— Delaplace dans mon bureau ! interpella la voix puissante du Commissaire de police.
Godefroy Delaplace sursauta tant il était absorbé par ce qu'afficher son écran d'ordinateur. Il se leva sous les regards des autres agents de police qui gloussaient de moqueries à son égard. Il referma la porte du bureau derrière lui et se tint bien droit attendant que le Commissaire Perrot lui adresse la parole. Il était rare de croiser un Commissaire noir à la direction d'un service de commissariat, il s'était donné beaucoup de mal pour qu'on le respecte pour ses compétences en oubliant sa couleur de peau. Il semblait particulièrement imposant assis derrière son minuscule bureau encombré de dossier de toute sorte. Le front plissé par la concentration en continuité de son crâne lisse et luisant. Il s'était quelque peu ramolli depuis qu'il avait pris ces nouvelles responsabilités, même s'il continuait à suivre un entrainement hebdomadaire le faisant paraitre plus jeune que son âge.
Le Lieutenant Delaplace commencer à s'impatienter, mais il n'en dit aucun mot.
— Il y a une série de vols de vélos ces deux dernières semaines, dit finalement le commissaire en fouillant son bureau, vous prenez la tête de cette enquête, précisa-t-il en tendant un dossier à son lieutenant.
— Mais monsieur, protesta Godefroy, je travaille sur les crimes de l'étripeur.
— Ce n'est pas une priorité, dit-il en déposant le dossier devant lui, et arrêtez d'utiliser ce nom ridicule.
— Des gens meurent et ce n'est pas une priorité, s'insurgea-t-il.
— Excusez-moi Delaplace, je me suis mal exprimé, dit le Commissaire en essayant de garder son calme, ce n'est pas une priorité pour vous. Cette enquête est menée à l'international. Votre priorité à vous ce sont les vélos volés dans la région. Vous m'avez bien compris, Delaplace ? ajouta-t-il en lui tendant le dossier.
— Mais mon Commissaire...
— Comment m'avez-vous appelé ? coupa-t-il.
— Commissaire, répéta Godefroy interloqué.
— J'avais bien entendu, dit-il en se levant. Je suis bien votre commissaire, votre supérieur hiérarchique et c'est un ordre que je vous donne. Voudriez-vous être sujet d'une plainte de subordination ?
Godefroy se sentait intimidé par son supérieur à quelques centimètres de lui, alors qu'il mesurait une bonne tête de plus et, si ce n'est en meilleure, était en aussi bonne forme physique.
— Me suis-je bien fait comprendre, Delaplace ? conclut Perrot en mettant le dossier dans les mains de son Lieutenant.
— Oui monsieur, concéda-t-il.
— Vous pouvez disposer.
Godefroy sortit du bureau, le corps tremblant, serrant le dossier contre lui comme s'il s'agissait d'un doudou entre les mains d'un enfant.
— On a chaud Godefroy, se moqua l'un de ses collègues en remarquant le rouge de son visage.
Godefroy passa sa main dans ses cheveux blonds épais coupé à la façon d'un undercut désorganisé, puis se gratta sa courte barbe mal taillée. Il n'était pas un mauvais officier de police, mais depuis un an il était comme obsédé par un meurtre sur lequel il avait commencé à enquêter. Un homme avait été retrouvé le corps totalement vidé de ses organes dans une chambre d'hôtel. Il avait vite découvert qu'il s'agissait d'une nouvelle victime d'un meurtrier agissant un peu partout en Europe. Delaplace avait enquêté sur plusieurs hypothèses plus ou moins rocambolesques, mais l'enquête lui avait été retirée. Il avait protesté, mais le Commissaire Perrot ne l'avait pas soutenu, trouvant qu'elle avait une ampleur bien trop grande pour leur petite brigade.
Godefroy n'avait pas pu abandonner totalement l'enquête de l'étripeur, comme elle était connue dans les médias. Il suivait l'avancée des investigations en consultant les dossiers disponibles sur le site d'interpole qu'on laissait accessible aux commissariats. Il avait élaboré ses propres théories, les avait envoyées aux enquêteurs en charges par mails sans savoir s'ils prenaient vraiment le temps de les consulter. Il n'avait pas envie de perdre son temps avec une banale histoire de vélos volés et comptait bien expédier cette enquête rapidement pour en revenir à ses théories sur l'étripeur. Il était persuadé d'être sur une piste, il avait fouillé toutes les archives à sa disposition et avait retrouvé des crimes non élucidés qui remontaient à une quinzaine d'années qui suivaient le même modus operandi, même s'il semblait un peu plus naïf, mais personne ne le prenait aux sérieux. En un an, il était passé de l'officier avec qui tout le monde voulait travailler, à celui que tout le monde moquait pour ces soi-disant obsessions. Finalement, le Commissaire Perrot était peut-être la dernière personne à croire en ses capacités.
Il parcouru les quelques pages du dossier qu'on venait de lui confier et se mit immédiatement au travail.
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Le Fou de la Reine
ParanormalYlena, étudiante en anthropologie, a enfin l'occasion d'échanger quelques mots avec l'intrigante Maple qui ne la laisse pas indifférente. Maple travaille dans l'entreprise familiale, son seul moment loin de sa fratrie très possessive et le cours d'e...