La ceinture se resserre

Chapitre 5 : Qui fera pire que l'échéance ?

- Vous ne buvez pas ? me demande l'infirmier. Il faut absolument que vous preniez du sucre après votre malaise. De plus, votre meilleur ami nous a dit que vous ne mangiez plus beaucoup.

Raaaaah, Malik tu aurais pu te taire ! C'est parce qu'il ne me voit pas beaucoup manger à midi c'est tout...

- Je fais simplement attention. Mais je ne boirai pas ceci désolée.

- Si vous le dites. Pourtant, ce n'est pas un sachet de sucre qui va vous faire prendre du poids mais simplement vous donner un peu d'énergie avant le repas de midi. Il rit doucement, c'est absolument sans aucun risque.

- Très bien.

Je n'aurais qu'à me faire vomir me dis-je. J'avale avec dégoût les derniers grains de sucre au fond du verre en carton. Je vais vomir maintenant en fait, la sensation est atroce !

Je tente un sourire.

- Merci Florian.

Il sourit à son tour mais sincèrement pour son cas. Il soulève la manche large de mon pull même si dans ma tête je me sens extrêmement anxieuse. Il enlève le verre sans faire aucun commentaire. Après avoir pris le temps de bien désinfecter ma plaie, il met un pansement par dessus.

- Vous avez quelques chose à vous mettre ? La manche de votre pull est pleine de sang.

- Oui, j'ai un haut en dessous ne- je me mords la lèvre, je suis conne ou quoi ?

Je tousse.

- Mais il est trop transparent. Ce n'est pas important, je vais rincer ma manche et la laisser sécher.

Il fronce les sourcils et prend une grande inspiration comme celle qu'on prend avant de parler d'un sujet délicat.

- Vos bras sont très minces, je l'ai remarqué tout à l'heure. Qu'est-ce que vous cachez sous ce pull large ? Je n'ai pas très confiance en votre régime. Je pense sans trop m'avancer que vous avez un trouble alimentaire. Même un verre de sucre vous fait peur. Vous savez vous pouvez me parler. Je peux vous écoutez et vous aidez si vous avez besoin. Déjà, vous allez voir un peu la psychologue du lycée pour que je sois rassuré car je commence à m'inquiéter. Je pense que...

Il s'arrête. Pourquoi ? Car je ris jaune.

- Moi ? Mince ? Vous rigolez j'espère ? Je suis énorme, avouez-le. C'est simplement parce que je ne mange plus que vous vous inquiétez. Mais vraiment, rassurez-vous, je ne risque rien. Je me nourris, je fais simplement attention car je ne veux pas passer au stade de l'obésité sévère.

Son visage s'attriste au fur et à mesure que je lui explique les raisons de ce « régime ».

- C'est tellement plus grave que ce que je pensais... Kylie, s'il vous plaît arrêtez de mentir, je sais que si vous vous voyez comme c'est que vous ne mangez plus rien. Cela qui explique votre malaise et votre refus de vous faire soigner.

Il est fou, et complètement débile. Je n'irais pas voir une psy parce que je suis grosse. Il ment comme il respire. Pourquoi dire que je suis mince si je vois parfaitement mes bourrelets dans le miroir ou en me penchant ? Je me lève et mets mon sac de cours sur mon épaule.

- Vous avez vraiment un problème ? Ah mais c'est ça... vous voulez juste me mater en sous-vêtements pervers. Je m'en vais.

Je sors par la porte du bureau pour aller jusqu'aux toilettes m'enfermer et sortir cette eau sucrée de mon corps. La douceur du glucose se fait remplacer par l'amertume et je grimace.