Prologue

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« The bravest thing I ever did was continuing my life when I wanted to die»

Inconnue

Elle est morte. Cette phrase tourne en boucle dans ma tête, je prononce plusieurs fois ces mots à haute voix afin de la rendre réelle mais une partie de mon cerveau refuse cette information. Il se ferme, il fait comme s'il ne comprenait pas la signification de cette phrase, de ces quelques mots alignés. Elle est morte.Brusquement je ressens une douleur qui me déchire le cœur. Comme si mon cœur se brisait ou plutôt qu'un trou commençait à se former à l'intérieur de celui-ci. Rien de tout cela ne me semble réel, absolument rien. J'ai l'impression de me trouver prisonnière à l'intérieur d'un mauvais rêve et je me débats du mieux que je puisse sans réellement y arriver. Je suis comme enchaînée à des chaînes et que je n'ai droit à aucun mouvement. Je suis juste la spectatrice de la vue, de la vie, de cette fatalité. Elle est morte, elle ne reviendra jamais et je ne la reverrai jamais. Elle est morte et cela est ma faute.

Je suis assise à l'arrière d'une grosse berline noire avec les vitres teintées. Il est assis face à moi, me regarde droit dans les yeux, ils sont si noirs qu'on ne peut lire aucune émotion. Il a prononcé cette phrase avec une telle glaceur, sans un signe de compassion, rien. Comme si pour lui la perte d'un être cher, d'une femme, ne le touchait pas. Pire encore, il ne conçoit en aucun cas la douleur et encore moins la douleur que je ressens en découvrant cette nouvelle et avec une telle froideur. Il se contente de me laisser quelques minutes, peut-être secondes pour que j'intègre la nouvelle afin de passer au sujet suivant.

Je ne sais pas pourquoi, mais je refuse de pleurer devant lui, cela provoque en moi une colère, une rage, une haine si forte contre lui, contre son univers, contre son putain de pouvoir. Je ne veux absolument pas lui montrer la peine que cette nouvelle me fait et comment elle s'insinue en moi. Je me contente de serrer les poings, je déglutis plusieurs fois afin d'essayer de faire disparaître cette boule qui s'est logée dans ma gorge dès qu'il a prononcé cette phrase. Elle est morte.

- Donc, je voulais te dire que ce soir, il faut que tu ailles au combat de boxe illégal. Tu chercheras Juan. Il te donnera tout ce dont j'ai besoin et par la suite, tu reviens immédiatement à l'entrepôt.

Il attend de moi, une réponse, des questions peut-être, une réaction mais je ne suis capable de rien. Je me contente de fixer mon regard vert dans le sien sans laisser transparaître la moindre émotion, la moindre réaction. Je me sens vide, dénuder de tous sentiments. Voyant que je ne réponds pas, il me demande si j'ai compris. Je me contente d'hocher la tête afin de pouvoir m'extraire de cet habitacle. Il hoche à son tour la tête. C'est le signe, le signe que je peux enfin m'extraire, que je peux enfin sortir.

Une fois la tête dehors, j'ouvre la bouche, je cherche de l'oxygène, je cherche à reprendre mon souffle. Je ne m'étais pas rendue compte que je retenais mon souffle depuis cette fracassante nouvelle. Brusquement l'air percute ma bouche, mes narines et se fraie un chemin jusqu'à dans mes poumons et à cet instant je ressens une profonde douleur qui me brûle. Au même moment, la berline s'éloigne et je sens enfin les larmes coulées sur mes joues et le trou s'agrandir dans mon cœur. 

ANTOHER WORLDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant