-Jake? T'es là? Demandais-je en entrouvrant la porte de son appartement.
Après une trentaine de seconde de silence total, je respirais enfin, relâchant mes muscles tendus de peur qu'il soit vraiment là, et ouvrit complètement la porte, poussant bruyamment mes deux grandes valises dans l'entrée.
J'étais crevée, ce voyage de 7 heures avait achevé de pourrir ma journée.
Je refermais la porte derrière moi et laissaient mes affaires encombrer l'entrée, en me disant que j'irais les ranger quand Jake serait rentré. Au moins ça l'avertira que quelqu'un est rentré chez lui et il n'aura pas une énorme surprise en me voyant sortir de la chambre d'amis.
J'espère qu'il ne sera pas trop contrarié de me voir débarquer à l'improviste chez lui, parce que je n'ai pas envie de devoir argumenter pour pouvoir rester chez lui et encore moins de devoir dépenser de l'argent sur une chambre d'hôtel.
Fallait peut-être y penser avant de tout merder, génie...
J'ignorais ma conscience et traversai le foutoir qu'était le salon de mon petit frère, y laissant mes chaussures et ma veste, pour monter les escaliers qui menaient à la mezzanine où la chambre de Jake et celle d'amis étaient placées. J'entrai dans cette dernière, la sachant vide; Jake n'a jamais eu beaucoup d'amis, et encore moins des amis assez proches pour pouvoir leur prêter une chambre, mais ça ne l'avait jamais dérangé. Il n'était pas le stéréotype du gay que tout le monde aime et qui papillonne un peu partout en dégageant de la joie et du bonheur, mais c'était une des raisons pourquoi je l'aimais tellement et étais extrêmement susceptible à son sujet. Le premier ou la première qui osait s'en prendre à lui se recevait ma main dans la figure et ma haine pour le reste de son existence.
Je regardais en souriant le lit bien fait. Personne ne dormait ici depuis des mois, ça se voyait.
Je me débarrassais de mon soutien-gorge qui me sciait les côtes et le jetait au pied du lit avant de m'effondrer avec joie sur le matelas confortable, sans prendre la peine de me recouvrir des drap frais et parfaitement parfumés sur lesquels j'étais couchée.
Je m'endormis rapidement, dans un sommeil anxieux et pleins de mauvais souvenirs.
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-Kenzie? Kenzie!
J'entrouvris un œil en souriant à la bouille parfaite et contrariée de mon petit frère adoré qui ne comprenait apparement pas ce que sa magnifique grande sœur faisait, la tête dans le cul, chez lui.
-Hey, salut toi. Ça va? Soufflais-je en frottant mes yeux gonflés. Désolé d'arriver comme ça, mais je me suis fait jeter dehors par papa, et j'ai pensé que tu pourrais m'héberger le temps que je trouve un endroit à moi, où dormir. Et cette chambre me va parfaitement, t'as-
-Kenzie! Me coupa-t-il en prenant son visage entre ses mains. Tu peux pas juste t'incruster comme ça ici! Je-Quelqu'un dort ici, j'ai un colocataire! Et comment t'as fait pour rentrer d'abord? T'aurais pas pu essayer de m'appeler, au moins? S'affola-t-il en enlevant la parka noire et trempe qu'il n'avait apparemment pas pris la peine de retirer directement en rentrant chez lui, comme ses bottines cirées qui avaient laissées des traces mouillées derrière lui.
-Je-Attends. T'as un colocataire?
Je fronçai mes sourcils, je ne m'attendais pas à ça...
-Oui, mais c'est pas vraiment un ami, c'est le fils de la droguée qui me loue cet appart'... Soupira-t-il en s'asseyant sur la table basse à côté du lit. Je peux te laisser dormir dans le salon, sur le canapé si tu veux, mais...
-Ça me dérange pas, t'inquiètes pas, merci. Souris-je en me relevant.
-T'es tellement... Spontanée... Soupira-t-il en me suivant hors de la chambre. Alors, il s'est passé quoi, avec Philippe?