"Il faut savoir accepter la pitié, Nao. Parfois, c'est tout ce que tu peux te permettre d'offrir."
Si tu tiens à une personne, tu lui offre ta force, ton amour et ton réconfort, pas ta pitié. La pitié est un sentiment ingrat et prétentieux. Il sert à tenter de combler un vide qui demande trop d'effort à remplir. Lâche, indifférent, fainte, voilà ce qu'est la pitié.
Tu n'en as pas besoin, et même dans le cas contraire, tu n'as jamais su prendre ce que l'on t'offrait.
La pitié ne permet en rien à ton sang de circuler, ou à ton coeur de battre. La pitié ne m'aidera en rien à te garder prêt de moi.
Traite moi d'obstinée, d'égoïste ou d'irrationnelle, je n'en ai rien à faire. Je sais que la pitié ne vaut pas le néant.
Et tu le sais toi aussi, car tu leur souris. Tu ne souris pas par joie ou par humour, non, tu souris par politesse. Parce que la pitié n'est qu'une politesse que tu te dois d'accepter comme te l'a éduqué cette société.
Sourires, bonheur, succès et richesse.
Pas de douleur, drame ou solitude à moins que tu ne sois une star de télé réalité.
Apprends ta place et souris, parce que tu n'es rien de spéciale, tu va être oubliée, tout ce qu'il restera de toi est ton nom gravé dans une pierre au prix affordable. Alors accepte cette pitié comme si tu croyais réellement valloir une place dans la mémoire de ces personnes au dessein similaire.
Le but dans la vie ce n'est pas d'être humain, c'est d'être un nom.
Un nom, dans un manuel scolaire, sur une étoile jaune plaquée sur le trottoir d'une certaine rue dans une certaine ville, célèbre pour une certaine raison. Tu aurais été un certain nom, parmis tant d'autres, mais un nom tout de même.
Mais ton nom ne résonne que dans mon esprit, Any, pour moi tu es. Ton nom retentit entre chaque murmure dans ma tête, comme une obligation, une nécessité, une prière.
Je crains le jour où je devrais prier pour que tu me revienne, vous, chrétiens adorez vous autant ? Ai-je fait de toi une divinité ?
Comme si la texture de ta peau était faite d'une matière d'ailleurs, ton esprit de poussières d'étoiles et tes yeux d'écrins des plus précieuses pierres portées sur cette terre.
Tu m'as promis que tu existerais pour moi, alors reste, car, peu importe à quel point il est superficiel de l'admettre, sans ta chair, tu n'es pas. Tes mots vont fondre entre chaque échos qui bombarderont mon esprit, ton sourire se brouillera indépendamment de ma volonté.
Mais ça ne te suffit pas, tu es humaine après tout et, toi aussi, tu préfèrerais être un nom.
Et je le vois, dans tes yeux, je vois la crainte de n'être qu'un être humain, de n'être que ma famille, d'être insignifiante pour ces personnes qui ne t'adorent pas comme je le fais mais dont la mémoire au loyer inaccessible hante ton esprit.