Tout commença à mes débuts en Seconde, une matinée d'octobre 2015. J'intégrais cette année là un lycée de ma ville Rio, un ancien grand port colonial qui dispose d'un riche patrimoine architectural en assez bon état, témoin de son intense activité passée. Des vestiges d'imposants entrepôts reliés à la mer par des pontons subsistent, ils permettaient aux chaloupes des cargos d'accoster pour charger les marchandises. Aujourd'hui, ces vestiges servent de refuge aux cormorans huppés. Rio est une ville richissime en histoire. Sa particularité réside sur le fait que la pluralité des institutions éducatives qui composent la zone se concentrent fortuitement dans une seule et même côte de la ville que l'on appelé tous communément « ville-beu ».Le lycée dans laquelle nous venions d'intégrer constituait une des plus réputées de la zone. Je me souvenais encore de mon premier jour là-bas. On était en pleine période de canicule. Le soleil s'était levé très tôt. L'atmosphère était calme et apaisant. J'étais assis sur un banc avec Aziz. Un gars cool que j'avais connu quelques années auparavant et avec qui je formais, en sus d'Alex, Diaz et Dave, un groupe dont nous avions pris un malin plaisir à surnommer Thiombo.
Aziz présentait ce qui se trouvait être une photocopie de ma personnalité. Et c'est d'ailleurs pourquoi nous arrivions jamais à nous entendre dans un débat; à moins que la controverse concerne de près une fille. Nous avions quasiment les mêmes délires. Nous nous étions connus à l'époque au quartier où nous étions d'abord potes, avant de devenir amis. Aziz est un beau brin d'homme avec les cheveux crépus et un regard farouche, vif. Il y'avait dans le ton de sa voix, dans son regard, je ne sais quelle éloquence, plus forte que ses paroles. Faut admettre qu'il avait ses qualités. Et il le savait. Il en était conscient, il savait qu'il présentait un arsenal d'atouts qui lui donnait les prérogatives de mettre n'importe quelle fille sur son lit. Je me souviens aujourd'hui encore qu'Aziz avait en ces temps là une folle addiction pour le multimédia, la cinématographie en l'occurrence. Il avait une chaîne YouTube sur laquelle il aimait publier des vidéos de courte durée, des sketchs qu'il appelait « vines ». Faut croire que ça a lui donnait une once de popularité à cette période au lycée.
Depuis le banc sur lequel nous étions assis, Aziz et moi contemplions l'atmosphère de ce bahut aisément calme, sans réaliser que c'est ce qui représentera, plus tard, le théâtre de ce qui bouleversera nos vies.
Nous étions à la fois enthousiastes et stupéfaits. La superficie du lycée faisait au moins trois fois celles des collèges dans lesquels nous étions issus. Mais par dessus tout, ce qui nous fascinait le plus dans tout ce décor hétérogène, c'était les filles.
- « igo, c'est claire, c'est carré, cette année, c'est notre année. On est tombé dans un océan de meufs là »
Par ses phrases qui m'étaient ni plus ni moins familiers, Aziz brisa ce silence qui régnait depuis quelques minutes. Des minutes qui pour moi constituaient une éternité.
- « ouais t'as grave raison » lui rétorquais- je.
À vrai dire, j'en avais strictement rien à foutre de ce qu'il pouvait me dire à cet instant là. Je dominais à plus de 50% une fille sur un jeu de regard. Elle était assise seule, sur le marchepied qui menait à la secrétariat. Un bureau qui ne pouvait passer inaperçu du fait de sa position qui donnait une vue intégrale sur l'étendu de la cour de l'école.
Jusque-là j'avais toujours entendu parlé du fameux « fuis moi je te suis ». Et je réalisais à ce moment que j'étais en pleine immersion dans ce ludisme. « Ne la lâches pas du regard»; Cette phrase raisonnait en boucle dans ma tête comme un tempo d'une musique des années soixante. J'avais l'impression que le temps s'arrêtait mais qu'il était malgré tout, trop court. Sur le coup, j'idolâtrais ses moindres faits et gestes. J'avais même déjà peur de la perdre alors que je venais de la voir pour la première fois. J'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi fort, d'aussi sensuel, d'aussi vrai de toute ma vie.
VOUS LISEZ
Un fervent Bad boy
AdventureÀ 17ans, Je perdais l'amour de ma vie. Les années qui suivirent je plongeais dans une profonde désillusion. J'enchaînais les filles par dizaines. Je réalisais que l'on ne pouvait combler un vide qu'une personne que l'on a aimé nous a laissé en la re...