Je me réveille sur un brancard. J'ai un masque à oxygène plaqué sur le visage et je suis à l'arrière d'une ambulance. J'ai des électrodes sur le torse et une perfusion à chaque bras.
- Mademoiselle ? Vous nous entendez ?
Je hoche la tête avant de ressombrer. La noirceur s'enroule autour de moi et je lui ouvre les bras. Mais elle finit pas s'éloigner. Je tente de la saisir de mes doigts mais elle n'est plus que poussière.
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Aujourd'hui, le levé de soleil a un goût de sang et de culpabilité. À mon chevet, ma mère est assise. Mon petit frère est sur mes genoux au dessus du drap d'hôpital. Les médicaments que j'ai ingurgité avant-hier étaient très dangereux pour ma vie. Mélangés à l'alcool, le danger augmente. J'aurais pu mourir. Ma mère a fondu en larme en me voyant sur ce lit. Elle a d'abord été en colère puis profondément triste. Les médecins me gardent en observation et surtout en me pesant ils ont posé des questions sur la relation que j'avais avec mon corps et comment je gérais mes repas. J'ai été honnête, tout comme pendant l'interrogatoire sur le pourquoi de ma tentative de suicide. Après plusieurs repas non avalés, ils me soupçonnent d'avoir un trouble alimentaire. Ils m'ont mis sous sonde gastrique parce que je suis beaucoup trop maigre apparemment. Ma mère a assuré que je mangeais à la maison et j'ai finis par dire que je me faisait vomir. Je suis anorexique. Je suis malade, je suis dangereuse pour moi-même.
Apparemment, je ne me vois pas comment je suis réellement. C'est difficile à croire au début. Je vais être suivie par une clinique pour reprendre du poids. Pour le moment je reste à l'hôpital pour anorexie sévère, dépression et tentative de suicide. Émilie, Florent, Ben, Aurélie et Élise sont venu me voir - c'est le groupe d'amis de Ben. Malik forcément a accouru en premier et s'est excusé mille fois de n'avoir rien vu même si je lui ai expliqué que ce n'est la faute de personne et qu'il n'avait pas à s'excuser. Ils m'ont tous serrer dans leurs bras.
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Je me sens toujours seule. Je me sens toujours grosse. Je porte toujours un masque. Mais je veux me battre car je veux rester et montrer qui je suis, pourquoi j'suis là, pourquoi j'respire, pourquoi j'existe. La vie vaut la peine d'être vécue. Elle va être tumultueuse, mouvementée mais je l'aime comme elle est. J'ai voulu l'abandonner mais maintenant je sais, je sais qu'un jour tout redeviendra paisible. Ce sera différent mais en mieux. Et puis, être aimée n'est pas nécessaire pour se sentir exister. J'ai tendance à penser que j'existe grâce aux autres et j'ai finis par trouver la raison de mon existence dans les kilos que je perdais. Je comprends qu'en réalité je voulais juste prendre le moins de place possible car l'image que j'ai de moi est faussée. Il faut que j'apprenne à aimer qui je suis. J'ai trouvé des amis, j'ai surmonté mes peurs, j'ai échoué par moments mais j'ai appris à survivre. Maintenant, il temps pour moi d'apprendre à vivre. Qu'est-ce qui m'empêche de guérir et de voir se dessiner sur les lèvres de ma mère un sourire de fierté ?
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NDA : Merci d'avoir lu mon histoire, je vous fais à tous des énormes câlins de manière niaise. N'abandonnez pas et acceptez-vous tel que vous êtes même si nous savons que ce n'est jamais aussi facile. Courage et je vous aimes❤️❤️❤️❤️❤️❤️
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La ceinture se resserre
RandomJe ne sais pas comment j'arrive à regarder mon reflet sans pleurer. Même le bonheur détourne les yeux face à ce corps qui malheureusement m'appartient. Je crois que... maigrir serait la meilleure solution. _______ NDA: ⚠️ mention d'anorexie, de dép...