Je ne saurai dire qui m'a sorti du lit. Peut-être ma sœur qui partageait ma chambre ou ma mère dans sa stupeur.
J'étais debout, il faisait encore nuit et sur les dernières marches de l'escalier que je venais de descendre, je suis resté figé.
Je serai incapable de vous dire exactement quel jour c'était, hormis le mois et l'année. Avril 1990 et j'ai bentôt 8 ans.
Toute la maison est levée. Un voisin est dans le couloir et ma sœur Stéphanie est avec maman dans le salon.
Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mon frère Joël est je ne sais où alors qu'un camion de pompiers arrive devant la maison accueilli par d'autres voisins.
Les hommes en uniforme rentre rapidement par le couloir. Je suis en stresse, j'entends ma mère qui pleure, je ne vois plus ma sœur et je reste immobile en bas de ces escaliers.
Très vite, du matériel est amené et l'instant d'après, l'image de mon père sortant de la maison sur une civière est gravée à jamais.
Cette nuit là, il est parti sans même que je ne puisse lui dire au revoir. Était-il conscient lorsque mon regard s'est porté sur lui ? M'a-t-il vu une dernière fois avant de nous quitter ?
Son décès fût déclaré le 8 mai. La médecine ne pouvait rien face à la mort ; les appareils furent donc éteints.
Ma mémoire pourtant bonne semble s'être embrouillé. Peu de souvenirs me reste de lui. Quelques bribes de notre voyage à 2 dans les Pyrénées, partis quelques jours voir mon frère Samuel en cure pour son asthme. Les aller-retour, quasiment chaque week-end à Nancras pour visiter la famille et cultiver la motte.
Il est de faible constitution. Un homme roux, petit et frèle, souvent enroué et fumant beaucoup. Il était malgré tout combatif et portait notre famille à bout de bras, souriant et bon vivant. Il avait fait plusieurs malaises et séjours à l'hôpital avant sa disparition. Je ne pouvais imaginer que celui-ci serait le dernier.
Dernière son cercueil, nous étions nombreux à l'accompagner. Sa famille, des amis ... Ma main tenue par Nicole, notre aide familiale, nous suivions la foule en deuil. Derrière son cercueil, mon enfance perdu son pilier.
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Sous les étoiles, si j'y suis.
LosoweRécit d'une existence parmis tant d'autres mais au combien unique dont la fin reste à vivre.