𝔸𝕞𝕟𝕖𝕤𝕚𝕖

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Cette nuit-là, ce n'est pas mon corps qui a été violé. C'est mon âme. Mon cœur. Mon esprit. Tout.

J'ai été forcé de faire ce que je ne voulais pas faire. J'ai été forcé de m'ouvrir entièrement alors que je ne voulais pas.

Mon corps portait toutes ces marques que je ne voulais qu'effacer. Ses bleus, sur mon visage, sur mes hanches, causés par ses doigts, ses taches violettes et rougeâtres sur mon cou et mes clavicules, causés par ses lèvres et ses dents, et cette putain de douleur au fond de moi.

Cette douleur qui m'a ensevelie lorsque cette personne en qui je témoignais une grande confiance avait abusé de moi.

Mon ami m'a demandé qui m'a mis dans cet état, non pas qui m'a violé, il ne s'en rendrait jamais compte, mais qui m'a battu au point de laisser mon bras dans une écharpe.

Je lui ai juste dit que j'étais ivre et que je m'étais battu avec une personne.

Il m'a cru.

J'avais envie de lui dire ce qui s'était passé dans cette chambre, avoir une épaule sur laquelle pleurer, mais il m'a cru. Et j'avais menti.

Lui dire maintenant la vérité, ça lui dirait que je suis un menteur.  Et je risque de le perdre à cause de ça.

Alors je me contente de retenir tout ce que je veux hurler. L'injustice de ce monde. Ce que nous, cruels humains, faisons sans réfléchir une seule seconde aux conséquences.

Je ravale mes larmes, mes pleurs, ma peine et ma douleur, et lève fièrement la tête.

Cette nuit-là, j'ai perdu foi en ma vie. J'ai perdu tout ce que pour quoi je continuais de me battre. Mon corps et mon âme ont été dépouillés, ouverts en grand aux yeux du monde.

Aujourd'hui, je me suis insurgé.

Je vais m'insurger.

Il n'a fait preuve d'aucune pitié quand je l'ai supplié de faire preuve d'humanité, je ne lui en témoignerait aucune aujourd'hui.

Que je passe pour un menteur, pour un rapporteur, pour ce qu'ils veulent, je m'en fous.

Je lui rendrais la pareille.




— Qu'est ce qui t'est arrivé ? On dirait que tu t'es fait écrasé contre un mur.

J'avais envie de vomir en attendant sa voix m'interpeller.

J'avais envie de le frapper, de lui donner la même allure que j'ai maintenant.

Mais je me contente de serrer les poings.

Sa main se posa sur mon épaule, et je dû me faire peine pour ne pas hurler.

Je me dégage brutalement de son toucher.

— Hé, t'as quoi ?

Toutes les choses que j'avais envie de lui faire, toutes les choses que j'avais envie de lui dire s'étaient radicalement effacées de mon cerveau quand je vis son regard perdu. Cet abominable regard qui me faisait rêver quelques jours auparavant et qui me donner envie de gerber là, me rappelant de leur lueur sauvage de cette nuit.

Je ne dis rien, me sentant soudainement tout chose.

Ma tête s'est m'y a tournait en même temps que tous les événements, tout ce qui s'était passé en cette soirée chez Riccardo me revenait.

Mes jambes tremblaient sous moi et je savais qu'elles allaient bientôt me lâcher.

— Ne t'approche pas de moi, fiche moi la paix et ne me parle plus jamais, finis-je par balbutier, mettant ma main qui n'était pas en écharpe devant moi, tentant de dresser une barrière entre nous.

𝙸𝚗 𝚝𝚑𝚎 𝚛𝚘𝚘𝚖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant