Chapitre 17

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Appuyé contre le tronc rugueux d'un arbre, Godefroy se réveilla douloureusement, l'air frais caressant la peu de ses bras nus, une rosée légère collant son t-shirt à son torse transit de froid. Depuis son échec monumental, il avait passé ses journées à boire. Il ne savait pas combien de jours s'étaient écoulés et il avait une migraine insupportable qui s'intensifia quand il ouvrit les yeux sur la forêt humide où il semblait avoir passé la nuit. Sa gorge était douloureuse, sa bouche sèche. Il frotta ses yeux du dos de sa main, en essayant de souvenir la raison qui l'avait conduit au milieu des bois. Il se rappela l'agitation de Goldy. Elle ne pouvait plus tenir en place, courrait partout dans l'appartement en aboyant comme une folle. Pour la calmer, il avait décidé de l'emmener en balade. Il avait dû marcher pendant plus d'une heure avant d'atteindre cette petite portion de forêt. Il se souvenait à peine de son parcours tant il était ivre.

Goldy n'était pas à ses côtés quand il s'éveilla, mais elle ne devait pas être très loin, il l'appela et fut surpris par le son très grave de sa voix. Sa chienne devait jouer à chasser les petits animaux dans les sous-bois alentour. Il l'appela de nouveau, mais elle ne revint pas. Il se leva, appela une nouvelle fois en essayant de retrouver son chemin, mais n'obtint toujours aucune réponse et commença à s'inquiéter.

Après avoir tourné plus d'une demi-heure dans les bois en appelant Goldy, il se retrouva sur un petit parking de terre battue. Il se décida à prendre la direction de son appartement tout en continuant d'appeler sa chienne, même si le son de sa propre voix lui agressait les tympans. Il s'imagina qu'elle s'était un peu trop éloignée courant après les petits animaux nocturnes quand il s'était assoupi dans les feuilles mortes. Quelqu'un avait dû la retrouver au milieu de la forêt. Il espérait que cette personne était bienveillante et qu'elle l'ait amené chez un vétérinaire. Il redoutait que ce soit une personne malveillante qui profite de la candeur de la chienne pour la garder pour elle.

Après près de deux heures de marche dans le froid, Godefroy arriva chez lui. Il avala de quoi calmer sa migraine avec un grand verre d'eau et prit une douche avant d'aller voir son vétérinaire pour l'avertir de la disparition de sa chienne. Alors qu'il était encore nu, séchant sa peau en y découvrant les petites griffures laisser par sa nuit à la belle étoile, son téléphone sonna. Un bon samaritain avait retrouvé Goldy au petit matin et l'avait amené chez un vétérinaire de la ville. Il attendait dans la salle d'attente de la clinique que son propriétaire vienne la récupérer. Godefroy se hâta, il enfila des vêtements propres, soulagé que sa chienne aille bien et soit en sécurité.


Quand il poussa la porte du cabinet vétérinaire, son soulagement laissa place à une colère froide. Goldy était endormie au pied d'un homme d'une trentaine d'année, la peau mate, les cheveux noirs bouclés lui tombant sur les épaules et la barbe parfaitement taillé. Ce n'était pas un inconnu pour Godefroy, il le reconnu au premier regard, Cimeon Sylvestre.

— Vous avez kidnappé mon chien ! accusa-t-il, alors que la chienne se réveilla d'un bon pour lui faire la fête.

— Je ne suis pas particulièrement doué alors, dit Cimeon en se levant avec une grimace, vous la ramener sans rien demander en échange.

Les deux hommes se faisaient face au milieu des autres clients. Ils étaient aussi grand l'un que l'autre, les poings serrés. Godefroy était plus imposant, mais les résidus d'alcool dans son sang lui laissaient peu de chance s'ils en venaient aux mains.

— Qu'est-ce que vous voulez ? demanda Godefroy sans pouvoir calmer sa colère.

— J'ai trouvé Goldy errant dans les bois pendant que je promenais mes chiens, expliqua-t-il d'un calme insolent, je pensais faire une bonne action en la ramenant à son propriétaire.

— Comment vous connaissez son nom ?

— C'est la secrétaire vétérinaire qui me l'a dit après avoir scanné sa puce, je ne savais même pas que c'était votre chien, se défendit Sylvestre. Si j'avais su, je ne serais pas resté, je n'aurai pas ramené votre chienne.

— Je sais que vous manigancez quelque chose, insista Delaplace.

— Croyez ce que vous voulez, dit-il gêné par l'attention que leur portaient les autres clients et la secrétaire. Votre chienne est très gentille, ajouta-t-il alors que Goldy vint le réconforter, contrairement à son maitre.

Cimeon préféra partir sans plus attendre. Il caressa affectueusement la tête de Goldy, alors que Godefroy bouillonnait. Il ne pouvait pas accepter qu'il ne s'agisse que d'une coïncidence. Il était persuadé qu'il essayait de l'intimidé. Il hésita à aller s'en plaindre à ses collègues, mais il sut que c'était une mauvaise idée, ayant été mis en congé forcé après le fiasco de l'arrestation de Sylvestre. Tout le monde le prenait déjà pour un fou, il ne pouvait pas se permettre de donner de l'eau à leur moulin en l'accusant d'avoir kidnappé sa chienne, alors qu'il s'était assoupi en pleine forêt complètement ivre.

— Vous connaissez monsieur Sylvestre ? demanda-t-il à la réceptionniste.

— Oui, c'est un client du cabinet, dit la jeune femme sans développer.

— Dites-moi tout ce que vous savez, insista-t-il en montrant sa carte de Lieutenant.

— C'est un homme sympathique, dit-elle tout à coup nerveuse. Il a plusieurs animaux qui sont pris en charge ici. Il accueille souvent des animaux errants et fait même de nombreux dons pour les associations et paie les soins pour les propriétaires qui n'en ont pas les moyens, énuméra-t-elle. Je ne le connais pas plus. Il a fait quelque chose ?

— C'est ce que j'essaie de démontrer, dit-il en quittant la clinique d'un pas rapide suivi par une Goldy toute excitée.

Godefroy ne savait pas quoi faire, persuadé que cette histoire n'était pas finie. Il était plus que convaincu qu'il tenait l'étripeur, cette tentative d'intimidation en était la preuve. Il devait trouver un moyen de l'inculper, de prouver qu'il était bien un meurtrier.

Le Fou de la ReineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant