CHAPITRE SIX : FLASHBACK

9 2 0
                                    


« Congratulations, Now I hate you »

3 mois plus tôt

Noelia

- Tiens, tiens, ma fille se cache dont là.

Lorsque j'ouvre la porte de mon appartement et que je vois une silhouette assise sur le canapé, je me fige immédiatement et la personne assise le remarque directement et profite de cet instant où je ne suis pas sur mes gardes pour me balancer cette phrase. J'étais tellement sûre que venir ici et en plus en collocation cela me permettrait de m'éloigner de lui, plus facilement et au fond j'espère également plus longtemps mais à quoi je m'attendais ?

Sérieusement c'est le patron d'un des plus grands cartels du monde pourquoi suis-je encore étonnée par ce genre de choses-là. Cependant, je ne comprends pas pourquoi, il se trouve ici dans mon appartement. Je souffle de soulagement, me rendant compte que Kate n'est pas à la maison et qu'elle n'est pas près de rentrer. Si elle savait que mon père était là, chez nous, elle viendrait parano et voudrait que l'on change d'identités ainsi que de pays et même changer de visage s'il le fallait. Oui parfois Kate s'emballe rapidement.

Je prends quelques minutes pour détailler la silhouette de mon père, au fur et à mesure que je m'approche de lui. Je l'ai quitté il y a un peu plus de 3 mois à présent. Mais il n'a pas changé d'un poil. Il est grand, les cheveux bruns presque noirs même si certains tirent vers le gris-blanc. Il a les yeux bruns verts et paraît toujours si musclé et si sûr de lui. Le genre d'homme qu'il sait que personne ne peut lui résister et que de toute façon, il aura ce qu'il veut de n'importe quelle manière. Qu'elle soit douce ou forcée. Il atteint toujours ses objectifs. C'est peut-être pour cela qu'il est l'un des plus grands barons de la drogues finalement.

- Que fais- tu ici ? Et déjà comment m'as-tu retrouvé ? lui demande-je en plantant mon regard dans le sien et en sentant la colère m'envahir contre lui mais également contre moi de m'être fait retrouver si facilement.

Il déteste lorsque je l'affronte. Selon lui, sa fille et n'importe quelle femme du monde lui doit soumission mais malheureusement pour lui jamais au grand jamais je me soummirai face à lui.

- Je t'ai retrouvé beaucoup trop facilement, je ne m'attendais pas à cela de ta part. Je pensais que je t'avais mieux élevée. Je ne t'ai donc rien appris ? me dit-il avec un air déçu

- Je préférai ne pas te connaître

- Noélia ! hausse-t-il la voix. Tu me dois le respect, je suis ton père. Ne t'avise plus jamais de me reparler sur ce ton.

À ces mots, j'explose, il se fout de moi, cela n'est pas possible autrement. Je le dévisage, il ne se rend réellement pas compte de l'homme qu'il est ? Il ne peut pas ignorer à quel point il est vicieux et dangereux. Je suis prête à tout venant de lui mais de là à ce que je le respecte ? Il devient totalement fou.

- Que je te respecte ? Tu tues des gens et tu veux que je te respecte ? A partir de quel moment, on demande le respect lorsque l'on tue autant de gens et qu'on ne pleure même pas la mort de sa propre fille ? Ne puis-je m'empêcher de lui crier dessus et de pointer un doigt accusateur dans sa direction.

- Veux-tu que je te rappelle ce qui est passé avec Eva également ? as-tu besoin que je te rafraichisse la mémoire à toi aussi ? me lance-t-il au visage en s'approchant dangereusement de moi.

Quel con

Je ne peux m'empêcher de reculer de quelques pas. Car la proximité est beaucoup trop petite entre l'homme qui a détruit ma vie et les mots qu'il vient de balancer comme si c'était moi la criminelle. Il ne se rends donc pas compte que ce qui s'est passé, de ce qui est arrivé à Eva, que tout ça me hante chaque nuit, chaque jour, que j'aurais préféré milles fois être à sa place au lieu de la mienne et que ça continuera probablement de me hanter jusqu'à ma mort ? Ne se rend-t-il pas compte à quel point cette épreuve est difficile de s'en remettre ? Bien sûr que non, lui, il s'en fiche, tant que le travail est fait et tant qu'il a son argent et le pouvoir dont il a envie, ce genre de petits détails comme il aime les appeler n'ont aucune importance.

Il remarque qu'il a touché un point sensible en ramenant le souvenir d'Eva sur le tapis. Je sens mes yeux devenir humides, j'empêche cependant les larmes de couler. Je ne veux pas encore lui donner ce pouvoir sur moi. Je le refuse. En me voyant dans cet état, n'ayant plus de répartie cinglante à lui balancer en pleine figure. Il se dirige vers le fauteuil se situant en face du canapé, le tourne afin de s'y asseoir et de me faire face. Il croise les jambes ainsi que ses mains sur ses genoux et continue de m'observer comme si je ne représentais rien, comme si j'étais un de ses gars près à tout. Il ne me regarde absolument pas comme si j'étais sa fille. Non pour lui, je ne suis qu'un chiffre et lorsqu'il en aura marre de moi, il me liquidera. Relativisons au moins je sais que je ne mourrais pas de vieillesse avec toutes les douleurs que l'âge entraine.

- Maintenant que j'ai toute ton attention, je veux que tu m'écoutes et que tu ne m'interrompes sous aucun prétexte. Est-ce clair ?

Je ne réponds pas, je me contente de le regarder et de croiser mes bras sur ma poitrine comme pour me protéger et l'empêcher de me blesser encore plus que ce qu'il l'a déjà fait.

- Très bien. J'ai réfléchi à tout ce qui nous est arrivé.

Par ta faute

A cette phrase, je ne peux m'empêcher d'ouvrir grand la bouche et d'écarquiller les yeux. Cependant il lève son doigt comme pour me faire taire. Je ne dis rien et me contente de le regarder en l'incitant pour qu'il continue.

- Et même si tu es ma fille, je ne peux pas te laisser partir comme cela, cela serait beaucoup trop facilement. Donc j'ai encore quelques boulots pour toi. Cela ne sera pas de grands trucs, des affaires de routines seulement. Mais je veux que tu sois là quand je te le demande et pas d'excuses ou quoi. Je passe avant toutes tes petites conneries qui t'entourent c'est clair ?

Je ne réponds pas, je suis tellement en colère. Pourquoi ne me laisse-t-il pas partir ? Pourquoi s'acharne-t-il à vouloir me garder avec lui. Surtout depuis mon plus jeune âge, je lui ai toujours fait comprendre qu'à aucun moment, je ne ferai partie de son monde que dès que j'en aurais l'occasion je partirais et l'opportunité est arrivée, et je suis partie mais il le refuse et je sais au fond de moi que si je n'accepte pas sa demande, il y aura de grandes retombées sur moi et sur les personnes qui m'entourent, je ne suis pas dupe. En m'ayant avec lui pour les petits boulots de bases comme il appelle, il m'empêche d'aller voir les flics car je suis tout aussi complice que lui et encore plus car je suis sa fille et que je sais le moindre des atrocités qu'il a pu faire, subir à toutes personnes qui se sont approchées un peu trop près de lui ou qu'ils ont essayé de s'opposer à lui. En d'autres mots, je suis coincée et je n'ai d'autre moyens que d'obéir.

Cependant, je ne formule aucune phrase, je me contente de hocher la tête en signe d'acceptation. À ce geste, il sourit, il sait qu'il a gagné.

- Très bien ! ce soir, il y a un match de boxe illégal dans les entrepôts des quais. Je veux que tu y ailles. Il y aura plusieurs de mes acheteurs qui t'attendront tu leurs donneras à chacun un sac. Une voiture viendra te prendre ici à 19h. elle te ramènera ici, dès que le combat sera terminé. N'oublie pas fait toi discrète et avouons-le c'est un peu comme le vélo, ça ne s'oublie pas.

Après sa tirade, il se lève fier de lui, il passe à mes côtés s'y arrête me regarde et me dépose un bisou sur le front. Il avait ce genre de gestes lorsque j'étais petite et que je ne comprenais pas encore ce que faisait mon père. C'était le moment où je considérais mon père comme le meilleur du monde. Jusqu'à ce que je déchante et plus rapidement que ce que l'on pourrait le croire. Ce simple geste me prouve que mon père est là malgré tout, malgré le rôle qu'il me donne mais cela me brise encore plus le cœur de me dire qu'il ne laisse pas son rôle de père prendre le pouvoir sur son rôle de baron de la drogue face à moi.

Une fois que j'entends la porte se fermée, c'est comme si je retenais mon souffle depuis des années. Je prends de grandes bouffées d'oxygènes pour essayer de me calmer. Des larmes essayent de s'échapper de mes yeux mais je les retiens, je ferme fort mes yeux afin de les chasser. Je ne m'autorise pas à craquer sinon cela signifiera qu'il a complètement gagné alors que ce n'est pas encore totalement le cas.

Je décide d'aller prendre une douche et de me préparer. Je sors la caisse qui est sous mon lit, cette caisse que Kate ne connaît pas. J'y sors tous les habits ainsi que les accessoires ainsi que mon glock qui me permettra de réaliser le travail qu'il me demande. En ouvrant cette boîte à nouveau, c'est comme si je revenais des années en arrière alors que je fournissais ses clients. J'étais leur dealer et aujourd'hui, je reprends du service. Je redeviens cette fille dont je m'étais promis de ne plus jamais être

ANTOHER WORLDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant