Souffle [ EN PAUSE ] [ EN RÉÉCRITURE ]

07 | Soigne l'ivresse de mon corps

𝗟𝗲 𝗱𝗶𝗮𝗯𝗹𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗯𝗿𝘂𝗹𝗲 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗲 𝗳𝗲𝘂. 𝗖𝗲𝗹𝗮 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗿𝗮𝗶𝘁-𝗶𝗹 𝗲𝘁𝗿𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗶𝗿𝗼𝗻𝗶𝗾𝘂𝗲?

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𝗟𝗼𝘃𝗲𝗿𝘀 - 𝗔𝗻𝗻𝗮 𝗼𝗳 𝘁𝗵𝗲 𝗡𝗼𝗿𝘁𝗵

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Assise à l'avant du véhicule, je m'enfonçais dans le siège en cuir noir qui brûlait l'épiderme de ma peau.

Je ne savais toujours pas ce que je faisais dans sa voiture et je perdis vite conscience de mon âme et laissai les doutes inutiles de côté.

Aveuglée et envoûtée par sa voix et son charisme, j'avais accepté qu'il me raccompagne dans l'antre du Diable avec ma mère. Comme si je sautais, les yeux bandés, dans le grand bain, mais en ne sachant pas nager

Ma mère m'aurait sûrement fait un long discours en expliquant que j'étais inconsciente, imprudente et idiote de me faire raccompagner par un inconnu. Mon géniteur serait resté dans le silence, car c'était ce qu'il savait faire le mieux depuis ma naissance : s'abstenir de parler pour laisser sa famille interpréter ses actes muets. Mais j'oubliais, il n'est plus de la partie et a quitté le spectacle avant l'entracte.

Le silence détruisait le temps et la vérité

Ô diable, des vertiges occupaient mon esprit pendant que mon cœur chantait du gospel sur la scène, j'étais totalement ivre de mon corps. Les yeux secs et les joues encore humides, je me noyais dans l'inconscience ce soir.

Peut-être avais-je besoin de profiter ? On parlait souvent de vivre sa jeunesse pleinement et de ne pas penser aux lendemains. Mais que vouliez-vous faire quand on vous préparait dès le plus jeune âge au monde de demain ?

Un sentiment de culpabilité rongeait toutes mes entrailles, me livrant dans le vide et dans l'obscurité totale. Les sirènes de l'Enfer se servaient de leurs harpes pour m'attirer vers les ténèbres.

Le poison au goût amer arrachait mes organes et délivrait l'ombre du Mal. Elle cherchait mes faiblesses cachées dans mon bas-ventre.

Les mains de la Haine parcouraient mon corps meurtri par les flammes de l'Enfer et attrapaient les fils barbelés de mon cœur.

Criant ainsi de rage, mes cordes vocales se brisaient et des morceaux de verre s'écrasaient sur le sol froid.

Je mordis ma lèvre inférieure jusqu'à ce qu'une goutte de sang se fraie un chemin entre les courbes de mon visage.

Des tourments inimaginables qui renversèrent  mes entrailles.

Perdant ainsi le fil de ma vie, je me déplaçais les yeux clos dans les salles si sombres.

Détruite, c'est ce que j'étais devenue au cours de cette souffrance interminable

Elle dévorait mon âme et empoignait fermement mes cheveux.

Mais je devais rester silencieuse, souffrir et subir la violence.

Des vertiges se dessinaient sur l'horizon et mes yeux divaguaient sur le sable humide.

Accablée par un sentiment de vengeance, j'essayais de me débattre des chaînes d'argent.

Elle était puissante et ne se laissait pas faire, quitte à me voir mourir sous ses yeux