Il commence à pleuvoir, aujourd'hui. Je regarde la tempête se lever sans bouger, et malgré qu'elle soit violente, elle m'émerveille plus qu'elle me ne terrifie.
Après tout, j'en ai connu des tempêtes. J'ai de nombreuses fois entendu le ciel grogner, et tend de fois, les nuages pleurer. C'est peut-être ce dont j'ai besoin, au fond ?L'odeur de la terre est apaisante, des fleurs y pousseront peut-être bientôt. Mais aussi des pissenlits dont les têtes finiront coupées.
Et je me rappelle de ce que j'ai été il n'y a encore que quelques années de cela. Qui j'étais et quel était mon but ?
Je n'en avais pas, je n'avais rien d'autres que des choses à dire mais rien à faire.
Après tout, j'étais personne. Je regardais tout autour de moi comme si je faisais parti du décors d'une scène de théâtre. Personne ne me voyait, et j'avais toujours cette impression de ne pas être à ma place."Déranger" était un mot qui me revenait sans cesse à cette époque, et que j'utilisais pour me qualifier aux yeux des autres.
Je le pensais, je le ressentais et je le vivais. C'était clair et décidé, pour moi. C'est ici que devait prendre fins mes rêves et tout mes projets.Aujourd'hui, il va encore pleuvoir et je vais continuer de regarder les nuages pleurer. Je vais continuer d'écouter le ciel gronder et je vais faire de même.
Car je suis quelqu'un, et ce sont leurs regards, leurs repproches, leurs jugement qui me dérange.
Ce sont ce qu'ils sont face à moi, ce qu'ils peuvent me faire ou me dire, c'est ça ce qui me dérange.Je ne suis qu'un être, qui a le droit de rêver et qui peut croire en ses projets, malgré la tempête qui refuse de se calmer.
À force, tout sera détruit, mais c'est le seul moyen pour espérer qu'elle disparaisse, peut-être, un jour lointain.Je fais face à celui qui me fait peur, car nous ne formons qu'un seul être. Cette forme sombre qui se glisse partout, là où personne d'autres que moi ne semble la voir.
C'est dans le miroir que nos yeux se croisent, mais il prend mon reflet pour le recouvrir de ténèbres.Aujourd'hui il pleut encore, et l'orage grogne. Le vent souffle si fort que j'en ai le souffle coupé.
Je te regarde. Tu me regardes.
Tu n'es que ce qui dors en moi, tu n'es que ce qui me fait pleurer le soir et crier le jour.
Tu n'es que ce qui s'est accumulé au fond de mon corps, tu n'es que ce qui a continuer de se nourrir de malheur, pour survivre. Tu n'es que celui qui répète les mots qui font mal. Comme un monstre, comme un mauvais rêve.Mais tu n'es que celui que j'ai caché au fond de mon coeur durant tant d'année. Celui qui a fait pleuvoir les nuages et grogner l'orage dans ma chair.
Tout en silence.
Tu es celui qui n'ait jamais parti, tu es celui qui était là depuis le début. Tu es celui qui a tout vu, et qui n'a jamais rien dit. Tu es celui qui s'est prit tant de coups mais qui s'est relevé.
Celui qu'on a brisé, celui qu'on a touché, celui qu'on a tiré au plus profond des abysses.
Tu es celui qui pleurs quand mes mots ne peuvent pas sortir.Tu es le vrai moi. Celui que l'indifférence à décidé d'extraire de son propre corps.
Et j'erre tout autour de tout. Je disparais dans les coins et rien ni personne ne peut m'entendre.
Il m'arrive parfois de pleurer ou de tout détruire dans une grande salle vide, celle que personne ne connaît.Personne ne sait ce qu'il y a dans ma tête. Ni anges, ni démons ne veulent s'y risquer, là où la pluie tombe depuis plus de vingt ans. Là où l'orage ne s'est jamais arrêter de taper, même les fois où, tapis dans les ténèbres, j'ai surpris mon propre corps entrain de rire.
Je ne reste qu'une ombre, qui attends et qui observe. Faisant trembler mon propre reflet, je tente juste de lui montrer la vérité.
Tout ce que j'attends, c'est sentir le soleil taper contre la masse sombre qui anglobe mes sentiments. Je veux me sentir disparaître et ne jamais revenir.
Entendre au moins une fois les oiseaux chanter avant de ne devenir qu'un mauvais souvenir.Seule elle doit rester.
Mais il doit reprendre sa place. Devenir ce qu'on lui a interdit et dire les mots qu'on lui a empêcher d'exprimer. Je ne suis qu'une coquille vide ayant rejeter sa propre âme.
Une femme incomplète qui a enfermé l'homme là où personne ne saura le récupérer.Il continu de regarder la tempête, sans aucune peur mais sans le moindre émerveillement.
Il n'a plus peur de rien, et c'est ça ce qui me terrifie. Car il provoque les éléments lorsque je reste en retrait.Il en a trop vu pour mourir ainsi.
Il a trop subit pour laisser tomber si facilement.
Mais il veut arrêter, je le sais au fond de moi.
Je le sais au fond de lui.La victoire sera sûrement la mort de tout ce que j'ai été lorsque j'étais encore entier.