Magie, nom féminin, Art de produire des effets merveilleux en invoquant le pouvoir de forces surnaturelles.
Passé un certain âge, on fait comprendre aux enfants que la magie n'existe pas, et on jette à la poubelle toutes les petites histoires auquelles on les avait fait croire. C'est à ce moment que l'inévitable pèlerinage vers la maturité commence.
Fini le Père Noël, la fée des dents, les lutins, magiciens, sorciers et Poudlard. C'est à partir de ce moment que les yeux d'un enfant cessent de s'illuminer devant les plus petites choses de la vie : les arc-en-ciels, les étoiles, les feux d'artifices ou un simple couché de soleil. Toutes choses qu'un gamin aurait autrefois qualifié de "magiques" deviennent tout à coup "magnifiques", ce n'est plus merveilleux mais concret, tout a une explication rationnelle.
Montrez à un enfant un tour de magie, il se contentera de sourire et de vous regarder les yeux grands ouverts en vous demandant de recommencer. Si vous lui montrez un autre tour de magie, cette fois après lui avoir fait comprendre que ça n'existait pas, il essaiera de savoir comment vous avez fait. Il regardera vos manches, vos poches et votre chapeau, il voudra trouver le piège.
La magie n'est donc plus un phénomène fantastique mais une tromperie.
J'ai refusé d'admettre la non-existence de la magie quand mes parents m'ont expliqué, à mes sept ans, que le vielle homme barbu qui venait me déposer des jouets la veille de noël n'était que pur mythe. Ou quand ils m'ont avoué que c'était eux qui déposaient les petites pièces sous mon oreiller en récoltant mes dents de lait quand j'avais six ans.
J'avais cessé de croire au père Noël et aux autres légendes urbaines mais, due à mon entêtement, ma foie en la magie avait tout de même survécue.
En grandissant, j'avais développé une théorie selon laquelle, si on voulait faire les choses correctement, on ne devait pas dire à un enfant que la magie n'existe pas mais plutôt lui expliquer qu'elle était présente tout autour de nous mais sous des formes différentes et qu'il suffisait d'ouvrir les yeux pour l'apercevoir.
Un exemple simple : les sentiments.
Comment une personne peut elle vous faire du mal sans même vous toucher ? Comment expliquer le fait que vous seriez capable de subir douleur physique et morale pour épargner quelqu'un que vous aimez ? Le dévouement d'une mère à son enfant qui pourrait sacrifier sa vie pour le protéger sans même hésiter ?
Nous pouvons nommer ces phénomènes : amitié, haine, amour, et la liste est longue. Mais ce n'est certainement pas une équation ou une réaction chimique qui pourra vous expliquer le pourquoi du comment de ces émotions.
C'est inexplicable, merveilleux et effrayant à la fois, c'est tout simplement magique. Ma conclusion était donc que les êtres humains étaient entourés de phénomènes merveilleux.
J'ai vécu avec ces principes jusqu'à mon adolescence, jusqu'à mes seize ans plus précisement. J'y croyais dur comme fer, notamment quand tout mes espoirs ont commencés à dépendre entièrement de ma théorie. Je n'étais pas croyante au niveau religieux, alors je n'avais pas d'autres choix que de reposer tous mes voeux sur la magie. Je ne pouvais qu'espérer et souhaiter que tout s'arrange, que tout redevienne aussi parfait qu'avant l'accident.
Des rires, des cris, des batailles d'oreiller, des réveilles brusques, des assiettes cassées et des tentatives culinaires qui tournent au désastre. Le tout formait un ensemble parfait, un équilibre et plus principalement notre bonheur.
Un bonheur naïf.
C'est quand j'ai enfin associé ces deux mots que j'ai compris, que j'avais eu tord depuis le début.
Vous voulez savoir le plus drôle dans tout ça? C'est le fait que je réalise ce que j'ai eu, lorsque je suis sur le point de tout perdre, assise sur cette chaise en bois usé à fixer le mur blanc immaculé qui se trouve devant moi.
Je vais la perdre, et me perdre moi même par la même occasion.