"Nao, c'est vingardium leviosa et pas leviosar !"
Tu me réprimendes sans arrêt, tu dis qu'il faut croire en la magie parce que la vie est magique. Mais suivant ton optimisme, la mort est supposement tout aussi magique.
Tu peux faire fuire n'importe quel détraqueur avec ton sourire et les étoiles dans tes yeux, mais ce ne sont pas eux qui viennent te chercher.
Ton rire est comme une mélodie infantine, douce et pleine de promesses. Ta façon presque inhumaine de voir les choses, ton regard peu commun, ta vision peu mortelle pour un corps si peu immortel.
Le temps m'est précieux avec toi, Any. C'est une denrée sans valeur et sans source. Bientôt, je ne pourrais que te frôler du bout de mes doigts, je ne pourrais que t'entendre murmurer le thème d'Harry Potter quand tu cuisine, je ne pourrais que t'imaginer près de moi.
Alors, arrêtes.
Arrête avec cette spatule, ce n'est pas une baguette enchantée, tu n'es pas une sorcière et la vie n'est pas magique.
La seule magie qu'il m'a été permit de rencontrer, c'est ton existence et cette magie est bien trop éphémère à mon goût.
Tu as vu mon expression et ton sourire est tombé. Je me suis sentie coupable sur le coup de ruiner ta bonne humeur, mais je n'ai pas le temps pour ça, et toi non plus d'ailleur.
"Tu devrais essayer Nao, c'est humain d'être heureux." Ton sourire triste poignardant la coquille creuse battant dans ma cage thoracique.
Je ne veux pas, sourire c'est mentire, c'est te trahir, c'est abandonner.
Tu en demandes trop, tu ne t'en rends même pas compte. Je souffre avec toi, en ce moment présent, mais à l'avenir, tu va lâcher ma main et je continuerais à souffrire pendant que tu sera sereine. Si j'arrive à cumuler assez d'énergie pour quitter mon lit sachant que tu n'es pas dans la chambre juste en face de la mienne, je serais assise sur cette chaise et je me contenterais de passer en boucle ton image dans cette même pièce et le son de ta voix résonnant entre ces murs maudits.
Tu es condamnée à un sommeil éternel, je suis condamnée à la cohabitation de placidité et de tumulte.
Je me creuserais de l'intérieur à chaque larme, s'il me reste assez d'humanité pour les verser. Tu me quittes, tu pars, tu tombes, mais je reste, les pieds sous le beton, les mains dans le ciment, mon corps tout entier paralysé.
Ne me parles pas de magie, ne me parles pas de vie ou de bonheur, de ces choses si fragiles et si courtes que ça les rendrais insignifiantes si on te privait de ce fichu optimisme. Tu dis qu'elles sont humaines, mais tu ne comprends pas que c'est justement ce qui les rends instables et indignes de confiance.
Tu n'as jamais su placer ta confiance de manière intelligente. Tu te donnes, tu ne te rends pas compte de ta valeur, de ton manque de valeur.
Tu te jettes toi même, alors que j'ai besoin de toi. Ton être fortuit en théorie, mais nécessaire en réalité.
J'écouterais tes charades, histoires et chants, s'ils me permettent de te garder dans le creu de ma main mais si ce n'est pas le cas, contente toi d'exister près de moi.
Je ne veux pas de promesses, je ne veux pas de sourires et je ne veux pas de futur Any, si tu n'en fait pas partie intégrante.