Chapitre 2 : La douleur s'intensifie

70 7 6
                                    

Une semaine s'est écoulée et je pense toujours à mon corps. Plus à mon corps qu'à Benjamin. Plus à mon corps qu'à Malik. Plus à mon corps qu'à mon futur. Je ne suis pas égoïste car au contraire c'est pour les autres que je le fais. Malik aura probablement moins honte de moi. J'aurais peut-être une chance avec Benjamin, cet un inconnu qui me fait ressentir beaucoup d'émotion inconnues elles aussi que je ne pensais jamais éprouver. En fait, peut-être que finalement je suis égoïste à toujours penser à ma petite personne. Rien que d'y songer mon ventre me fait mal en se tordant de douleur personnelle. Je ne veux rien lui donner depuis une semaine. Il se nourrit uniquement de petites quantités. J'ai faim. Tout le temps, et tout le temps je me pèse. Dès que je perds un milligramme ça me fait du bien mais ça ne me suffit jamais.

J'ai cette impression empoisonnée que jamais mon ventre ne s'aplatira et que jamais je ne serai satisfaite. Jamais. Ce mot me suis pour décrire un idéal impossible. Je vois mon ventre toujours rond, ça rend mon corps difforme. Je le saisi entre mes doigts et j'ai honte de la quantité de gras que je ressens. J'essaie de faire du sport mais je n'y arrive pas ou je n'y arrive plus. La force me quitte avec une lenteur vertigineuse. Le matin j'ouvre les yeux et je le regrette parce que je sais qui je suis et ce à quoi je ressemble. Un sac d'imperfections qui se transforme en un simple défaut. Oui, je suis un défaut, une erreur commise par ma personnalité ridicule. Alors, face à mon repas je réduis progressivement les quantités. Le matin je fais croire aux autres que j'ai déjà mangé. Des points noires valsent devant mes yeux sans arrêt et des frissons de honte me traversent à chaque fois que me vois mentir avec autant d'aplomb à ma mère.

Fille de parents divorcés, je ne voit mon père que pendant les vacances mais ça ne me dérange pas. Je suis seule avec ou sans lui.

Et je reste un fantôme, une ombre apeurée par la réalité de ma propre vie. Maintenant que j'accepte cette vérité j'ai mal, envoyé une fois à cause de ma faiblesse. Mes joues rondes et mes cuisses énormes sont une preuve de celle-ci.

- Oh, Kylie !

Je papillonne des yeux et me tourne vers mon meilleur ami qui avait parlé étrangement fort.

- Oui ?

Il me regarde avec des yeux inquiets. Je le vois rarement dans cet état.

- Depuis le temps que je t'appelle... Tu vas bien ? Tu m'inquiètes, tu as pratiquement rien mangé et tu as l'air triste. Tu peux me parler, tu sais ? Je suis toujours là pour ça. Mes histoires n'ont pas d'importance quand il s'agit de toi.

Un faible sourire se peint sur mon visage fatigué. Je ne le mérite vraiment pas. Malik... si tu savais à quel point on ne vient pas du même monde. Toi, tu es parfait. Tu m'as choisie, je ne sais toujours pas pourquoi mais est-ce que je mérite tant de gentillesse ?

- Ça va parfaitement. Je pensais à Benjamin. Et ne t'inquiète pas, j'ai beaucoup trop mangé ce matin si je me force je vais devenir une baleine ! Un rire forcé s'échappe de mes lèvres et je me dis que j'en suis déjà une. En tout cas, merci d'être à mes côtés. Donc, tu disais ?

Il ne va pas me croire, je ne sais pas mentir face à lui.

- Tu me rassures, tu m'as fait peur je te jure. Et ne t'inquiète pas, jamais tu ne ressembleras à une baleine espèce de cloche. En tout cas Benjamin commence à t'intéresser... je suis fort en repérage ! Sinon je parlais de Will et Philippe, tu sais les deux qui sont derrière nous en art. Ils sont ensembles et ils sont absolument adorables ! Et tu sais qu'au début ils ne se supportaient pas ? Je trouve ça fou parce que...

Il m'as cru ? Non, c'est impossible, je suis la pire menteuse. Ou alors depuis que j'essaie de maigrir mentir est devenu une habitude ?

....

La ceinture se resserre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant