirs où tout mes souvenirs d'avant ne sont des souffrances avec toi.
Oui, je pleure, contrairement à ce que tu crois, j'en suis capable. Oui, j'ai mal, bien plus mal que tu ne me le permettrais.
Je me suis noyé dans les abysses.

Et enfin, je ne suis que poussière dans ce monde où tout le monde semble être devenu une étoile.
Ai-je eu l'occasion d'y songer ? Lorsque tu prenais mon cœur pour le placer dans une boîte.
Celle en hauteur, sur un meuble, là où les enfants n'ont pas le droit d'aller.
Qui suis-je, pour oser dire ça ?

Je ne sais pas, mais je suis quelqu'un. Et je trouverais l'identité que tu m'as arraché pendant tant d'années.

Car, je ne reste qu'une fleurs, seule et perdue dans une grand et vaste prairie. Parfois, un oiseau y passe.

C'est peut-être cela, ce qu'on appel l'espoir.

Les mots à l'intérieur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant